Her [Critique]

Par Kevin Halgand @CineCinephile

"Los Angeles, dans un futur proche. Theodore Twombly, un homme sensible au caractère complexe, est inconsolable suite à une rupture difficile. Il fait alors l’acquisition d’un programme informatique ultramoderne, capable de s’adapter à la personnalité de chaque utilisateur. En lançant le système, il fait la connaissance de ‘Samantha’, une voix féminine intelligente, intuitive et étonnamment drôle. Les besoins et les désirs de Samantha grandissent et évoluent, tout comme ceux de Theodore, et peu à peu, ils tombent amoureux…"

Homme à la carrière logique, comme beaucoup de ce collègues metteurs en scènes, Spike Jonze a démarré sa carrière par la réalisation de clips musicaux pour des artistes de touts bords tels que Les Beasties Boys, R.E.M, Björk, Puff Daddy ou encore les Daft Punk. En parralèle à ça, Spike Jonze a réalisé une dizaine de court-métrages, mais également une dizaines de moyen-métrage. Véritable homme à tout faire, il fût également producteur des films Jackass et acteurs dans une petite dizaine de films comme Les Rois du Désert de David O. Russell ou encore Hannibal signé Ridley Scott. Même si vous ne le connaissiez pas, il faut savoir qu’il a forcément travaillé avec quelqu’un ou sur un projet dont vous avez connaissance. Amateur de la pop-culture, la carrière de Spike Jonze baigne dans ce registre et ce n’est pas avec surprise que nous le retrouvons aujourd’hui aux commandes d’un film atypique, mais intemporel, car bercé par la volonté de toucher chacun au plus profond de soit-même.

Her nous conte l’histoire d’un homme dont la vie amoureuse fût brisée en plein vol par une demande en divorce soudaine et inexplicable. Theodore Twombly ne comprends pas ce qui lui arrive et désespère à l’idée de devoir sans cesse se remettre en question. Il se demande comment il est possible de se relever après avoir reçu un tel coup de poignard. Affecté au plus profond de lui-même, est-ce que la flamme qui brulait en son fort intérieur peut se raviver malgré cette bourrasque de vent qui l’a fait s’éteindre ? Pouvant être grossièrement décrit comme une simple histoire d’amour, Spike Jonze ose et va plus loin en nous offrant une véritable leçon sur l’amour tout en nous permettant de nous poser la question existentielle : qu’est-ce que l’amour ? En nous projetant dans un monde futuriste où les OS sont capable de prendre vie et de vous suivre nuit et jour, Spike Jonze développe plusieurs thématiques centralisé sur le thème de l’amour. Alors que le numérique est omniprésent dans nos vies, Spike Jonze se demande si une intelligence artificielle peut combler un homme et le rendre heureux. Même si cette intelligence artificielle à la voix de Scarlett Johansson, le plus important réside dans le fait de savoir si cette intelligence artificielle a elle-même conscience de ce qu’elle est et du bonheur ou du mal qu’elle peut procuré à un humain. Sans dérivé de sa thématique de base grâce à des fondations solides qui résident dans l’écriture des personnages principaux comme secondaires, Spike Jonze va très loin dans sa réflexion sur l’amour en allant jusqu’à sa finalité. A aucun moment il ne va tirer des conclusions hâtives sur les questions qu’il se permet de poser aux spectateurs. Il va prendre le temps de nous dévoiler dans le moindre détails ses propres réponses afin que par la suite nous pussions apporter notre pierre à l’édifice.

Outre les thématiques utilisées par le scénario, il nous reste un personnage principal très important interprété par Joaquin Phoenix. Celui-ci permet à chacun de pouvoir s’identifier afin de se projeter dans ce monde lumineux où l’amour est omniprésent, mais dans lequel on passe à coté sans le voir. Enfermé dans sa bulle à cause de sa déception sentimentale, Theodore Twombly passe a côté de la vie qui s’offre à lui. Il est vidé de tout espoir et le spectateur le ressent grâce à la remarquable écriture de Spike Jonze, mais également grâce à la réalisation – une majorité de plans fixes et serrés sur le personnage principal afin de faire passé un maximum d’émotions -, la mise en scène – minimaliste, mais toujours dans la volonté de faire passé une émotion et de mettre en avant les personnages comme les décors -, la bande-sonore – qui repose sur des mélodies jouées au piano, qui sont à la fois percutantes et bouleversantes – et la magistrale interprétation de Joaquin Phoenix.

Film contemplatif à la photographie magnifique qui joue en permanence avec la lumière, qu’elle soit naturelle ou artificielle, et où le spectateur se laisse bercé au grès du vent par les mouvements du personnage principal, Her est sublimé par l’impressionnante interprétation de Joaquin Phoenix. Acteur remarquable pouvant passé en une fraction de seconde du pote qu’on aimerait tous avoir à un homme détestable, il est encore une fois phénoménal dans ce film. Il porte le poids du monde sur ses frêles épaules. On ressent ce poids et il nous affecte également. Touchant et ne surjouant à aucun moment, il ne fait pas ressentir de la pitié au spectateur, mais une empathie qui se transformera en amitié sincère qui ira jusqu’à nous bouleverser à certains moments. Pouvant à sa guise provoquer le rire comme les larmes, c’est un acteur remarquable qui fait vivre un scénario sensible écrit avec le cœur et dont la volonté première est de toucher les spectateurs. Un chef d’œuvre, un bijou, un film qui marquera à coup sûr 2014 et plus encore on l’espère !