"Elle est entrée dans une boutique de téléphonie sur le boulevard Voltaire. Elle a fait mine de s’intéresser aux nouveaux portables, a obtenu le numéro du vendeur et s’en est allée. Elle l’a rappelé dès le lendemain, lui a dit qu’elle voulait le revoir. Ilan ne s’est pas méfié. Il avait vingt-trois ans, la vie devant lui…
Comment pouvait-il se douter qu’en rejoignant cette jolie fille dans un café de la porte d’Orléans, il avait rendez-vous avec la mort ?
Le vendredi 20 janvier 2006, Ilan Halimi, choisi par le gang des Barbares parce qu’il était juif, est enlevé et conduit dans un appartement de Bagneux. Il y sera séquestré et torturé pendant trois semaines avant d’être jeté dans un bois par ses bourreaux. Retrouvé gisant nu le long d’une voie de chemin de fer à Sainte-Geneviève-des-Bois, il ne survivra pas à son calvaire.
Dans ce film, Ruth Halimi revient sur ces 24 jours de cauchemar. 24 jours au cours desquels elle aura reçu, elle et son mari, Didier, plus de six cents appels, des demandes de rançon dont le montant ne cessera de changer, des insultes, des menaces, des photos de son fils supplicié… 24 jours d’angoisse de toute une famille, contrainte de garder le silence pour laisser travailler la police criminelle.
Mais le 36 Quai des Orfèvres ne sait pas à quels individus il a affaire. Personne ne mesure la haine antisémite qui habite les ravisseurs, et ne s’imagine qu’Ilan allait perdre la vie…"
"Choquer pour choquer sans penser à la technique"
Quelques mois à peine après la sortie du film La Marche, ayant décidé de dénoncer le racisme à travers une véritable fiction ne se prenant à aucun moment pour un documentaire, voici que débarque le film 24 Jours, la vérité sur l’affaire Ilan Halimi. En mal d’inspiration, ne sachant plus comment on écrit un scénario original, il est de plus en plus courant de retrouver des faits réels adaptés au cinéma. N’importe quel fait réel peut plaire à un studio qui offrira le financement approprié pour produire le film. Ici, on ne parle pas d’un fait réel anodin, puisqu’il s’agit de l’affaire Ilan Halimi, jeune homme torturé à mort par le gang des barbares parce qu’il était juif. Fait réel tristement célèbre, celui-ci n’a absolument rien à faire sur grand écran, mis à part une chose : choquer. Le cinéma permet de se divertir, tout en réfléchissant et en étant ému par de belles histoires. C’est souvent avec des scénarios originaux qui insistent sur des thématiques bien spécifiques que l’on peut-être touché, être amené à réfléchir et établir un parallèle entre la vie réelle et cette histoire fictive. 24 Jours, n’est pas un film qui dispose d’un scénario original. Contrairement à certains cinéastes qui s’inspirent d’ouvrages ou de fait divers pour écrire une histoire, Alexandre Arcady ne cherche pas à s’inspirer, il cherche véritablement à adapter. Adapter peut-être mélioratif à l’histoire originel puisqu’on en fait quelque chose de nouveau tout en reprenant les thématiques et les valeurs primaires, mais il n’en est rien concernant ce long-métrage.
Adaptation "bête et méchante" du livre écrit par Ruth Halimi – on retrouve une narration découpée en plusieurs chapitres, qui n’a aucun intérêt -, le spectateur ayant vécu au travers de son écran de télévision cette affaire ne va rien apprendre de nouveau ou presque. Ne souhaitant pas montrer aux spectateurs les sévices subits par Ilan Halimi – choix logique et responsable -, Alexandre Arcady nous dévoile en toile de fond l’enquête policière et surtout les conseilles que peuvent donner les inspecteurs du 36 Quai des Orfèvres à la famille Halimi afin de faire face de la meilleure des manières, aux coups de téléphone incessants des ravisseurs. Il est intéressant de voir quels conseilles prodiguent les inspecteurs de police et quels sont leurs réactions face à un kidnapping comme celui-ci. Plus terre-à-terre et réaliste qu’un film lambda puisqu’au départ plus proche du documentaire que de la fiction, l’évolution de l’enquête est intéressante, mais les réactions psychologiques des personnages ne sont pas suffisamment explicites à cause d’un scénario qui se focus essentiellement sur l’enquête et sur au détriment des personnages. De ce fait, ils ne sont pas attachants et surtout le spectateur a un mal certain à s’identifier à ces derniers.
