Critique : Blood (2014)

Blood 1

Résumé : Le meurtre d’une jeune étudiante conduit rapidement les inspecteurs Joe et Chrissie Fairburn vers un suspect, notoirement connu pour exhibitionisme devant des jeunes filles. Un soir, au cours d’un interrogatoire improvisé dans le but de lui soutirer des aveux complets, Paul tue le présumé coupable.

Avec Blood, Nick Murphy signe son second long métrage, trois ans après La Maison Des Ombres, thriller fantastique avec Rebecca Hall et Dominic West. Déjà dans cet honnête film d’épouvante, le jeune réalisateur explorait les liens du passé en confrontant ses personnages à un lourd héritage familial étouffé dans leurs inconscients. Beaucoup plus cartésien, ce nouveau polar ne fait pas moins montre de cette même sensibilité pour conduire son intrigue, qui prend sa source dans le meurtre d’une jeune étudiante. Rapidement, l’enquête, supervisée par les frères Fairburn, va les mener vers un suspect, un employé de la paroisse qui traine, derrière lui, un casier de délinquant sexuel. Pour obtenir ses aveux, les deux inspecteurs vont reproduire le rite de leur père, une ancienne pointure de la police locale, en embarquant ce suspect vers les iles de Hilbre Island, une plage marécageuse battue par les vents et marrées, un cimetière iodée où sont ensevelis les terribles secrets et les espoirs déçus. En état d’ébriété, et parcouru d’une rage indicible, produit de la désarmante dégénérescence cérébrale qui ronge la mémoire et la gratitude de leur père et des propos absurdes tenus par le suspect, l’aîné des inspecteurs va finalement exécuter celui qu’ils pensaient coupable. S’ensuit alors une invitation à partager les remords et la culpabilité de ces deux policiers, servit ici par une mise en place de mécanismes académiques – rappelant à notre bon souvenir l’excellent Insomnia de Christopher Nolan – mais toujours efficaces. Ainsi, comme ce fut précédemment le cas avec son premier essai, Nick Murphy ne s’écarte pas des codes visuels et narratifs du cinéma de genre, laissant au spectateur le soin de faire parler son expérience afin de mieux deviner l’issue du drame qui se joue sous ses yeux. Photographie grisâtre, musique sibylline. Blood est donc dépourvu de surprises formelles, mais c’est néanmoins avec beaucoup de soin et d’application qu’il plante ces repères dans la vase sablonneuse de ce bassin reculé d’Angleterre, instruit par cette obsession du deuil (la figure du père dément, confondant le passé et le présent, pivot central du portrait et de l’évolution psychologique des deux inspecteurs) et de la rédemption qui font toute la particularité de la courte mais déjà très intéressante filmographie de ce nouveau cinéaste. Également solide directeur d’acteur, Murphy guide formidablement ses comédiens à travers leurs personnages. Paul Bettany emporte ainsi largement le morceau dans une performance qui fut, sans doute, très épuisante, tout en laissant son partenaire, le discret mais émouvant Stephen Graham, marquer de son empreinte cette brave pellicule qui aurait mérité bien plus qu’une discrète sortie dans le copieux catalogue des "direct to video". (3/5)

Blood 2

Blood (Grande Bretagne, 2013). Durée : 1h36. Réalisation : Nick Murphy. Image : George Richmond. Montage : Victoria Boydell. Musique : Daniel Pemberton. Distribution : Paul Bettany (Joe Fairburn), Stephen Graham (Chrissie Fairburn), Mark Strong (Robert Seymour), Brian Cox (Lenny Fairburn), Ben Crompton (Jason Buleigh).