"Claude et Marie Verneuil, issus de la grande bourgeoisie catholique provinciale sont des parents plutôt "vieille France". Mais ils se sont toujours obligés à faire preuve d’ouverture d’esprit…Les pilules furent cependant bien difficiles à avaler quand leur première fille épousa un musulman, leur seconde un juif et leur troisième un chinois.
Leurs espoirs de voir enfin l’une d’elles se marier à l’église se cristallisent donc sur la cadette, qui, alléluia, vient de rencontrer un bon catholique."
Nouvelle réalisation de Philippe de Chauveron, il faut croire que lorsqu’on n’arrive pas à se faire un nom au sein d’un genre en particulier, il ne faut pas persister et s’essayer à autre chose. Après nous avoir outrés à deux reprises avec L’élève Ducobu et Les Vacances de Ducobu, le réalisateur français revient encore une fois avec une comédie, mais pas une comédie pour enfant. En effet, alors que ces deux précédents films avaient comme véritable public, des enfants de 3 à 13 ans, sa nouvelle réalisation tente quelque chose de dangereux, à savoir faire rire avec un sujet qui ne s’y prête pas. Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu met en scène deux parents issus de la grande bourgeoisie catholique française qui voit leurs trois premières filles se marier avec trois hommes qui sont respectivement musulman, juif et chinois. Ils comptent donc sur leur quatrième et dernière fille pour leur offrir un mari à leur image, à savoir un mari catholique, respectable et étant d’origine française. Car oui, il ne faut pas avoir peur des mots, ce qui dérange les Verneuils, ce n’est autre que les origines des maris de leurs filles, ainsi que leurs religions respectives. Prenant le risque de mettre les spectateurs face à une réalité, malheureusement vraie, Philippe de Chauveron décide de critiquer ouvertement une classe de notre société qui est celle de la "haute" bourgeoisie.
En jouant sur les clichés et en les utilisant à des fins comiques, le réalisateur qui n’est autre que le scénariste du film, prend le temps de nous expliquer son point de vu sur cette classe sociale. Ne laissant pas le choix aux spectateurs, il impose son point de vu et vient se heurter à notre propre point de vu à la fois sur le thème abordé, mais également sur les clichés utilisés. Clichés qui ne proviennent pas seulement du cinéma, mais qui sont également omniprésents dans notre société. Ne permettant pas au spectateur d’utiliser ses propres idéaux, Philippe de Chauveron ne réussit pas le pari de faire réfléchir tout en faisant rire. Faire un film sur la discrimination raciale c’est bien et c’est une bonne initiative que d’utiliser ce thème dans une comédie populaire destinée au plus grand nombre, mais le faire de manière à faire réagir c’est mieux. Avec Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu, le spectateur ne va pas s’enrichir et ne va pas réagir, il va seulement devoir faire face à un film qui aura beau se donner toute la peine du monde à vouloir faire passer un message, n’y arrivera pas à cause de son écriture. De par ailleurs, on note la présence de dialogues et plus précisément de répliques comiques qui vont dans ce sens et qui n’arrivent pas à faire rire, toujours à cause du même syndrome. Chose finalement logique, puisque Philippe de Chauveron est sur ce film, réalisateur, scénariste, mais aussi dialoguiste.
Doté d’une réalisation convenue, qui ne cherche pas à faire dans l’originalité ou même à dépasser le genre qui n’est autre que celui de la comédie populaire française, Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu est donc un film qui ne possède absolument rien pour lui, mis à part une chose qui au final pourrait ne rien avoir avec ce film. Il s’agit de son casting. Souhaitant mettre pour la première fois en haut de l’affiche, les nouveaux talents de la comédie française, Philippe de Chauveron s’entoure des meilleurs du genre. Rarement dans le surjeu et trouvant toujours la prononciation ou la gestuelle qui réussira à décrocher un sourire ou même un rire, le casting réussi à faire de ce film une comédie partiellement drôle. Dépassant les dialogues navrants et un scénario trop limité, ce casting s’émancipe de tout ça et nous offre de bons moments de rire, même si on peut rapidement reprocher au film sa construction classique qui ramène toujours la vanne vers une tonalité plus sérieuse et sentimentaliste. Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu est une comédie populaire française comme on n’aime pas en voir. Partant sur une idée respectable qui est celle de faire réfléchir sur un sujet délicat qui n’est autre que celui du racisme à travers la comédie, le scénario ne permet malheureusement pas aux spectateurs de réagir. Contraint et limité dans son écriture, c’est le casting qui réussira, non sans difficulté, à faire renaître le film. Libre dans leurs interprétations, ces derniers sont bons et sont accessoirement drôles. Philippe de Chauveron peut donc dire merci à Ary Abittan, Medi Sadoun, Frédéric Chau, Noom Diawara ou encore Elodie Fontan, puisque sans eux, son film serait l’un des plus gros navets de l’année.