Résume : Lors d’une expédition au fin fond de la forêt amazonienne, Linda et Tulio découvre une volée de Ara Bleu. Lorsque Perla apprend cette nouvelle, elle décide d’emmener Blu et ses enfants dans la jungle afin de retrouver leurs ancêtres.
C’est en mémoire l’agréable moment passé devant la première aventure du Ara Bleu dans le brûlant folklore brésilien que l’on franchit le pas de la salle de cinéma, prêt à en découdre avec cette séquelle, toujours emmené par le carioca Carlos Saldanha. Afin de retrouver cette fraicheur et cette frénésie qui faisait tout le charme du premier épisode, il lui fallait faire grimper un peu plus haut la température afin d’orchestrer un étourdissant carnaval de sons, de lumières et d’humour sans pour autant céder à l’écoeurement graphique qui boursoufle la majorité des suites. Mais cette fièvre rêvée par les fans retombe finalement très vite. Quasiment aussi impénétrable que la forêt amazonienne, l’histoire, supervisée par Saldanha himself, est une vaste étendue de pousses laissées en friche derrière une luxuriante animation – quoi que plutôt banal dans sa forme en comparaison des dernières productions du genre. Pour le coup, on n’aurais pas craché contre une petite déforestation afin de redonner un coup de frais à cette équipée sauvage étouffée par ses racines, noyers de gags sans sèves et épais bosquets d’intrigues taillés à la tronçonneuse. On se retrouve ainsi avec des hectares de personnages tous plus sous-exploité et fades les uns que les autres (triste sort que celui réservé aux rares vilains présents à l’écran), cerclant un pot pourris d’influences (Roméo Et Juliette, Le Fantôme De l’Opéra, Mon Beau-Père Et Moi, Avatar) qui affole notre boussole et rompt tout espoir de voir sortir du sol un surgeon de narration et de suspens. L’aventure promise ne commence donc jamais véritablement. Les auteurs se sont ici borner à illustrer la douloureuse réinsertion du psittacidae Blu dans sa généalogie sauvage par une série de sketchs faiblards et vains, ponctués, en sus, par une philosophie qui mettra au garde à vous les chiennes de gardes ("femme heureuse, homme penard") et dont on ne sait s’il faut la prendre ou non sur le ton de la plaisanterie. De part en part, cette interminable jungle qui prend en otage cent minutes de notre existence est traversé par des kilomètres de numéros chantés et dansés. L’idée, sans doute, pour le réalisateur de faire du Berkeley et de renouer avec la tradition de l’animé music-hall popularisé par les productions de la maison aux grandes oreilles, mais le résultat, à l’ouïe, rappelle malheureusement davantage la soupe pop que les maisons de disque déverse sur les canaux radiophoniques que les embardées lyriques de La Belle Et La Bête et Le Roi Lion. Difficile donc d’émerveiller les vieux aventuriers avec un aussi ennuyeux circuit, qui plus est dépourvu de tout effet comique majeur capable de camoufler ses errements narratifs. Rio 2 navigue ainsi entre deux eaux, à contre-courant des attentes d’un grand spectacle animalier. (1.5/5)
Rio 2 (États-Unis, 2014). Durée : 1h42. Réalisation : Carlos Saldanha. Scénario : Carlos Saldanha, Don Rhymer. Image : Renato Falcao. Montage : Harry Hitner. Musique : John Powell. Distribution Vocale (VO) : Jesse Eisenberg (Blu), Anne Hathaway (Perla), Leslie Mann (Linda), Rodrigo Santoro (Tulio), Jemaine Clement (Hector), Jamie Foxx (Nico), Will.i.am (Pedro), Andy Garcia (Eduardo), Bruno Mars (Roberto). Distribution Vocale (VF) : Lorant Deutsch (Blu), Laetitia Casta (Perla), Elisabeth Ventura (Linda), Emmanuel Garijo (Tulio), Bruno Magne (Hector), Christophe Peyroux (Nico), Jean Pierre Chandler (Pedro) Éric Cantona (Eduardo), Matt Pokora (Roberto).