Résumé : Au Pays de Galles, Daisy abandonne peu à peu ses règles de vie et découvre l’amour au contact d’un de ses cousins, alors qu’éclate un conflit mondial.
On pourrait très bien s’en tenir au synopsis, et ne pas franchir le pas de la salle. Sauf qu’il y a le nom de Kevin Macdonald inscrit au bas de l’affiche. Brillant documentariste et cinéaste talentueux (La Mort Suspendue, Le Dernier Roi d’Écosse et Jeux De Pouvoir, trois excellents efforts cinématographiques), Macdonald possède ce petit plus qui font de ses œuvres, même mineures, des productions dignes d’intérêt. Difficile alors pour le cinéphile de renier une proposition potentiellement riche en émotion, même si, au regard de son sujet, risque de se montrer chiche en matière grise. How I Live Now nous propose ainsi de vivre les derniers instants de paix d’une ado en rébellion contre elle-même et le monde qui l’entoure. Par quelques astuces de montage sonore (jeu extra/intradiégétique avec la chanson d’ouverture, développement des monologues intérieurs), nous voilà installé dans le cerveau en crise d’Elizabeth, aka Daisy, une jeune fille de son temps, crispante et habillée comme un as de pique. On découvre aussi son hygiène de vie, pilotée par des contraintes dont elle est l’initiatrice et qui ne la conduit nul part, si ce n’est vers la construction d’une identité absconse et un isolement social étouffant. Un enfermement que va venir rompre son séjour chez ses cousins gallois, et plus précisément sa rencontre avec Eddie, l’ainée de la fratrie. Les poncifs qui prévalent dans ce type de situation narrative se mettent alors rapidement en place, mais s’efface peu à peu devant la justesse des images et des analogies, la sincérité des sentiments mis en scène, et le charme évident des deux jeunes interprètes. Parmi eux, l’étonnante Saoirse Ronan fait murir de façon agréable son personnage au fil des épreuves traversés par cette héroïne, pourtant très agaçante au départ. Car, comme annoncé par le résumé, cette apparente sérénité est soufflé lorsqu’éclate la tension militaire qui, insidieusement, rampait en arrière-plan de cette romance. Brutalement, le film vire de bord pour prendre la forme d’un survival apocalyptique à travers lequel le réalisateur déroule une série d’images qui n’ont de "choc" que le nom. Quand bien même tout semble avoir été dit et montré sur le sujet, les studios anglo-saxon continuent à produire ce genre de script, au prix finalement d’une originalité que l’on croise désormais de plus en plus rarement au cinéma. Le spectateur nourrit au récit catastrophe ne sera donc guère stupéfait et transporté par la vision proposé par Macdonald, mais le sera davantage par les magnifiques paysages, les collines verdoyantes et les littoraux rocailleux qu’offre le Pays de Galles. Véritablement poétique dans le traitement qu’il réserve à l’expression et la reconstruction de la passion amoureuse, How I Live Now pâtit malheureusement d’une seconde partie qui manque de surprise, ainsi que de quelques facilités (l’expulsion manu militari de la grange, particulièrement hors de propos) et lourdeurs qui rendent l’expérience vécue moins intense qu’elle aurait du l’être. (3/5)
How I Live Now (Grande Bretagne, 2013). Durée : 1h46. Réalisation : Kevin Macdonald. Scénario : Jeremy Brock, Tony Grisoni, Penelope Skinner. Image : Franz Lustig. Montage : Jinx Godfrey. Musique : Jon Hopkins. Distribution : Saoirse Ronan (Daisy/Elizabeth), George MacKay (Eddie), Tom Holland (Isaac), Harley Bird (Piper), Danny McEvoy (Joe), Anna Chancellor (Tante Penn).