Étant seulement présente en toile de fond, l’enquête policière n’est pas suffisamment présente pour faire réagir le spectateur malgré quelques idées intéressantes. Pour choquer, faire réagir le spectateur, mais également faire passé son message, Alexandre Arcady n’a rien trouvé de mieux que d’utiliser sa caméra afin d’effectuer des focus sur des personnages en sanglots ou recroquevillés sur eux-mêmes. La volonté d’Alexandre Arcady est louable. C’est une très bonne chose que de vouloir dénoncer un tel acte envers un citoyen français, mais il existe plusieurs façons de le faire, sans avoir à passer par le cinéma. Ne disposant d’aucune idée de mise en scène ou de réalisation, ni même d’une photographie travaillée puisque l’image est brute, 24 Jours lorgne plus vers le documentaire que le film a proprement parlé. Alexandre Arcady s’est précipité derrière sa caméra pour adapter le roman éponyme écrit par Ruth Halimi. On sent dans la mise en scène et dans la narration, une certaine précipitation et un véritable manque de contrôle. Mis à part cette volonté de choquer et d’immerger le spectateur au sein de cette famille qui doit faire face à une douleur inimaginable, il ne reste que très peu de choses intéressantes à décrypter dans ce 24 Jours. On retiendra tout de même un personnage très intéressant qui est celui du père, devant à la fois resté dans le contrôle de sois-même, tout en devant être présent pour son ex-femme et sa fille. Cette figure paternelle est intéressante et le jeu de Pascal Elbé réussi à donné une autre ampleur à ce personnage, malgré un scénario avare.
Dramatique et bouleversant, il est impossible de ressentir l’effroi et la dureté de ce qu’a enduré la famille Halimi durant ces 24 jours. Les acteurs de ce film représentent la véritable force de ce film dans les moments de doute, comme les moments d’effrois au téléphone. Mis à part les pleures et les hurlements qui sonnent faux et sont brutalement mis en avant par la réalisation afin de bien faire comprendre aux spectateurs qu’il faut pleurer avec les personnages, le casting s’en sort avec les honneurs et arrive à nous faire comprendre leurs réflexions et émotions respectives. Malheureusement, il aurait fallût avoir une réalisation digne de ce nom pour retranscrire à l’image la force émotionnelle inculquée par les acteurs à leurs personnages respectifs. 24 Jours est porté par une bonne volonté qui est indéniable, mais il y a quelque chose de malsain dans ce film. Offrir aux spectateurs la possibilité de réfléchir et de prendre conscience est une bonne chose, mais ici Alexandre Arcady rentre dans votre cerveau et à l’aide de nombreux plans resserrés sur les larmes et visages crispés des acteurs, il vous oblige à. Le grand public n’est pas dénué de réflexion et ceux qui iront voir le film connaissent déjà sans doute cette affaire à travers les médias, donc pourquoi vouloir absolument choquer pour choquer. Pourquoi ne pas avoir tenté de faire passer les messages par le biais d’une réalisation et de plans plus travaillés ? Pourquoi ne pas avoir réalisé un film dont l’inspiration première aurait été cette affaire sordide ? Aucune mise en scène, aucune idée de réalisation et une volonté de choquer et de faire prendre conscience dans chaque plan et chaque ligne du scénario. Oui cette histoire ne laisse pas insensible. Oui, il y a des choses intéressantes dans l’évolution de l’enquête. Oui la tension est palpable grâce aux acteurs, mais il manque à ce 24 Jours tout ce qui fait le charme d’un film, à savoir une mise en scène, une réalisation et j’en passe.