All Hail The King. And long may he reign
Cette année, la grande saison des blockbusters a démarrée très tôt. Entre un excellent Captain America et un bancal The Amazing Spider-Man 2, on a bien été servis et ce n’est que le début. X-Men Days of Futur Past, Edge of Tomorrow, Jupiter Ascending, Guardians of The Galaxy, La Planète des Singes – l’Affrontement, Interstellar ou encore The Hobbit, l’année s’annonce chargée et de qualité. Mais aujourd’hui, intéressons-nous donc au "reboot" de Godzilla par le réalisateur de Monsters. Passer d’un petit film à un blockbuster démesuré avait de quoi faire peur, mais le résultat est bien au-delà de nos attentes. PS: Si vous n’avez vu aucune bande-annonce, passez votre chemin, car je parlerai de certains plans contenus dans ces dernières, sans spoiler néanmoins. Lorsque vous aurez vu le film, ma critique vous paraîtra certainement étrange, mais gardez à l’esprit que j’évite à tout prix les spoilers.
Godzilla est donc un grand film. Ne nous cachons pas, on pensait avoir vu beaucoup avec les bandes-annonces, notamment les dernières. Sauf que non. La première qualité de Godzilla est d’être un film surprenant. Réellement surprenant. Je n’ai jamais vu aucun Godzilla, donc ça le sera peut-être beaucoup moins pour les initiés, mais la première heure nous amène de surprise en surprise, que ce soit dans les arcs narratifs de certains personnages ou dans les explications de l’apparition de Godzilla. Il y a quelques semaines, j’avais assisté à une présentation de 15 minutes du film Godzilla (voir article), et j’avais été impressionné de voir combien le suspens était gardé sur la créature. Et maintenant je comprends beaucoup mieux, tant on reste parfois bouche bée devant l’inventivité de la chose.
Niveau divertissement, le film assure tout autant. Gareth Edwards sait tenir une caméra et il le prouve. Si on peut penser que sa 3D assez inutile (sauf sur la séquence de saut en parachute, hallucinante de maîtrise) est un choix de prod, toutes ses scènes d’actions et de destruction sont génialement réalisées, cadrée et montée, il y a un dynamisme dans son enchaînement d’action qui enterre le Man of Steel de Zack Snyder (et j’aime le film), mais aussi tous les produits Marvel depuis Avengers (en incluant Avengers). Le design de la bête est superbe est superbe, et certains plans sont non seulement ultra-inventif mais sont magnifiquement cadrés et pensés (mais je ne vais pas vous révéler lesquels…spoilers). Le plan final est lui aussi magnifique et visuellement très fort.
Mais Godzilla tape aussi bien plus haut qu’un simple divertissement. Dénonçant la politique nucléaire de certains pays, les mensonges perpétrés par les médias et le gouvernement, Godzilla se révèle être un film beaucoup plus fin qu’on ne le pensait, le film étant également brillant quand il touche à l’humain, lorsque celui-ci est acculé, qu’il doit faire des choix déterminants et qu’il doit parfois risquer sa vie pour une cause plus importante. En ce sens, Godzilla est très fort tant il n’a pas besoin de nous marteler ses messages pour qu’on les comprenne sans contresens. Le travail sur les traumas des personnages est également excellent, tant il est étroitement lié à l’histoire du monstre. Les révélations qui s’enchaînent après la première demi-heure sont captivantes et ne paraissent jamais forcées.
Les acteurs sont également excellents. Je ne vais pas me répandre sur le talent de Bryan Cranston, je le ferai dans une éventuelle critique de Breaking Bad, mais Aaron Taylor-Johnson est encore une fois excellent et Elizabeth Olsen nous redonne espoir quant à son rôle de Scarlett Witch dans Avengers 2.
On sent que Gareth Edwards a été énormément influencé par Spielberg. En interview il annonçait que son film était un hommage à Spielberg, notamment à travers la présence des enfants (surtout dans une scène rappelant le The Impossible de Bayona, autre film à influence Spielbergienne), dans le thème musical ou à travers de nombreuses séquences citant Jurassic Park (surtout) et les Dents de la Mer (un peu). L’influence de Steven Spielberg se ressentira sur d’autres points, mais nos amis les spoilers me l’interdisent.
Évidemment, on peut trouver des défauts à Godzilla, à commencer par sa gestion de l’espace. Lorsque les scènes d’actions commencent à s’enchaîner, on ne sait parfois pas trop où l’on est et c’est parfois un peu dérangeant, bien que l’on finisse par comprendre. La 3D dont j’ai parlé plus tôt n’est pas exceptionnelle (bien que le format Imax magnifie tous les plans de Gareth Edwards, qui s’accompagnent d’une très jolie photo) et la partition d’Alexandre Desplat, ressemblant à du Hans Zimmer bas de gamme n’est pas géniale (sauf sur une scène dans le brouillard) et aplatit parfois l’ensemble
Mais ces petits défauts ne nuisent absolument pas à l’œuvre, tant on est captivé par les images de Gareth Edwards et le scénario signé Max Borenstein (il a notamment collaboré sur ce film avec Drew Pearce, David S. Goyer …), inventif, brillant, fin et surtout, surtout, surprenant.