300 : La Naissance d’un Empire [Critique]

Par Kevin Halgand @CineCinephile

"Le général grec Thémistocle tente de mobiliser toutes les forces de la Grèce pour mener une bataille qui changera à jamais le cours de la guerre. Il doit désormais affronter les redoutables Perses, emmenés par Xerxès, homme devenu dieu, et Artémise, à la tête de la marine perse…"

En 2006, Zack Snyder sortait sur nos écrans une adaptation cinématographique du roman graphique 300 signé Frank Miller. Ce dernier étant producteur exécutif et scénariste du film, il était donc normal de retrouver un film qui soit fidèle à la réplique prête au roman graphique orignal. Tout aussi sanglant, violent et macho que le roman graphique, le long-métrage réussissait le pari fou de mettre en place un péplum d’un genre nouveau sur grand écran. Après Spartacus, Gladiator ou Troie réalisé par Wolfgang Petersen même si celui-ci relève plus du film de guerre que du péplum, 300 arrivait comme un cheveu sur la soupe avec son esthétique grossière et son filtre visuel qui donnait l’impression d’implanter le spectateur à l’intérieur même d’un roman graphique presque interactif. Usant d’une mise en scène qui permettait de mettre en avant les muscles saillants des spartiates dans chaque plan entre deux ou trois gerbes de sang ainsi que d’une réalisation qui se servait avant tout de ralentis pour pouvoir prouver aux spectateurs qu’on était bien dans une série b grossière et extrêmement violente, Zack Snyder assumait le moindre plan de son film et arrivait tant bien que mal à le rendre extrêmement furieux et jouissif pour quiconque aime l’action. Véritable carton au box-office mondial, c’est sans surprise que le distributeur du film, alias Warner Bros a annoncé il y a un an, le lancement de la production d’une presque suite qui répondrait au nom 300 : Rise of an Empire.

Huit ans après la claque 300, les hommes aux muscles saillants sont de retour et comme prévu, ils ne sont pas contents. Toujours à la recherche de sang et de vengeance, les Grecs menés par le général Thémistocle souhaitent une seule chose : détruire les Perses et leur roi Xersès tout comme en son temps Leonidas roi de Spartes. Sauf que le "en son temps" n’a pas sa place ici puisque nous ne faisons pas face à une suite. 300 : La Naissance d’un Empire est un film qui se déroule avant, pendant et après la bataille de Thermopyles menée par Leonidas et ses 299 soldats. Ici nous allons suivre une tout autre armée de Grecs qui est cette fois menée par le général Thémistocle. Souhaitant utiliser ce film pour démontrer aux spectateurs l’ampleur de la guerre qui oppose les Grecs aux Perses en plus de la bataille d’égocentriques qui oppose Léonidas au roi Xersès, nous retrouvons cette fois encore Zack Snyder au poste de scénariste afin qu’il réussisse à créer un background assez détaillé, mais en cohérence avec le premier film. Cette cohérence passe par le retour de certains personnages comme le messager perse dont on découvre ici l’importance auprès des rois des Perses, mais également par le retour de la reine Gorgo et de Xersès. 300 : La Naissance d’un Empire embrasse totalement le côté surréaliste et grossier qui avait été déjà mis en place dans le roman graphique de Frank Miller. Ne suivant à aucun moment les légendes existantes sur l’histoire des Grecs, ce nouveau scénario part complètement en vrille et nous offre à la pelle des incohérences absolument outrancières pour toute personne qui s’intéresse à l’histoire.

La reine Gorgo prend les armes, la déesse Artémise est physiquement présente alors que dans la mythologie les dieux n’apparaissent jamais sous leur véritable forme physique et surtout la temporalité des batailles n’est pas respectée (la bataille des Thermopyles aurait eu lieu avant celle de Marathon et dans le film l’ordre est inversé). Incohérences et autres extrapolations sont présentes du début à la fin du film et si on cherche la petite bête il y en a dans chaque plan, mais qu’est-ce qu’on en a à faire d’un film dont le point principal est de nous offrir du bon divertissement. 300 se voulait être avant tout une véritable série b badass et hyper violente où l’esthétique visuelle rendrait hommage au roman graphique de Frank Miller et à son hyper violence. Ce nouveau film prend exactement le même chemin et respecte trait pour trait la charte du premier long-métrage. On reprend les mêmes et on recommence et tant pis si le scénario possède des incohérences vis-à-vis de la mythologie. Du simple point de vue du divertissement, 300 : La Naissance d’un Empire remplit son contrat haut la main grâce à un rythme soutenu du début à la fin, une narration qui tient la route afin que réside un fil conducteur pour les scènes d’action et visuellement c’est toujours superbe.

Les amateurs de 300 seront en terrain conquis puisque Noam Murro a réutilisé l’esthétique mise en place par Zack Snyder avec un filtre sombre – qui fait également office de cache-misère – qui met en avant les couleurs primaires que sont le rouge du sang, mais aussi le bleu de la mer, car cette fois l’action se déroule en grande partie en mer. Toujours dans l’optique de mettre en avant et d’extrapoler l’intelligence des Grecs qui sont en infériorité numérique face à des Perses idiots, mais nombreux, les batailles sont sur le même tempo que celles du premier film qui se déroulaient à terre, mais ça fonctionne. Visuellement impressionnant lorsque le filtre assombrit l’image, on se rend vite compte avec la multiplicité de plans larges que techniquement le film est à la ramasse concernant les grandes cités et autres arrières-plan qui sont ici complètement flous. Loin d’être impeccable sur le plan technique, c’est donc par sa réalisation que le film se voit sauvé in extremis. Pour ce film, Noam Murro a suivi la charte de Zack Snyder et nous a conçu un long-métrage qui offre un background au premier 300 avec de nouvelles batailles, des personnages moins charismatiques, mais qui n’en demeurent pas moins brutal et plaisants ainsi qu’une bande sonore qui est à l’image du film, à savoir bestiale, brutale et sanglante. C’est du divertissement et il faut le prendre pour ce qu’il est et non pas pour ce qu’il n’est pas ou ne souhaite pas être.

On fini avec cinq bannières utilisées durant la promotion :