Résumé : Tourmenté par la mort de George Stacy et la promesse qu’il lui a fait, Peter Parker, qui ne parvient pas à garder ses distances avec Gwen, doit affronter un nouvel adversaire : Electro.
On était resté relativement poli avec le premier reboot de la nouvelle trilogie Spider-Man. Il avait certes ses défauts, mais le talent de conteur de son jeune metteur en scène, Marc Webb, et le charme de son duo principal étaient parvenus à adoucir la colère des nombreux fans. Malheureusement, on ne réservera pas le même traitement à sa douloureuse suite, nous dessinant la brutale agonie d’un héros pris en otage dans une intrigue arachnéenne. Écrasé par le soap mitonné par le couple Peter Parker/Gwen Stacy, tentant de démêler les fils d’une relation vouée à l’échec, le scénario ne laisse que très peu de place au développement des figures anti-héroïques pavant cet enfer numérique. C’est ainsi, avec la finesse d’un Rhino, que le réalisateur excommunie le bagnard Aleksei Sytsevich, dont les stupides desseins sont braillés par un pathétique Paul Giamatti, pour laisser le champ libre à l’autistique Max Dillon. Dès sa première apparition, rendu grâce à une direction d’acteur d’une grande subtilité, on sent qu’il y a, chez ce brave technicien, une anguille sous la roche : prototype parfait du nerd cinématographique des années 80, il nourrit une schizophrénie criante, persuadé, avec sa gueule de porte bonheur, d’être devenu le chouchou de Spidey depuis qu’il lui a sauvé la chemise. Campé jusqu’au bout des mèches par un Jamie Foxx en roue libre, Electro se voit donc très vite brûler la vedette non pas par le richissime Harry Osoborn, interprété par l’inquiétant Dane DeHaan, mais par les atermoiements sentimentaux et le puzzle familial sans, toute fois, parvenir à leur donner une véritable épaisseur. The Amazing Spider-Man 2 sabote donc la psychologie des antagonistes, leurs naissances, leurs moments de bravoures et leur sorties de scène sont court-circuités avec un aplomb qui confine au génie sans pouvoir apporter de contre partie à ces choix on ne peut plus discutables. Vert de rage devant la mièvrerie du discours romantique, sauvé in-extremis par l’alchimie produit par les deux acteurs principaux, et l’impuissance des auteurs à produire le moindre soupçon de souffle romanesque, le spectateur regarde ces éclats de narrations érafler le costume d’un super-héros qui, même lors de ses heures les plus sombres, n’avait pas reçu un tel traitement. Un résultat aberrant qui s’explique en partie par l’incapacité de Marc Webb à assumer le spectacularisme de son sujet. Il déploie ainsi une énergie folle afin de faire reculer les pourtant inévitables affrontements, et de ne pas trop en montrer de son inexpérience dans ce domaine – les rares scènes d’action, très largement dévoilées par les diverses bandes-annonces qui ont filtré tout au long de la campagne marketing du film, seront expédiés sans ménagement, ni génie. Les imbuvables traits d’humour mitraillés par le héros au cours de ses divers coups de filets auront finalement raison de la sympathique que l’on éprouvait jusqu’alors pour cet homme-arraignée qui n’a aujourd’hui plus rien d’extraordinaire. (1/5)
The Amazing Spider-Man 2 (États-Unis, 2014). Durée : 2h21. Réalisation : Marc Webb. Scénario : Alex Kurtzman, Roberto Orci, Jeff Pinkner. Image : Daniel Mindel. Montage : Pietro Scalia. Musique : Hans Zimmer. Distribution : Andrew Garfield (Peter Parker/ Spider-Man), Emma Stone (Gwen Stacy), Jamie Foxx (Max Dillon/Electro), Dane DeHaan (Harry Osborn/Le Bouffon Vert), Sally Field (Tante May), Colm Feore (Donald Menken).