[Festival de Cannes 2014] Jour 1 : Rois et Reines

Par Boustoune

Le “Palais des Festival” aura rarement aussi bien porté son nom. A défaut d’une avant-première royale, le festival de Cannes s’est offert, en guise de film d’ouverture, une projection princière. C’est en effet le nouveau film d’Olivier Dahan, Grace de Monaco, qui a été choisi pour lancer la programmation officielle de cette 67ème édition du plus important festival de cinéma de la planète.
Cela a permis à la foule,  venue nombreuse aux pieds des marches du palais, d’admirer Nicole Kidman, Tim Roth, Jeanne Balibar et Paz Vega  lors de leur ascension jusqu’aux portes de l’auditorium Lumière.
Mais il n’est pas certain, en revanche, que le film ait plu à la cour de cinéphiles peuplant la salle de projection… Le matin, les sans-culottes de la presse ont même envoyé le monarque Dahan à la Lanterne, en huant copieusement le film.
Il est vrai que, sans vouloir nous associer à ces Robespierre de la critique internationale, le film ne nous a pas fait forte impression (lire notre critique).

Cet accueil assez froid n’a cependant pas empêché le cinéaste Alfonso Cuaron et Chiara Mastroianni, fille de Marcello, qui illumine l’affiche du festival cette année, de déclarer officiellement ouverte cette 67ème édition.
Une édition qui s’annonce déjà pleine de promesses, avec une compétition où des maîtres reconnus du septième art s’affronteront dans l’espoir d’être couronnés d’une Palme d’Or, le 24 mai prochain, et des sections parallèles pleines de jeunes princes en quête de reconnaissance internationale.

Avant cela, il y a eu la traditionnelle cérémonie d’ouverture, avec Lambert Wilson dans le costume de Monsieur Loyal.. Incisif et dynamique, le comédien a essayé d’apporter un peu de folie à cet exercice généralement assez rigide. Il a commencé par distiller, en anglais,  un bon mot sur les Français et la défense de leur propre langue, puis a philosophé sur sa place dans la salle, face à ses semblables qui sont d’habitude sur l’écran, s’est embarqué dans de folles considérations capillaires, avant de danser avec une Nicole Kidman visiblement mal à l’aise et d’inviter toute la salle à célébrer les anniversaires de Tim Roth et de Sofia Coppola.
Lambert Wilson a aussi apporté une touche d’émotion, en rendant hommage à son père, George Wilson, mais aussi à Alain Resnais et Henri Langlois, insistant sur l’importance de préserver la mémoire du Cinéma mondial – à l’exception de deux ou trois comédies gênantes jouées à ses débuts… (et auxquelles on ajoutera volontiers sa prestation en simili-Céline Dion dans Sur la piste du Marsupilami…)

Mais la reine de la soirée, c’était assurément Jane Campion, présidente du jury officiel 2014. Après que Michael Nyman ait joué sur scène, en son honneur, le thème musical de La Leçon de piano, Palme d’Or en 1993, et que le public ait eu droit à un (trop long) montage de ses oeuvres, la cinéaste s’est dite honorée de diriger un jury aussi prestigieux et pressée de pouvoir se mettre au travail.
Au vu des différents membres qui constituent le petit groupe – Carole Bouquet, Sofia Coppola, Leila Hatami, Jeon Do-yeon, Willem Dafoe, Gael Garcia Bernal, Jia Zhangke et Nicolas Winding Refn, il est probable que des oeuvres atypiques et audacieuses seront récompensées.

Alors, Palmarès Royal ou récompenses roturières?
Il faudra patienter jusqu’au 24 mai prochain pour le savoir. Mais ne brûlons pas les étapes… Ce n’est que le début de ce 67ème festival et plein d’émotions fortes attendent les festivaliers au cours des dix prochaines journées…