Résumé : Le jeune Yuma rejoint l’équipage de l’Arcadia, un navire dissident commandé par Albator qui, dans sa lutte contre la coalition de GAIA, projette de dénouer les nœuds du temps et revenir avant la guerre qui obligea les humains à quitter la Terre, devenu depuis inhabitable.
C’est par le pont que les néophytes embarque dans l’univers d’Albator, corsaire de l’espace et fleuron du space-opéra à la japonaise dans les années 70. Né de l’esprit du dessinateur Leiji Matsumoto, ce forban, qui conquit les petites lucarnes du monde entier, s’accorde aujourd’hui un petit lifting pour mieux déposer son empreinte dans l’imaginaire de nos jeunes occidentaux 2.0 gavés aux effets numériques et aux animations tridimensionnelles. Ainsi dépouillé de son crayonnage d’origine, le capitaine et l’équipage de son Arcadia prennent un nouveau départ sous la direction de Shinji Aramaki, infographiste en chef qui œuvre depuis ses débuts au sein de la célèbre Toei. Semble t-il pétri de respect pour l’animé d’origine, le réalisateur part donc à l’abordage, tâchant de marier la tradition à la modernité. Toujours drapé dans sa cape noire aux revers sanguins, le pirate des mers stellaires, cicérone d’une indépendance retenue prisonnière par une coalition néo religieuse qui a fait de la Terre un lieu saint inaccessible aux communs des mortels, dirige, tapi dans son trône de fer, son navire de mort, l’oeil posé sur sa nouvelle recrue, Yama, un espion à la solde de la puissante GAIA et de son commandant de frère, Ezra, devenu infirme suite à un grave accident. Toute voile dehors, le réalisateur fait voguer son vaisseau sur les mers opalescentes d’une intrigue d’espionnage déchirée par les contusions, particulièrement vives, qu’aborent chacun des personnages, tous épris de liberté, tous prisonniers d’un héritage de plus en plus difficile à porter. Le bardage dramatique en acier trempé conçu par le duo de scénariste, Harutoshi Fukui et Kiyoto Takeuchi, unit avec une infinie justesse l’idée de sacrifice et de renaissance, permettant à cet imposant croiseur cinématographique de résister à toutes les tempêtes et d’assurer à ses passagers un palpitant voyage dans les profondeurs de l’âme humaine et de l’espace. Toei Animation n’a, en effet, reculé devant aucune dépense afin de donner à cette transposition le souffle nécessaire à sa rénovation. Albator, Corsaire De l’Espace est ainsi un pur bonheur pour nos rétines, traversant des paysages d’une absolue beauté tout en plongeant son regard au dessus de visage d’une finesse incomparable. Armé d’une bande-son explosive signé par son fidèle gabier, Tetsuya Takahashi, le cinéaste brasse, avec une lumineuse énergie, tout un pan de la science-fiction, puisant autant dans le mythe créé par Matsumoto que dans les dernières références du genre (Bioshock, parmi les emprunts les plus évidents) et nous offre, malgré des scènes d’abordages et de combats trop vites expédies, tout ce que l’on était en droit d’attendre d’un tel divertissement. Cette solide coque est bien, ici ou là, perforé par quelques petites facilités d’usage, mais le résultat est si éblouissant et l’aventure si flamboyante que l’on oublie bien vite ses faiblesses. (4/5)
Space Pirate Captain Harlock (Japon, 2013). Durée : 1h50. Réalisation : Shinji Aramaki. Scénario : Harutoshi Fukui, Kiyoto Takeuchi. Image : Kengo Takeuchi. Montage : Shinji Aramaki. Musique : Tetsuya Takahashi. Distribution Vocale (VO) : Shun Oguri (Albator), Haruma Miura (Yama), Yû Aoi (Miimé), Arata Furuta (Yattaran), Toshiyuki Morikawa (Ezra), Miyuki Sawashiro (Kei). Distribution Vocale (VF) : Mathieu Moreau (Albator), Pierre Lognay (Yama), Marcha Van Boven (Miimé), Martin Spinhayer (Yattaran), Michelangelo Marchese (Ezra), Delphine Moriau (Kei).