Directeur Photo, un métier de l’ombre sans lequel l’ombre ne serait pas la même.
Lorsque l’on parle d’un film en bien ou en mal, on récompense ou on critique ouvertement le film. Un film c’est dans notre esprit avant tout un objet cinématographique, un moyen de divertissement, ou à la rigueur une œuvre d’art à part entière pour le cinéphile. Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que derrière cette œuvre, on retrouve non pas un artiste, mais plusieurs. Alors que le représentant principal de l’œuvre est le réalisateur, pas toujours instigateur de la mise en chantier de la production, il y a des techniciens de l’ombre qui sont malheureusement oubliés alors que leur travail permet très souvent au film de gagner en charme et en personnalité. Parmi ces techniciens, on en retrouve notamment un qui est essentiel et qui n’est autre que le directeur de la photographie. Autrement nommé directeur photo, celui-ci peut-être considéré comme un second réalisateur. Devant connaître le scénario, les lieux, les personnages, les acteurs et les envies du réalisateur et notamment les cadres qu’il va utiliser pour chaque plan, il effectue un travail extraordinairement complexe et qui souvent possède une patte artistique très particulière et l’offre généreusement à un metteur en scène pour donner une esthétique à son film.
Afin d’en apprendre un peu plus sur le métier de Directeur Photo ainsi que sur les plus grands directeurs photo existants, je vous conseille grandement un livre, ainsi qu’un documentaire. Nommé Métier : Directeur de la photo et édité par la société Dunod, ce livre vous permettra de découvrir la carrière et la façon de travailler de grands directeurs de la photo tels que Seamus McGarvey, Barry Ackroyd, Dion Beebe et j’en passe des meilleurs. Finalement, ce qui est intéressant de cet ouvrage, ce ne sont pas les directeurs photo, car chaque directeur de la photo dispose de sa propre façon de faire et de sa propre filmographie, ce qui est intéressant, c’est la façon dont sont mis en place les entretiens. Contrairement à beaucoup d’entretiens qui ne sont que simples retranscriptions d’interviews, ici les entretiens sont fluides et les directeurs de la photo nous dévoilent de la plus simple des manières leur vie respective. Permissive, cette façon de procéder permet aux plus aguerris des cinéphiles comme aux plus simples amateurs de cinéma de découvrir des éléments importants de la vie des directeurs photo comme dans leurs façons de travailler.
Chacun nous dévoile à sa manière les raisons pour lesquels ils ont accepté de faire tel ou tel film. Ils se dévoilent sans pudeur et nous offrent des pages et des pages d’anecdotes intéressantes sur eux et leur métier. Accessible au plus grand nombre, c’est grâce à des ouvrages comme celui-ci que des métiers de l’ombre comme Directeur de la Photo peuvent surgir de cette ombre et gagner en visibilité et notoriété puisqu’ils le méritent tout autant que des réalisateurs ou acteurs. Dans la liste des Directeurs de la Photo qui se livrent dans cet ouvrage, on retrouve un certain Vilmos Zsigmond, qui mis à part avoir un nom imprononçable, dispose dans sa filmographie d’une collaboration avec un certain John Boorman, réalisateur de Délivrance et réalisateur admiré par un Philippe Rousselot. Directeur de la photo de renom, Philippe Rousselot est l’un des plus grands directeurs photos français et ce n’est pas pour rien.
Grâce au documentaire nommé La Lanterne Chinoise et réalisé par Frank Dalmat, nous pouvons découvrir la carrière de ce talentueux directeur de la photo, méconnu de tous. Tourné il y a un an, durant le Festival de Cannes 2013, où il reçut un prix pour l’ensemble de sa carrière, il profite de cet entretien pour nous dévoiler la façon dont il choisit ces films et la façon dont il met en valeur les acteurs de par son travail ou même la façon dont il met en lumière les décors suivant le cadre choisi par le metteur en scène. Ce qui nous permet de savoir comment il a fait pour passé d’un cinéma d’auteur (tel La Reine Margot réalisé par Patrice Chéreau pour lequel il reçut un César) à des films à gros budgets tel que Charlie à la Chocolaterie signé Tim Burton. Plus qu’un simple documentaire, celui-ci nous en dévoile davantage sur sa façon de travaillé, mais également sur la façon dont son travail est perçu par des acteurs avec lesquels il a travaillé comme Kristin Scott Thomas, Victoria Abril ou encore le cinéaste Robert Redford avec lequel il collabora sur Et au milieu coule une rivière. Documentaire accessible au plus grand nombre, mais pas pour autant inintéressant, loin de là.
Références des ouvrages et du documentaire que je vous recommande chaudement :
Livre -> Métier : Directeur de la photo aux Éditions Dunod et écrit par Mike Goodridge et Tim Grierson. Envie d’en savoir plus ? Voir ICI
Documentaire -> La Lanterne Chinoise réalisé par Frank Dalmat, sur une idée de Suzel et Marielle Pietri. Diffusion le Samedi 23 mai 2014 à 19h sur Ciné + et rediffusion le 24 et 25 mai à 22h40 et 17h10 respectivement. Une production Puzzle Media.