Résumé : Alors que Sparte entame son bras de fer avec le dieu roi Xerxes, l’armée d’Athènes, dirigée par Thémistocle, tente de saborder la flotte Perse menée par Artémise.
Avec 300, Zack Snyder a ouvert grand les portes du péplum à l’esthétique du clip et de la pub, influençant par la même occasion la conception artistique d’une grande partie des films d’époque qui allaient lui succéder. Le cinéma historique entra dans l’ère du révisionnisme post-moderne : peu importe la vérité historique, ce qui compte, ce sont les moyens techniques déployés pour nous en faire une oeuvre de son temps. Ainsi, huit ans plus tard, le réalisateur/producteur/scénariste vend, clé en main, son bébé à un homologue publicitaire parfaitement inconnu, Noam Murro, qui endosse la responsabilité de tourner la séquelle/préquelle/spin-off aux guerres médiques. Du sang, de l’acier, de la sueur. Voilà les préceptes de cette conception spectaculariste du genre. Produit dans la confusion la plus générale, le scénario révèle, au grand jour, les tares de ce type spectacle. Désacralisation de la chronologie, les évènements ne sont désormais plus que de simples pièces manipulables et incapables de produire de la logique – l’intrigue brasse le passé, le présent et l’avenir avec un sens de l’embrouillaminis peu commun – alors même que la pompeuse voix-off force la causalité des évènements exposés. L’histoire est présenté comme un orobouros – la mort et la défaite accroit les rancoeurs et développe l’esprit de vengeance chez le vaincu qui fini, tôt ou tard, par repartir au front – une forme dramatique reprise ad-nauseaum tout au long du film aux travers des différents arcs narratifs qui le constitue. Parler de narration serait d’ailleurs faire trop d’honneur au travail fournit par les auteurs tant ils ne proposent qu’une simple succession de tableaux guerriers. Évidemment, Noam Murro ne se devait pas de nous pondre une oeuvre philosophique, mais il aurait dû au moins d’exiger des scribes un minimum de consistance dramaturgique afin d’obtenir de vrais personnages et non de simples marionnettes imberbes criant à qui veut l’entendre qu’ils se saignent pour la démocratie. "Mourir libre et ne pas vivre à genoux". Un slogan qui ose rapprocher les enjeux de notre actualité mais si ostentatoirement affiché pendant les 100 minutes que compte le métrage qu’il en devient aphone, déviant la simple guerre de territoire vers des considérations politiques et biens pensantes pas franchement cohérente (rappelons que ce brave Thémistocles était réputé pour ses inclinaisons tyranniques et son absence total de scrupule). Bien évidemment, avec une telle architecture, le film se prive de tension et de suspens. Le réalisateur essaie bien de planter un dilemme lors d’une scène de négociation lourdement présentée comme subversive. Mais cet art du viol politique, cette guerre du sexe portée à bout de bras par nos deux émissaires échoue a donner de la puissance à leur affrontement – malgré un généreux gros plan sur les atouts mammaires de la sculpturale Eva Green. Le plaisir se limitera alors à cette luxuriante photographie – malheureusement ternie par une conversion tridimensionnelle qui délave les saillies d’hémoglobine – à la musique envahissante mais convaincante de Junkie XL, et à l’ampleur démesuré de certaines batailles navales. Au final, sans être parfaitement antipathique, 300 – La Naissance d’Un Empire n’inspirera, chez les spectateurs novices en cette matière, qu’un ennui poli. (2/5)
300 – Rise Of An Empire (États-Unis, 2014). Durée : 1h42. Réalisation : Noam Murro. Scénario : Zack Snyder, Kurt Johnstad. Image : Simon Duggan. Montage : Wyatt Smith. Musique : Junkie XL. Distribution : Sullivan Stapelton (Thémistocle), Eva Green (Artémise), Hans Matheson (Aesyklos), Lena Headey (la reine Gorgo), Rodrigo Santoro (le roi Xerxes), Callan Mulvey (Scyllias), Jack O’Connell (Calisto).