Divergente – critique

Par Fredp @FredMyscreens

Divergente, c’est reparti un pour une adaptation de livre « young adult»  ridicule et sans intérêt, entre sieste et fou rire nerveux.

Twilight, Hunger Games, Sublimes Créatures, les Âmes Vagabondes, Vampire Academy, Mortal Instruments, Percy Jackson, … depuis le succès (mérité) d’Harry Potter on n’arrête plus la vague d’adaptations de bouquins estampillés « young adults»  en pensant à chaque fois faire mouche. Et des fois le produit formaté amasse les foules quand nombre d’entre eux se vautrent dans les abimes du box office pour ne plus jamais en entendre parler. Mais dans presque tous les cas, on ne peut pas dire qu’on ait affaire à de grands films mémorables tant leur message délivré par des réalisateurs sans passion sont sans grand intérêt et d’une rare niaiserie. Rares sont ceux qui auront un semblant de sincérité (Warm Bodies) ou un acteur dégageant un minimum de charisme (Jennifer Lawrence).

Voici donc aujourd’hui le nouveau « phénomène»  qu’il ne faudrait pas louper : Divergente. L’histoire d’une ado qui va chercher sa place et mener une révolution dans un futur dystopique écrite par une certaine Veronica Roth. Un best seller qui nécessitait forcément une adaptation purement commerciale, c’est à dire avec peu de budget, des jeunes acteurs qui ont commencé dans le film indé à broyer à la moulinette d’Hollywood et juste une star qui a besoin d’argent pour apporter une petite caution qualitative superficielle au film.

Dans le monde de Divergente, les guerres ont détruit le monde et la cité de Chicago, apparemment refermée sur elle-même (nous découvrirons certainement le reste du monde dans la suite), a été recomposée en 5 factions pour éviter tout conflit. Les habitants sont donc répartis dès leur adolescence entre entre les altruistes (qui gouvernent la société en vivant dans des bidonvilles), les érudits (super intelligents et donc avides de pouvoir mais qui ne le montrent pas trop), les fraternels (justes bons à aller cueillir des fruits), les sincères qui disent toujours la vérité et les audacieux (forces de l’ordre adepte du parkour et de paintball), quand aux restants, ils finiront SDF. Un système apparemment idéal (et jamais crédible) où tout le monde semble étrangement heureux, mais notre héroïne est une rebelle qui s’ignore car elle apprend après son test qu’elle possède des aptitudes de 3 factions, faisant d’elle une « divergente»  qui sera traquée par la société si les forces de l’ordre dans lesquelles elle s’engage l’apprennent.

Une fois chez les audacieux, celle qui se fait maintenant appeler Tris (ce qui est quand même plus classe que son prénom d’origine … Béatrice) va donc apprendre à se battre, à tenir un flingue, à monter aux murs … pendant 2 heures sans aucun enjeu. Tout le film n’est ainsi qu’une pseudo-parabole sur l’orientation que l’on veut suivre lorsque l’on est au lycée, la place que l’on veut prendre dans la société, avec évidemment son envie de révolte et de donner quelques coups. Sur le papier, ça pouvait peut-être être intéressant, mais à l’écran, l’entreprise est aussi vide que les personnages secondaires sont interchangeables.

Sur les longues 2h19 que dure le film, 2 heures servent d’introduction à l’héroïne et à son futur boyfriend lui aussi rebelle (quelle surprise!), à exposer le système des classe et aux cours de paintball sans jamais voir un seul enjeu dramatique ou une quelconque montée de tension sinon de savoir quand les tourtereaux s’embrasseront. Cela arrivera au bout d’1h35 environ (oui, on sort sa montre toutes les 15 minutes pour s’occuper pendant le film) sur fond de coucher de soleil, de découverte inopinée de tatouages réalisés par malabar et de dialogues tellement ridicules que l’on se demande si le film ne vire pas dans la parodie (ce qui ferait notre plus grand bonheur). Il ne reste alors à la fin plus que 20 minutes pour qu’il se passe quelque chose et tuer quelques personnage de manière dramatique…ment bête, dont on se fiche totalement (tout comme l’héroïne d’ailleurs).

Mais à ces défauts, il faut aussi ajouter un réalisateur, Neil Burger (qui avait pourtant réalisé le sympathique Limitless), qui n’apporte aucune idée (les plongées dans les cauchemars pouvaient pourtant permettre un minimum de créativité non ?) à ce récit prévisible du début à la fin et nous assène une musique lourde pour souligner ce qu’il ne peut faire en mise en scène et avec des acteurs fades (Shailene Woodley, révélation prometteuse de the Spectacular Now, transparente) qui ne feront pas plus que le minimum syndical quand ils ne sont pas juste là pour payer leurs impôts (pauvre Kate Winslet qui n’y croit pas à un seul instant).

Sur un point de départ bancal, avec une histoire déjà rodée dans une centaine de films identiques, un manque crucial d’enjeux, un réalisateur sans personnalité, des acteurs qui n’en ont pas beaucoup plus et un sens insoupçonné du ridicule de l’entreprise (involontairement hilarant par moments), Divergente est donc une (très longue) introduction totalement ratée pour une suite qui ne peut être que moins pire … mais a-t-on vraiment envie de voir ce que ça donnera ? Il nous faudra beaucoup de courage pour cela et beaucoup d’alcool et de subversion pour le supporter.