Critique : Captain America – Le Soldat De l’Hiver (2014)

Par Nicolas Szafranski @PoingCritique

Résumé : À la suite d’une mission de sauvetage sur un navire du Shield, Captain America découvre des données sensibles sur le mystérieux projet Insight développé par Nick Fury.

Lancé à pleine vitesse, il semble désormais impossible d’arrêter le train de la Marvel. Après la bonne surprise que fut Thor 2 en novembre dernier, et avant l’arrivée prochaine de X-Men Days Of Future Past et Les Gardiens De La Galaxie, voici venir le second volet des aventures du Captain America, affrontant, cette fois, un vieux camarade en la personne du Soldat de l’Hiver. C’est du moins le programme que nous annonce le titre. Simple bras armé sans grand intérêt, ce bad-guy n’est finalement que le dernier maillon d’une vaste chaine d’ennemis bien plus redoutables et inquiétants encore que ce mercenaire aux cheveux gras, impliquant, en outre, le sacro-saint Shield. Captain America – Le Soldat De l’Hiver est ainsi davantage un thriller politique qui prend sa source dans sombre projet que le borgne Nick Fury croyait tenir à l’abri des tentacules des hydra-fanatiques. Ayant patiemment infiltré les hautes sphères politiques et militaires, ces nazillards, susurrant leur appartenance au parti dans le creux de leurs oreilles, sont aujourd’hui prêts à étendre l’idéologie de feu Le Crâne Rouge avec la force de frappe nécessaire à la réussite de leur entreprise de domination. "The enemy is everywere". Le scénario insiste ainsi sur ce contexte de suspicion et de neo-guerre froide dans lequel est plongé ce second opus en convoquant à la fois les grandes figures de l’espionnage et en rallumant le brasier des théories complotistes d’hier et d’aujourd’hui. Captain America se méfiera ainsi de tout le monde, mais surtout des morts qu’il a laissé derrière lui, renaissant de leurs cendres sous la forme d’un super soldat bionique (Buck Barnes) ou d’un système d’exploitation hyper intelligent (Arnim Zola). Un climat de suspicion - sans aucun doute le plus angoissant que nous ait donné à voir la franchise Avengers – supporté par une nouvelle partition certes moins orchestrale que la précédente mais qui, au cœur même du film, participe efficacement à la construction de cette environnement. Bien plus sombre que le précèdent volet, cette séquelle accueille donc forcément beaucoup moins favorablement l’humour, qui se résume ainsi à une courte poignée de répliques plutôt ternes sur le plan comique, mais n’entame en rien l’affabilité d’un Chris Evans toujours aussi à l’aise dans son costume de défenseur du monde libre, épaulé pour l’occasion d’un nouveau suppléant ailé incarné par le définitivement sympathique Anthony Mackie. On se félicitera également de l’arrivée de Robert Redford dans le giron de la Marvel. Peu familier des films à grands spectacles, l’acteur trouve ici un rôle intéressant qui lui offre la possibilité de dévoiler une autre facette beaucoup moins connu de son répertoire au grand public. Spectaculaire sans jamais sombrer dans la surenchère, avec ce qu’il faut d’intelligence et de roublardise pour rendre le programme attachant, ce Captain America soigneusement emballé par les Frères Russo succède ainsi de façon honorable au pourtant déjà solide premier volet. Une belle performance qui augure du meilleur pour l’avenir de ce super-héros. (3.5/5)

Captain America – The Winter Soldier (États-Unis, 2014). Durée : 2h08. Réalisation : Anthony Russo, Joe Russo. Scénario : Christopher Markus, Stephen McFeely. Image : Trent Opaloch. Montage : Jeffrey Ford. Musique : Henry Jackman. Distribution : Chris Evans (Steve Rodgers/Captain America), Scarlett Johansson (Natasha Romanoff/La Veuve Noire), Sebastian Stan (Buck Barnes/Le Soldat De l’Hiver), Robert Redford (Alexander Pierce), Samuel L. Jackson (Nick Fury), Anthony Mackie (Sam Wilson/Le Faucon).