Retour dans le Chicago des années 30 pour lutter contre la corruption d’Al Capone avec Brian De Palma et les Incorruptibles. C’est culte !
Malgré le succès de Scarface, les films suivants de Brian de Palma (Body Double et surtout Mafia Salad) sont des échecs publics. Afin de financer les films qu’il souhaite faire, il se voit alors contraint d’accepter un projet de studio. En épluchant les propositions, il tombe sur le scénario des Incorruptibles écrit par David Mamet, déjà auteur du Verdict avec Paul Newman. L’histoire reprend la trame de la série télévisée qui dura 4 saisons au tout début des années 60, mais aussi et surtout les mémoires d’Eliot Ness. Le flic y décrivait comment il avait lutté avec un petit groupe, contre la corruption répandue par la mafia d’Al Capone dans le Chicago des années 30 alors que régnait la prohibition.
A la vue du scénario, De Palma voit alors l’occasion de réaliser un grand film de mafia historique avec un budget confortable. Le projet est ambitieux et motive le réalisateur qui regroupe un casting mélangeant valeurs sûres (Sean Connery et Robert De Niro dont la participation a fait augmenter le budget à la dernière minute) et de jeunes talents qui allaient vite se confirmer dans les années 90 (Kevin Costner et Andy Garcia).
Évidemment, sur les gangsters, tout a été plus ou moins déjà fait et il est difficile de renouveler un genre qui ne retrouve plus sa place au cinéma alors qu’il représente tout de même tout un pan de l’histoire des Etats-Unis. Mais Brian De Palma, sans le révolutionner, va complètement se le réapproprier pour nous offrir l’un des meilleurs films du genre, l’un des plus mémorables. Ainsi, il offre aux Incorruptibles une dimension épique, notamment grâce à la musique d’Ennio Morricone mais aussi lors de la séquence de l’attaque du pont à cheval.
Mais De Palma apporte également son savoir faire à de nombreux instants, que ce soit par le cadrage précis et régulièrement en plongée ou contre-plongée, mais aussi à travers la vue subjective de l’attaque de Malone chez lui, l’usage de la steady-cam précédent le meurtre de l’ascenseur (celui-ci renvoyant d’ailleurs au meurtre de Pulsions) ou encore l’attente insupportable et le formidable ralenti dans la séquence de la gare. Autant d’instants qui deviendront bien vite cultes voire parodiés.
Mais toutes cette technique et ces séquences ne sont jamais là au détriment des personnages. En effet, De Palma aime détailler ses personnages et chacun aura une personnalité bien affirmée, que ce soit le leader naissant incarné par Kevin Costner qui va apprendre qu’il doit dépasser la loi pour arrêter son ennemi, le comique attachant de Charles Martin Smith, la hargne d’Andy Garcia ou l’expérience paternelle protectrice de Sean Connery (à juste titre récompensé aux oscars pour son rôle de Malone). Mais c’est évidemment Robert De Niro qui va marquer les esprits dans le rôle cinglé d’Al Capone. L’acteur s’est investi en prenant du poids, se rasant les cheveux et s’immergeant dans la vie du gangster nabab de Chicago pour en sortir un personnage charismatique (malgré le peu de scènes où il est présent) et imprévisible.
Rassemblant les clichés du film de gangsters, se les réappropriant dans un film aussi épique que baroque, n’hésitant jamais à exagérer les séquences et les personnages pour les rendre mémorables, Brian de Palma fait alors des Incorruptibles un film de mafia de premier choix et le public comme les critiques ne s’y trompent pas. Ce succès permettra alors au réalisateur de réaliser quelques films plus personnels au début des années 90.