Critique : Diplomatie (2014)

Diplomatie 1

Résumé : La nuit du 24 au 25 août 1944, alors que les forces alliées sont aux portes de Paris, l’ambassadeur de Suède Raoul Nordling tente de dissuader le général Dietrich Von Choltitz de détruire la ville.

Un joli coup de poker pour le réalisateur allemand Volker Schlöndorff qui sort, une semaine avant le débarquement des Monuments Men sur les écrans français, un long métrage au sein duquel se joue, la veille de sa libération par les forces Alliées, le destin de Paris et de ses monuments. Adapté d’une pièce de théâtre signée Cyril Gély, Diplomatie reprend, semble t-il, les mêmes ficelles ainsi que le même tandem, composé de deux ténor du cinéma hexagonal, André Dussollier et Niels Arestrup. Vision fantasmée des heures qui ont précédé l’arrivée des troupes américaines dans la capitale française, le scénario tord la vérité historique – aucun document ne fait mention de cet entretient – afin de dresser un huis-clos conclusif sur les quatre années d’occupation allemande sur le territoire français. Au cœur des long corridors de dialogues par ailleurs fort bien écrits, le métrage aborde évidemment le sort réserver à l’architecture parisienne, mais aussi et surtout la question du devoir patriotique et de la servilité à l’ordre militaire et politique. Dans ce bras de fer qui se joue derrière les remparts veloutés d’une chambre de l’hôtel Meurice, s’affronte d’un côté le général Dietrich Von Choltitz, un gradé au pied-plat, et de l’autre, l’ambassadeur de la Suède à Paris Raoul Nordling, un médiateur neutre pour la paix. Pendant une nuit, résumé à l’image dans un petit 80 minutes, ce dernier va tenter de convaincre le chef de guerre à renoncer à la destruction de Paris et de ses monuments. On assiste alors à un défié d’arguments parfois très informatifs (notamment l’existence de cette aberrante loi que fut le Sippenhaft) servant à aiguiser la définition que l’on a de l’acte de résistance, derniers recours devant une situation insoluble et un état d’insoumission passager permettant de balayer une posture morale jadis douteuse (le point de vue exposé par le général allemand sur la désobéissance soudaine d’une partie de la population française face à l’arrivée des alliées). Loin de tout manichéisme, ces deux personnages se révèlent alors au fil des échanges comme de brillants stratèges mais surtout comme des hommes soucieux de l’héritage qu’ils laissent aux générations futures. Déambulant sur une mise en scène des corps remarquable, les deux monstres que sont André Dussolier et Niels Arestrup livrent des performances puissantes et habitées. Tous ces talents réunis devant et derrière la caméra masquent finalement à peine les origines théâtrales du projet. Le réalisateur a en effet bien du mal à rompre avec l’ossature originelle du projet et à s’approprier totalement l’objet afin d’en faire une véritable oeuvre de cinéma. Une échelle des plans inexistante, des sorties extérieures justifiées uniquement pour la forme, une intégration peu convaincante de la musique originale. On tient avec Diplomatie une jolie pièce de théâtre filmée, mais une production formellement inachevée. (3/5)

Diplomatie 2

Diplomatie (France, Allemagne, 2014). Durée : 1h24. Réalisateur : Volker Schlöndorff. Scénariste : Volker Schlöndorff, Cyril Gély. Image : Michel Amathieu. Montage : Virginie Bruant. Musique : Jörg Lemberg. Distribution : André Dussolier (l’ambassadeur de Suède Raoul Nordling), Niels Arestrup (le général Dietrich Von Choltitz), Robert Stadlober (le lieutenant Bressensdorf), Thomas Arnold (le lieutenant Hegger), Jean-Marc Roulot (Jacques Lanvin).