47 Ronin [Critique]

Par Kevin Halgand @CineCinephile

"Un perfide seigneur de guerre ayant tué leur maître et banni leur tribu, 47 samouraïs errants jurent de se venger et de restaurer l’honneur de leurs compatriotes. Arrachés à leurs foyers et perdus aux quatre coins des terres connues, cette poignée de rebelles se voit contrainte de recourir à l’aide de Kai – un demi sang qu’ils avaient jadis renié – lors de leur combat à travers un univers violent, peuplé de monstres mythologiques, de métamorphoses maléfiques et d’effroyables dangers. Cet exil sera l’occasion pour cet esclave rejeté de se révéler leur arme la plus redoutable, et de devenir la figure héroïque qui donnera à cette troupe d’insoumis l’énergie de marquer à jamais l’éternité."

Film dont le tournage a débuté à la fin 2010, 47 Ronin sort seulement le 2 avril 2014 dans nos salles pour de multiples raisons. Premièrement, le tournage de ce film fut tout bonnement catastrophique à cause d’une accumulation de problèmes, qui ont fait exploser le budget (finalement fixé à 175 millions de dollars et encore c’est qu’une estimation…) et ont contraint les producteurs à repousser la date de sortie initiale à deux reprises. Attendu au départ pour la fin 2012, la date de sortie du film fût décalée une première fois à la fin 2013. Date respectée pour les pays étrangers comme le Japon et les États-Unis, contrairement à l’Europe qui dû faire face à un nouveau décalage de 5 mois de la date de sortie. Énorme opportunité offert à Keanu Reeves, afin que ce dernier s’offre une nouvelle carrière dans le pays qui lui permis de s’ouvrir au monde en 1998, 47 Ronin sera seulement un nouveau flop à son compteur puisque celui-ci c’est avéré être une catastrophe en terme de rentabilité. À peine 40 millions de dollars de recettes dans le monde, pour un budget de 175 millions, ce sont les producteurs qui doivent faire une sale tête. Comme on dit souvent : "vaut mieux ne pas se fier aux chiffres du box-office, ni même aux critiques – dixit celui qui en écrit chaque jour – pour se faire un avis définitif et personnel sur un film" et il est parfois bon d’appliquer cette affirmation.

Malgré ses problèmes de production, son problème de budget et autres, 47 Ronin est un divertissement tout ce qu’il y a de plus plaisant de de plus divertissant. Avec son équipe technique et ses producteurs provenant en grande partie de pays occidentaux, difficile de dire que 47 Ronin est un film Japonnais. Les seules choses qui rapproche ce film du Japon, ce sont son casting, ses cascadeurs ainsi que son histoire qui est une réécriture occidentale et "moderne" des légendaires 47 Ronin. Étudiée dans les livres d’histoires japonais, l’histoire des 47 Ronin n’est pas si anecdotique que cela puisque beaucoup de films s’en sont inspirés. Condamné au Seppuku (suicide "spirituel"), le maitre laisse derrière lui un ou plusieurs samouraïs qui deviennent donc des Ronin, des samouraïs qui ne doivent plus être appelé comme tels. Rebut de leur société, les ronins n’ont pas le droit de venger leur père spirituel sous peine de connaître le même sort. C’est donc sans peur et poussée par l’envie d’honorer leur maître que 47 ronin décident de venger leur maître par le sang. Véritable adaptation de cette légendaire histoire japonaise, 47 Ronin est en réalité une adaptation américaine de celle-ci puisque les scénaristes n’y sont pas allés de main morte en ajoutant leur grain de sel. Pouvant être décrit comme un fourre-tout, 47 Ronin est un divertissement qui s’inspire de l’histoire des 47 ronin tout en incrémentant celle-ci d’éléments mythologiques issus également de la culture japonaise. Nous retrouvons donc la thématique du demi-sang – homme issu d’une autre culture, qui n’est pas japonais de naissance, mais qui va s’imposer et y trouver une nouvelle famille – ainsi que des créatures mythologiques comme la fameuse sorcière, présente ici pour permettre à un seigneur de guerre de conquérir des terres qui ne sont pas encore siennes.

D’un point de vue scénaristique, il ne faut pas chercher à trouver des connotations dans la présence de certaines créatures, puisqu’il n’y en a pas. Le scénario ne possède aucun intérêt à être décrypté. Tout ce qu’il met en place est prévisible et sans grande surprise, mais ce qu’il fait, est bien fait. Loin du scénario brut de décoffrage souhaitant offrir scène d’action sur scène d’action dans le seul but de divertir, 47 Ronin prend le parti du contemplatif afin de présenter l’histoire de ces samouraïs déchus aux spectateurs. Le scénario prend son temps et les scènes d’actions sont importantes au développement des personnages. Logique dans son déroulement, 47 Ronin est un film qui se laisse regarder grâce à une possibilité d’immersion qui est offerte au spectateur grâce au scénario. Nouveau ronin parmi les siens, le spectateur prend parti à l’histoire dans l’optique d’accompagner cette petite armée jusqu’au bout. Rien n’est exceptionnel, mais ce qui est entrepris est bon, tout simplement. C’est efficace, sans être surprenant. Dans l’optique d’offrir une belle histoire divertissante, on comprend donc l’incrémentation de créatures mythologiques qui permettent au film de posséder de mettre en place de belles scènes d’actions et de conserver un rythme qui ne faiblira pas jusqu’à la dernière image. Visuellement propre, malgré des effets spéciaux qui peuvent paraître pauvres à cause d’un parti pris lorgnant vers le surréalisme, toujours dans le but de divertir, le film s’en sort bien sans pour autant avoir les honneurs. 47 Ronin est un film qui ne plaira pas à tous, comme tout film existant, mais il en reste un film qui vous fera passé un bon moment. Rien d’exceptionnel à l’horizon, mais tout ce qu’il entreprend est bien fait, sans pour autant nous épater. Mention spéciale à Rinko Kikuchi, qui après Pacific Rim nous prouve bien qu’elle a sa place sur nos écrans et pourquoi pas en tête d’affiche. Ni mauvais, ni éblouissant, juste un divertissement plaisant.