De Toutes nos Forces [Critique]

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"Comme tous les adolescents, Julien rêve d’aventures et de sensations fortes. Mais lorsqu’on vit dans un fauteuil roulant, ces rêves-là sont difficilement réalisables. Pour y parvenir, il met au défi son père de concourir avec lui au triathlon « Ironman » de Nice: une des épreuves sportives les plus difficiles qui soit. Autour d’eux, c’est toute une famille qui va se reconstruire pour tenter d’aller au bout de cet incroyable exploit."

Fils de l’excellent Bertrand Tavernier, Nils Tavernier compte bien prendre la relève afin de faire pérenniser leur nom dans le temps. Après avoir réalisé des documentaires et autres téléfilms, Nils Tavernier revient pour la seconde fois sur grand écran avec un drame familiale qui a pour seul but d’offrir une belle histoire au public français. Scénario qui trainait dans les tiroirs depuis maintenant plusieurs années, Nils Tavernier fût touché par le propos et décida de sa lancer dans la mise en chantier de cette histoire d’amour entre un fils et son père ayant du mal à lui prouvé son amour parental, mais surtout à ce prouvé lui-même qu’il tient à son fils malgré son handicape. Traité du handicape dans un drame familial n’est jamais chose facile, car on peu aisément tombé dans le tire larme et extraire toute émotion du film. Là où le scénario du film De Toutes nos Forces aurait pu s’apitoyer sur le sort de Julien et sur son handicape, il n’en fait rien et ne se sert à aucun moment de manière émotionnelle de ce handicape. Julien est un personnage comme un autre et non pas un handicapé que l’on doit regarder comme une personne inférieur à autrui. Doté d’une écriture intelligente concernant les personnages principaux, De Toutes nos Forces possède des personnages qui ne sont autres que le reflet d’une famille normale dans laquelle l’un des enfants possède un handicape.

C’est une famille normale dans laquelle le père n’arrive pas à vivre correctement à cause de sa propre vision du handicap en règle générale. Véritable sportif depuis son plus jeune age, Paul Amblard a participé aux plus grands marathons existants et à même tenté l’aventure Ironman lorsqu’il était au meilleur de sa forme. Souhaitant plus que tout avoir un fils auquel il aurait pu transmettre sa passion pour le sport, Paul fût déçu de voir son fils incapable de marcher alors que les enfants des autres étaient déjà debout. Ce que souhaite avant tout un père, est d’avoir un enfant à son image, un enfant auquel il puisse s’identifier afin de partager de bons moments avec lui. Ne pouvant pas identifier à son fils handicapé, Paul s’est replié sur lui-même et n’a jamais réellement montré à son fils tout l’amour qu’il possède à son égard. C’est grâce aux envies de liberté et à la volonté sans limites de son fils, qu’une occasion va s’offrir à Paul afin qu’il puisse s’ouvrir à son fils. Cette occasion n’est autre que le Ironman, mais encore faut-il qu’ils puissent y participer. Véritable leçon de courage et d’amour, ce film est très intéressant, car il ne traite pas du handicap, mais va permettre à beaucoup de gens d’évoluer face à une personne handicapée. Pouvant s’identifier au personnage du père, le spectateur va apprendre à connaître Julien, mais il va surtout découvrir une personne intelligente, drôle et dotée d’un courage hors norme. Dépassant le seuil de la simple fiction, De Toute nos Forces est un film au propos universel, qui saura toucher beaucoup de monde grâce à sa sensibilité et à son traitement des personnages.

Évidemment, De Toutes nos Forces n’est pas un film qui va vous scotcher à votre fauteuil grâce à ses nombreux rebondissements. Évidement qu’on connaît la fin sans même être allé en salle, mais au combien on s’en moque. Le film ne s’en cache pas et affiche même cette fin – ou presque – sur son affiche où on voit le père et le fils réunis et dévoilant de larges sourires. Ce n’est pas le résultat final qui compte ici, mais c’est le traitement des personnages et l’attachement du spectateur à leurs égards. On croît à cette famille et à leur histoire qui pourrait être celle d’une famille que nous connaissons. Excellant dans son écriture, Nils Tavernier dispose également d’un joli petit talent en temps que réalisateur. Alors que sa mise en scène est bancale à certains moments, on lui reconnaîtra une belle utilisation des environnements ainsi que des acteurs. Ne jouant pas sur les gros plans puisque le but n’est pas de créer une émotion à partir d’un simple plan, il se permet de faire cohabiter plans américains, plans de demi-ensemble et plans d’ensemble afin de mettre en évidence les superbes décors ainsi que les acteurs qui extériorisent au mieux leurs sentiments. Absolument géniaux, rarement Alexandra Lamy n’aura été aussi convaincante malgré un rôle stéréotypé, mais logique dans la protection de son enfant et Jacques Gamblin autant dans la retenue. On retiendra également les très belles prestations de Fabien Héraud et Sophie de Fürst. Nils Tavernier nous surprend et nous émeut avec un film doté d’une écriture intelligente qui ne se sert pas du handicape, mais nous permet d’ouvrir les yeux sur des personnes qui sont des humains comme tant d’autres.

 4/5

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