Résumé : Une erreur humaine conduit le train de marchandise 777 à être lancé à pleine vitesse sans aucun chauffeur. Se trouvant sur son passage, Frank Barnes et Will Colson, vont tenter l’impossible pour le stopper.
Relayé, par la presse, au wagon de queue de son frère Ridley, Tony Scott n’en était pas moins un graphiste identifiable et identifié dans le paysage Hollywoodien, même lorsqu’il fut chargé de réaliser un remake d’une série B des années 70, Les Pirates Du Métro 123. Bien que ce dernier n’ait pas marqué les esprits et guère affolé le box-office, le cinéaste, visiblement passionné par les réseaux férroviers, revient à la charge avec Unstoppable, qui sera malheureusement son dernier film. C’est sûr, le cinéma de Tony Scott, ça n’a jamais été la foire à la saucisse : monde au bord de la guerre nucléaire dans USS Alamama, assassinat politique dans Ennemi d’État, fillette enlevée par un gang mexicain dans Man On Fire. Ce seizième long métrage ne déroge pas à cette règle, couchant cette pointe de désillusion envers le système que le réalisateur a toujours plus ou moins cultivé dans ses précédentes productions. Des personnages, un jeune chef de train écarté de sa famille par une injonction du tribunal à la suite d’une dispute conjugale (une astuce narrative qui nous parait bien abusive) et un vieux conducteur dont la femme a été emporté par un cancer, ainsi qu’un cadre, celle d’une cité ouvrière en conflit avec les instances dirigeantes, dressent un portrait peu triomphant de la société américaine contemporaine. Dans ce contexte de crise, cette course au train fou prend une tournure sociale pour ces héros : reprendre le pouvoir afin de sauver ce qui reste de son monde. Cinéaste de l’héroïsme populaire, Tony Scott confie donc les rênes du spectacle à Denzel Washington, acteur dont la popularité n’a de cesse de croitre au fil des années. La sympathie qu’il génère en fait incontestablement le moteur du film, quand bien même ses partenaires, l’excellent Chris Pine, ainsi que la magnifique Rosario Dawson, se montrent tout aussi convaincant. Autre bonne nouvelle : Unstoppable bénéficie de l’appuie d’une excellente réalisation. Moins tape-à-l’oeil qu’à l’accoutumée, elle permet à l’intrigue, très simpliste et sans grand intérêt, de procurer du plaisir au spectateur, et au film d’éviter soigneusement les temps morts. Il devient alors fascinant de constater toute l’efficacité de la mise en scène du cinéaste qui, avec assez peu de chose, parvient à dégager de ses scènes un suspens particulièrement robuste. C’est d’ailleurs la juxtaposition de petits éléments en apparence anodins (la puissante bande-son d’Harry Gregson Williams, le travail autour de l’anthropomorphisme du train fou, la photographie vert de gris composé par Ben Seresin) qui font toute la différence. On reste donc scotché à notre siège devant ce qui reste un des plus solides divertissements vu ces dernières années. (4/5)
Unstoppable (États-Unis, 2010). Durée : 1h35. Réalisation : Tony Scott. Scénario : Mark Bomback. Image : Ben Seresin. Montage : Robert Duffy. Musique : Harry Gregson-Williams. Distribution : Denzel Washington (Frank Barnes), Chris Pine (Will Colson), Rosario Dawson (Connie Hooper), Kevin Dunn (Galvin), Kevin Corrigan (l’inspecteur de la FRA Werner).