Une histoire de famille complexe dans le milieu de la mafia marseillaise, voilà le programme du film noir De Guerre Lasse.
Il y a quelques fois où le cinéma français, avec un petit budget, retrouve le genre du film noir avec un véritable savoir-faire et c’est le cas d’Olivier Panchot qui, avec De Guerre Lasse, nous offre un beau condensé de ce qu’il représente. Ici il nous plonge dans le milieu de la mafia marseillaise avec une intrigue bien plus personnelle. Car il s’agit avant tout de l’histoire d’Alex, fils d’un parrain de la mafia locale qui est de retour après avoir déserté la légion. Depuis son départ, son père s’est retiré des affaires pour laisser à d’autres le contrôle de la ville. Mais son retour va ranimer de vieilles rancœurs autant qu’il va inciter à la révélation d’un secret de famille enfouit depuis des années.
Partant de personnages qui ont déjà vécu beaucoup d’événements assez sombres qui les ont perturbé, l’auteur et réalisateur Olivier Panchot a bien compris que le genre du film noir avait besoin d’une histoire profonde et des personnages travaillés pour donner de la personnalité à son film. Et De Guerre Lasse n’en manque pas. Évoquant à travers son histoire de mafia à la fois les secrets de famille, le passé de la France en Algérie, les soldats français envoyés en Afghanistan et les problèmes de corruption et de gangs à Marseille, nombreux sont les thèmes qui jalonnent le film sans pour autant être lourds.
Ainsi, le film se révèle assez dense et la profusion de thèmes combinés au retour du fils prodigue font forcément penser à la structure des tragédies grecques avec ses relations complexes entre enfants et parents. Un structure qui rappelle alors les meilleurs films de mafia, du Parrain aux tragédies de James Gray. Et si l’influence est évidente, elle n’est pas appuyée. Elle sert seulement de modèle sur lequel le réalisateur s’appuie pour réaliser son propre film avec son discours personnel.
Alors bien entendu, malgré une durée relativement courte pour un film noir (1h34), il semble parfois y avoir des longueurs, une mise en place difficile avec la profusion d’informations à fournir sans avoir recours au flash back et les personnages ont sans arrêt l’air de s’apitoyer sur leur sort. Mais cette mise en place parfois difficile sera récompensée par un dernier acte parfaitement maitrisé où la tension monte à souhait et où les personnages trouvent bien leur accomplissement, que ce soit dans la mort ou dans l’espoir. Un véritable final de film noir comme on pouvait l’espérer qui va jusqu’au bout de ce qu’il a installé dans son histoire et dans son ton.
Le réalisateur a ainsi parfaitement compris les règle du genre et s’y plie avec un bon savoir-faire tout en travaillant avec précision le son et un style intimiste qui nous rapproche des personnages parfaitement interprétés. Cela donne donc un bon film noir qui n’a pas la prétention de révolutionner le genre mais a suffisamment de choses personnelle à raconter pour être découvert.