Avec la sortie de l’insupportable mélo Dans l’Ombre de Mary, mieux vaut revenir sur les souvenirs du film enchanteur de Disney, Mary Poppins, qui ressort d’ailleurs en vidéo pour l’occasion.
A leur sortie à partir de 1934, les romans pour enfants de Pamela Lyndon Travers racontant les aventures fantaisistes d’une nurse nommée Mary Poppins, sont de véritables succès très vite repérés par Walt Disney qui souhaite alors en faire un film après. Cependant, l’auteure est très hostile à cette idée. Il faudra au père de Mickey insister très lourdement pendant deux décennies avant de que celle-ci ne cède avec de sévères conditions. Alors la préparation du film débute sous la garde de Travers, intransigeante (période racontée de manière très romancée dans dans l’Ombre de Mary donc), d’autant plus quand elle apprend au fur et à mesure que le film sera une comédie musicale puis qu’il y aura également des personnages en animation, choses dont elle a simplement horreur et qui pourraient bien trahir sa vision, d’autant plus que le casting ne lui semble pas idéal.
Cependant, Disney continue tout de même la production houleuse pour arriver au film que nous connaissons aujourd’hui. Il reprend donc l’essentiel de la trame des livres mais avec de nombreuses modification pour arriver à l’histoire simple mais touchante de la nurse Mary Poppins débarquant dans une famille aisée dont les enfants se sentent délaissés par leur père travaillant à la banque. Se déroulant à Londres, le film apporte tout de même une bonne dose de fantaisie et de poésie pour rendre l’univers et l’histoire moins sombre qu’elle ne l’est en réalité.
Car à travers cette histoire d’une femme qui embarque les enfants dans un univers magique, il est aussi fait état de parents qui délaissent leurs enfants et ne les voient pas grandir, au profit du capitalisme. D’une certaine manière on peut comprendre que cet aspect ait aussi pu intéresser Disney, à la fois éternel enfant et redoutable businessman.
Mais Mary Poppins sera surtout remarqué comme un véritable défi technique car ici, pendant toute une section centrale du film, les héros seront projetés dans un monde imaginaire dessinés et devront interagir avec des personnages en cartoon ! Un mélange inédit à cette hauteur qui sera réalisé de main de maître car l’illusion fonctionne encore parfaitement aujourd’hui avec tout le charme désuet qu’elle dégage. Un pari accompli donc et qui provoque l’enthousiasme. Un enthousiasme accru par les chansons que les frères Sherman ont composé et qui deviendront très vite cultes à l’instar du Morceau de sucre, Chim chim cheree ou Supercalifragilisticexpialidocious.
Il faut dire que Disney a réussi un rassemblé deux acteurs talentueux qui se sont révélés parfaitement complémentaires afin d’apporter une véritable âme au film. Ainsi, Julie Andrews, qui était alors connue pour la comédie musicale My Fair Lady (mais qui ne jouera pas dans le film qui sera produit au même moment et sera en compétition avec Mary Poppins aux Oscars), endosse le tablier de la gouvernante préférée des enfants, sévère mais juste, à la fois magique et malicieuse sans être ridicule, parfaite pour remettre les enfants et les parents dans le droit chemin, tandis que Dick Van Dyke sera lui l’ami ramoneur. Des acteurs qui n’étaient pas encore très connus (le casting devait au départ être plus prestigieux) mais qui sont depuis passés à la postérités pour ces rôles.
Avec Disney particulièrement impliqué à la production, le résultat est une véritable réussite à la fois technique mais aussi émotionnelle qui, malgré ses problèmes et désaccords avec l’auteure, ravira à la fois le public et les critiques. Mary Poppins est un succès qui ne se démentira jamais en vidéo dont dont les scènes d’animation ou de danse sur les toits resteront dans les mémoires.
Le film sera d’ailleurs nommé 13 fois aux Oscars et repartira avec 5 statuettes dont la meilleure musique, les meilleurs effets visuels et surtout meilleure actrice pour Julie Andrews qui continuera d’exploser avec la Mélodie du Bonheur puis s’amusera de son image d’éternelle Mary Poppins des années plus tard avec des films comme Princesse malgré elle ou Shrek 2. Mais toujours, elle chantera ce rassurant morceau de sucre dans nos oreilles.