L’importance de la frustration dans le processus créatif

L’importance de la frustration dans le processus créatif

Si le scénariste professionnel ne passe pas ses journées à écrire ses propres histoires sans aucune contrainte, c’est même tout le contraire, n’allez pas croire pour autant que cela bride sa créativité. Ecrire pour un tiers, qu’il soit cinéaste ou producteur, se plier à des contraintes de format, de ton, de cible d’audience, s’intéresser à des sujets qu’on n’aurait jamais choisis soi-même, respecter des deadlines très brefs, tout cela est excellent pour développer son imagination et améliorer sa plume. Démonstration en images…

Pour passer du statut d’amateur à celui de scénariste professionnel, le Padawan devra certes passer par un long stade d’apprentissage, il lui faudra travailler des années d’arrache-pied tout en vivant dans la précarité. Une fois la théorie acquise, il aura besoin d’énergie (et d’une grosse pincée de chance) pour faire les bonnes rencontres mais dans son cheminement pour devenir Jedi, il lui restera une épreuve plus redoutable encore à surmonter: mettre son ego de côté et se plier aux réalités du métier, ce qui équivaut, dans la mythologie de Joseph Campbell revisitée par tonton George Lucas, à entrer dans la grotte pour y affronter vous savez qui… ;-)

Lorsqu’un auteur aspirant découvre que la profession de scénariste consiste principalement, au cinéma à oeuvrer pour l’univers d’un cinéaste, et en télévision à écrire pour des séries déjà existantes ou des fictions initiées par une chaîne et/ou un producteur, sa vision idéaliste en prend un sacré coup. Croyez-moi ou non, c’est une bonne chose car plus tôt on réalise en quoi consiste ce « métier qui n’en est pas un », moins on perd de temps et d’énergie à essayer de le dompter.

Donc autant vous y faire mes p’tits choux, un scénariste professionnel travaille 95% du temps à la commande, il passe son temps à réécrire ses textes selon les desiderata d’un cinéaste/producteur/conseiller des programmes/lecteur du CNC, et plus vite que ça! ;-)

Mais la bonne nouvelle, croyez-le ou non, c’est que toutes ces contraintes, et la frustration qu’elles génèrent parfois, sont finalement libératrices. Non seulement elles boostent notre créativité en nous forçant à trouver des solutions complexes, mais elles nous rendent de bien meilleurs auteurs, tant au service d’un tiers que lorsque nous servons nos propres histoires.

Voici une chouette vidéo, signée Flash Rosenberg, destinée à promouvoir l’ouvrage Imagine: How Creativity Works de Jonah Lehrer (hélas plus disponible), qui illustre à merveille cette étrange alchimie:


IMAGINE: How Creativity Works.

Sur ces bonnes paroles, à vos exercices jeunes Padawans…