George Clooney s’attaque à la Seconde Guerre Mondiale pour sauver l’art avec ses potes, les Monuments Men. Résultat : un petit film, un Inglourious Basterds adouci à la sauce Nespresso.
Il l’a prouvé à maintes reprises à travers ses actions et ses production, George Clooney est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste aussi talentueux qu’intelligent. Lorsqu’il décide de s’intéresser à épisode un peu oublié de la Seconde Guerre Mondiale, cela pique forcément notre curiosité. A travers Monuments Men, il s’intéresse donc à un groupe d’intellectuels dont la mission sera de retrouver les œuvres d’art dérobées par les nazis. Menant l’enquête et avançant sur le front en même temps que les soldats alors qu’ils n’ont pas eu l’expérience nécessaire au combat, il doivent faire vite avant qu’Hitler ne cherche à tout détruire en rencontrant la défaite.
Sur le papier, le film a tout pour être l’un des plus intéressants du genre, évoquant de nombreuses questions sur la guerre, sur le prix d’une œuvre d’art par rapport à la vie d’un homme, sur la culture face à l’horreur de la guerre … tout ce potentiel reste comme une toile de fond pendant tout le film. On perçoit dans ce Monuments Men toute la profondeur du sujet et du discours que voudrait déclamer Clooney.
Hélas, dès les premières images du film, il s’y prend assez mal. Sur un ton faussement léger avec une musique en complet décalage (rappelant plus les films de seconde guerre des années 50 qui la dédramatisaient sans arrêt) avec la thématique pus solennelle du sauvetage de l’art, un malaise s’installe et il perdurera pendant tout le film. Car Monuments Men se veut être un film assez léger, avec une ambiance plutôt décontractée … tellement décontractée qu’il arrive un moment où l’on se fiche complètement des enjeux de l’histoire et de tout ce qui se déroule à l’écran.
Ainsi, les comédiens (un magnifique casting avec Clooney, Matt Damon, Bill Murray, Cate Banchett, John Goodman et notre Jean Dujardin national) sont tous fort sympathiques mais ils ne dégagent pas grand chose de leurs personnages qui n’ont aucune profondeur. Si bien que lorsque certains laisseront leur vie pour l’art, c’est l’indifférence qui règne. Toujours le cul entre deux chaises, le réalisateur échoue à la fois quand il essaie d’être un peu comique pour détendre l’atmosphère inexistante et quand il tente de donner une profondeur dramatique au film. Il manque vraiment un parti pris sur le ton du film et également de l’énergie.
Fait de petites scènes qui ne servent pas à grand chose, Monuments Men enchaîne les clichés que l’on croyait avoir oublié depuis plus de 50 ans dans le cinéma de seconde guerre mondiale. Ici les américains sont les sauveurs de l’art et rien ne se met en travers de leur route … rien … même pas un petit soldat qui garderait les endroits où sont stockées les œuvres d’art volées. Ici, on entre partout comme dans un moulin, sans soucis et on en repart comme on y est entré, sans aucun suspense, sans aucune menace crédible qui pourrait apporter un minimum de tension.
La seule impression qui reste de Monuments Men, en dehors du déplorable dédain avec lequel le thème est traité, c’est que George Clooney a fait un film avec ses quelques potes entre deux publicités pour le café, comme ça, pour le plaisir. C’est assez gênant de voir ce qui pouvait être un grand film sur le papier devenir un tout petit film à l’écran, surtout entre les mains d’un réalisateur que l’on croyait plus intelligent.