Culte du dimanche : la Valse des Pantins

Par Fredp @FredMyscreens

A l’occasion de sa sortie restaurée en vidéo par Carlotta, nous revenons aujourd’hui sur un flm moins connu mais tout aussi réussi de Martin Scorsese, toujours avec Robert De Niro : la Valse des Pantins.

Au début des années 80, Martin Scorsese est revenu en force grâce au succès de Raging Bull qui lui a apporté toute la reconnaissance dont il avait besoin. Il va alors ensuite s’attaquer à d’autres genres de film et c’est son compère Robert De Niro qui lui apporte un scénario dont il aimerait bien pouvoir jouer le rôle principal sous la caméra de son ami pour une 5e collaboration. Cela aura mis le temps à Scorsese pour s’y atteler mais il en a maintenant l’occasion. Ce scénario, c’est celui de the King of Comedy, la Valse des Pantins écrit par Paul D. Zimmerman.

Le film nous permet alors de suivre un véritable loser, Rupert Pupkin, qui rêve du star system, de devenir le roi des comiques. Pour cela, il suit à la trace son idole Jerry Langford. Mais le rêve devient petit à petit un véritable délire et il est prêt à tous les mensonges pour séduire en ancienne camarade de classe et surtout passer à la télévision pour montrer son talent.

Nous sommes à l’aube des années 80 lorsque le film sort sur les écrans mais étrangement, sa charge satirique sur la médiatisation est plus que jamais d’actualité. La Valse des Pantins est ainsi une démonstration avant l’heure de ce à quoi conduit le star système et la médiatisation à outrance des stars, faisant alors des admirateurs et groupies des fans qui n’ont plus vraiment le sens des réalités. Le portrait de Pupkin (impeccable Robert De Niro) et de l’acolyte qu’il trouve sur son passage (Sandra Bernhard, encore plus folle que De Niro) est donc assez drôle en même temps que pathétique.


Après de nombreux drames et polars mafieux, la Valse des Pantins est aussi l’occasion pour Martin Scorsese de s’illustrer dans un autre genre, celui de la comédie, même si ce n’est pas spécialement celui qui était voulu au départ puisqu’il s’agit tout de même derrière le sarcasme, d’un portrait au vitriol assez triste du star system et du rêve de médiatisation d’un loser de première classe. Le réalisateur a donc cette fois moins l’occasion de montrer son style et va rester en retenue pour laisser ses comédiens s’exprimer et surtout improviser. En effet, les scènes d’improvisation totale comme Pupkin s’invitant dans la maison de Langford ou la fan hystérique tentant de séduire Langford entièrement scotché à son siège sont de véritables instant de comédies qui poursuivent tout le burlesque installé dans les autres scènes et à ce titre, la prise d’otage est très drôle.

Mais évidemment, la Valse des Pantins ne serait pas ce qu’elle est sans la participation d’un invité de marque, l’immense comique Jerry Lewis qui tient là un rôle en or et pour la première fois un rôle dramatique. En effet, Scorsese a choisit l’un des plus grands humoriste pour camper un personnage un peu mégalo mais qui doit surtout laisser la place à la drôlerie de De Niro et Bernhard. Alors pas une seule fois il ne décrochera un sourire et il arrive à merveille à faire passer l’agacement de son personnage. D’une certaine manière il s’agit d’une petite mise en abime de son statut de star, de l’autre d’un rôle de composition qui lui permet de montrer un peu plus l’étendue de son talent et de montrer que les comiques peuvent très bien tenir des rôles sérieux quand ils sont bien dirigés et avec un bon texte.

Avec un discours qui ne vieillit absolument pas et qui peut même paraitre un peu sage aujourd’hui, la Valse des Pantins est un film de Martin Scorsese peu connu mais qui a bien sa place. Il a d’ailleurs été accueilli très favorablement à sa sortie et bénéficie encore aujourd’hui de cette aura qui nous rappelle que Scorsese peut tout réaliser et que De Niro peut tout jouer.