Spécialiste du cinéma français, Raymond Chirat, pour la troisième fois depuis le mois de mars, fait découvrir Gérard Philipe, à travers un film. Le 13 mai, c’est Les Orgueilleux d’Yves Allégret qui sera projeté.
La Projection aura lieu sous le Hangar du Premier-Film et sera suivie d’un verre.
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Lire l’entretien avec Raymond Chirat
Les Orgueilleux
d’Yves Allégret
Avec Gérard Philipe, Michèle Morgan)
France/Mexique, 1953, 1h43, N&B
Synopsis
Georges, médecin français devenu alcoolique, a échoué dans un petit village mexicain. Il est devenu une épave.
Un jour un autocar débarque un couple. Tom, le mari, est gravement malade. Sa femme Nellie le soigne en compagnie du docteur local.
Une épidémie de méningite cérébro-spinale ravage le village. Tom rend le dernier soupir auprès de Nellie et de Georges qui justement vient de faire leur connaissance.
Peu à peu Nellie constate qu’elle n’éprouve pas de chagrin face à la mort de son mari. Par contre elle se sent attirée par Georges et cherche à comprendre ses problèmes.
L’épidémie s’étend. Georges refuse l’amour de Nellie et lui conseille de quitter le village avant que celui-ci soit mis en quarantaine. Nellie refuse et reste auprès de Georges qui désormais assiste le docteur du village pour combattre l’épidémie
Librement adapté de la nouvelle de Sartre, "Thyphus".
A propos du film
Gérard Philipe et Michèle Morgan au meilleur de leur forme.
Michèle Morgan est ici très émouvante dans la détresse de son rôle de jeune femme désemparée. Gérard Philipe, remarquable, donne à son personnage la complexité ambiguë qui lui évite de sombrer dans la caricature. On dit souvent que les deux acteurs ne se sont pas bien entendus pendant le tournage, mais à l’écran la connivence est totale
Le film marque aussi par l’érotisme de certaines scènes. En particulier, celles où Michèle Morgan, en tenue légère se passe des glaçons sur le visage et le buste et se rafraîchit les jambes avec un ventilateur.
Un contexte social bien rendu
Le contexte social est fort bien dessiné (on sait que Luis Buñuel faisait partie de l’équipe…) : la petite ville (qui rappelle celle du Salaire de la peur de Henri-Georges Clouzot, tourné lui aussi en 1952…) est sous la botte de Don Rodrigo, le parrain d’Alvarado. Entouré de ses hommes de main revolver au côté, il se donne entre autres le plaisir d’humilier l’étranger déchu
On notera aussi la façon réaliste, voire satirique dont est filmée la lutte contre l’épidémie qui frappe Alvarado, bourgade typique du mexique de l’époque :
- le médecin local, débordé et épuisé, n’a que peu de médicaments
- il transporte les malades, roulés dans un drap et tenus dans les bras de son infirmier, dans son petit coupé Ford, alors que la Land Rover, chargée de tout un fatras (mallettes, gramophone et cage à perroquet…) servira à la fuite de la maîtresse du parrain.
- un homme du quartier du port braque son fusil sur le ventre du médecin qui veut hospitaliser sa petite fille. « Si tu l’emmènes, je te fais exploser la barriga » crie-t-il…
- la fermeture des voies de communication (quarantaine oblige) entraîne une émeute etc.
Fiche technique
- Drame de 1953 durée 103′ N&B
- Réalisation et scénario de Yves ALLÉGRET
- D’après "Typhus" de Jean-Paul SARTRE
- Co-scénariste Jean AURENCHE
- Adaptation et dialogue de
- Jean AURENCHE, Pierre BOST et Jean CLOUZOT
- Musique de Paul MISRAKI et Gonzalo CURIEL
Avec
- Michèle MORGAN
- Gérard PHILIPE
- Michèle CORDOUE
- C-L MOCTEZUMA
- Victor-Manuel MENDOZA
- André TOFFEL
- Arturo SOTO RANGEL
- Beatriz RAMOS
- Jaime FERNANDEZ