Résumé : La compagnie Weyland/Yutani finance une expédition sur une planète inconnue afin de rencontrer ceux qui auraient donné vie au genre humain sur Terre.
Les fans l’attendaient depuis des années, le retour de celui par qui tout a commencé – notamment la carrière de Sigourney Weaver et celle du xénormorphe baveux. C’est donc avec une impatience mêlée d’appréhension que l’on découvre Prometheus, annoncé autant comme une préquelle au chef d’œuvre de 1979 que comme un cross-over aux aventures sidérales de la compagnie Weyland/Yutani. Répondant toujours présente quand il s’agit de tirer les cordons de la bourse des découvertes scientifiques, la mystérieuse corporation sponsorise, trente ans avant la traversée du Nostromo, le trek iconodule d’un couple de chercheurs en passe de découvrir l’origine de notre monde. En ce sens, le scénariste Jon Spaihts, qui a connu son Darkest Hour avec Timur Bekmambetov, soutenu par Damon Lindelof, très Lost depuis qu’il a croisé Cowboys Et Envahisseurs, développent une nouvelle mythologie partageant quelques embranchements menant tout droit vers le premier volet de la saga originelle. Incontestablement, le cinéaste voyait les choses en grand, très grand même pour son retour aux sources. Une ambition qui prend la forme d’une conception artistique aussi imposante à l’image que d’une renversante beauté. Quand bien même elle repose en partie sur le carénage méca-organique conçu jadis par le graphiste suisse Hans Ruedi Giger, le travail abattu par le responsable des décors, Arthur Max, pour apporter une cohérence esthétique avec les précédents volets de la série demeure sensationnel. Ainsi, la nouvelle planète, recréé pour les besoins du film dans les rocailleux paysages d’Islande, ainsi que le magnifique site de Dettifoss qui sert de support au superbe prologue, insuffle une belle majesté à cette quête éternelle. Direction artistique et mise en scène force le respect, cachant de façon prodigieuse les faiblesses de son scénario. Croisant les chromosomes des plus célèbres références du genre (The Thing, Sunshine), Prometheus sonde et pioche sur les terres de la science-fiction mais n’en extrait rien, si ce n’est des archétypes semés de nervosismes afin de créer l’illusion d’une originalité dont il est dépourvu – le complexe du personnage féminin principal n’est ainsi qu’un pâle réplica d’Ellen Ripley. Un manque de surprise qui n’empêche pourtant pas de prendre du plaisir à contempler la disgrâce de ces personnages précipités dans les flammes de leurs avidités et de leurs ingénuités. Parmi ce chapelet de pèlerins, se distingue le scalp ambré et la silhouette effilé de David (excellent Michael Fassbender), assistant humanoïde dont le regard magnétique et sa soif de découverte cache une immense déception, celle de ne pas retrouver son acuité intellectuelle dans les yeux de ses créateurs. Chargé d’une puissante musique, délayant l’horreur viscérale de ces peintures parfois grotesques, Prometheus n’a heureusement pas abattu toutes ses cartes, laissant ainsi en suspend certaines questions pour mieux y répondre dans une suite que l’on espère tout de même moins chétive. (3.5/5)
Prometheus (États-Unis, 2012). Durée : 2h03. Réalisation : Ridley Scott. Scénario : John Spaihts, Damon Lindelof. Image : Dariusz Wolski. Montage : Pietro Scalia. Musique : Marc Streitenfeld, Harry Gregson Williams. Distribution : Noomi Rapace (Elizabeth Shaw), Michael Fassbender (David), Charlize Theron (Meredith Vickers), Idris Elba (Janek), Logan Marshall-Green (Charlie Holloway), Guy Pearce (Peter Weyland).