Après la relance cinématographique de the Amazing Spider-Man, voici donc la suite sous-titrée en France Le Destin d’un Héros, qui se doit de faire mieux et de gommer les défauts pour nous emporter dans une nouvelle histoire pleine d’ennemis à affronter. Mais il n’en reste finalement qu’un gros film de producteur plombé par un vilain qui a les yeux plus gros que le ventre.
Malgré ses défauts dans l’histoire et sa mise en scène sans grande ampleur, on avait plutôt apprécié le reboot de la franchise avec the Amazing Spider-Man, notamment grâce à la fraicheur touchante du couple Peter Parker – Gwen Stacy campés par Andrew Garfield (également très bon dans l costume de Spider-Man) et Emma Stone. Alors le film à l’intérêt purement financier (l’enjeu pour Sony était de garder les droits du personnage, véritable vache à lait commerciale) arrivait tout de même à faire ressortir un semblant de la personnalité de son réalisateur Marc Webb. Mais face au succès d’Avengers, l’enjeu du studio est maintenant d’étendre l’univers de Spidey. Ils vont donc placer dans cette suite le maximum d’intrigues et de personnages pour nous livrer un fourre-tout parfois assez indigeste.
Ainsi, Peter Parker va enfin devoir entrer plus en profondeur dans le passé de son père (chose qui n’avait été effleurée dans le premier film malgré une belle promesse), va devoir vivre une histoire d’amour contrariée avec Gwen Stacy qu’il n’a pas envie de mettre en danger, retrouver son ancien ami Harry Osborn, faire face à de nouveaux monstres de foire et échapper aux manipulations d’Oscorp. Autant de sous-intrigues qui s’empilent comme un gros cahier des charges marketing sans subtilité qui fait passer tout le film à côté de l’essentiel : l’évolution de Peter / Spider-Man.
Car tout de même, Andrew Garfield et Emma Stone sont toujours le point fort du film et on sent bien que c’est cette relation qui intéresse avant tout Marc Webb, avec ses hauts et ses bas. Ainsi, si l’on met de côté de l’arrivée un peu trop cool de Peter Parker à sa remise des diplômes, l’acteur se montre toujours aussi bon à la fois dans son personnage costumé, cascadeur et blagueur (en ce sens, la scène d’introduction face à Paul Giamatti semble presque sortir de la BD) et dans les fringues de Peter, plus torturé. Emma Stone reste quand à elle une valeur sûre et apporte à chacune de leur scène romantique un véritable intérêt. Car on ne peut s’empêcher de trouver le couple attachant lorsqu’ils se cherchent.
Mais face à eux, il y a un ennemi qui risque bien de gâcher le couple et surtout le film. Car les producteurs ont jeté leur dévolu sur un méchant habituellement cantonné à la seconde zone, un loser de première nommé Electro. Campé par un Jamie Foxx en roue libre, cet Electro, mêlant le Jim Carrey de Batman Forever dans son caractère avant transformation puis le rire et les éclairs de l’Empereur Palapatine au look du Dr Manhattan de Watchmen, prend vite la grosse tête avec des pouvoirs tellement déchainés qu’il en devient vite ridicule. D’autant plus que ses motivations sont sans intérêt et que le peu de filiation qu’il a avec Spider-Man ne participe pas vraiment à la dramaturgie du film, sans parler du dubstep que lui impose Hans Zimmer à la BO.
Pire que cela, Electro absorbe l’essentiel de l’histoire alors que si il était passé en seconde zone, il aurait pu laisser de la place au personnage bien plus intéressant qu’était Harry Osborn dont la filiation avec Peter est un minimum développée. Ici, il arrive finalement comme un cheveu sur la soupe alors qu’il devait être le plus menaçant. Du coup, la scène clé du film dont il est un des acteurs a une portée moins importante qu’attendu, la faute au trop plein d’étincelles qui ont précédé et à une évacuation trop rapide par la suite. Quand aux machination d’Oscorp, elles ne sont là que pour amorcer les différentes suites et films dérivés et le Rhino qui était l’un des personnages les plus poussés en promo n’est ici qu’un bon foutage de gueule marketing.
La romance presque tragique du héros et ses relations avec les personnages qui l’entourent et son passé passent donc ici complètement à la trappe dans un scénario à tiroirs ouverts selon les envies et besoins du marketing, bouffés par toute l’électricité d’un bad guy sans consistance et à la limite du ridicule, rendant alors les scènes essentielles de ce Destin d’un Héros trop superficielles pour s’impliquer émotionnellement comme on l’aurait voulu. Bref, un blockbuster entièrement drivé par un producteur voulant des scènes d’action efficace (mais sans inventivité) au détriment de son auteur, c’est bien dommage.