Résumé : C’est la mort dans l’âme que Claude et Marie Verneuil marient leur trois première filles à des gendres d’origines et de confessions religieuses différentes de la leur. Croyant que la petite dernière allait enfin trouver le beau-fils idéal, ils découvrent, avec stupeur, que son futur mari est de nationalité ivoirienne.
On voyait déjà les bandeaux des critiques presse crucifier la dernière apparition cinématographique de Christian Clavier, Splendid humoriste tombé dans les tréfonds de la comédie franchouillarde depuis que Les Anges Gardiens ont quitté le ciel radieux d’une carrière de comique bien remplie. Ainsi, après avoir enfilé le costume du tire-au-flanc chez Pef (le sympathique et dispensable Profs), l’acteur revient, aux côtés de l’ex-Nuls Chantal Lauby, dans une nouvelle farce qui tire son épingle du jeu notre mauvaise foi nationale. Catholiques pratiquants et propres sur eux, Claude et Marie Verneuil assistent, dans un premier temps, au départ successif de leur trois filles ainées aux bras de gendres d’horizons lointains dont ils apprécient guère les uses et coutumes. La rancune tenace, ils cachent très maladroitement leur xénophobie latente devant leurs beau-fils, dont les opinions sont finalement tout aussi arrêtées que ceux de leur belle famille. Le discours décomplexé d’un racisme ordinaire font déraper les cènes de ménages mais la langue reste tout de même retenue et l’honneur toujours sauf lorsque est brandi une bonne cuvée de spiritueux. Mais cet équilibre, précaire, qu’ils parviennent tant bien que mal à installer entre eux s’écroule lorsque ils apprennent que leur petite dernière, pourtant promise à un jeune notable expatrié à Washington, a finalement donné sa main à un comédien catholique d’origine ivoirienne. Enfer et damnation pour ces deux drôles de paroissiens au bord de la crise de nerf, qui se demande ce qu’ils ont bien pu faire pour mérité un tel châtiment. Même constat, à plusieurs centaines de kilomètre de là, pour le futur beau-père, un affreux passéiste gardant un très mauvais souvenir de la France-Afrique du général De Gaulle. Qu’est Ce Qu’on A Fait Au Bon Dieu ? devient l’exutoire qu’il aurait dû être dès lors que le père Koffi cloue au pilori l’histoire coloniale hexagonale et ses vestiges culinaires – rappelant, à nos bons souvenirs, Congolais et autre Tête de Nègre, aujourd’hui dissimulé sous une terminologie infiniment plus consensuelle et hypocrite. On aurait adoré que cette pantalonnade ne s’articule qu’autour de ce personnage râleur, divinement interprété par Pascal N’Zonzo, qu’il inverse véritablement la logique du racisme et qu’il s’adonne moins à cette douloureuse tentation du règlement de compte de bas-reliefs. Toute fois, ce long métrage est un petit miracle au vu du pedigree de son auteur. Ayant fait de la comédie grand public sa profession de foi, Philippe De Chauveron, piètre charpentier derrière la caméra, réussit là son meilleur exercice d’écriture, une communion très orthodoxe mais relativement libérateur des nobles bassesses qui fait vibrer notre douce France. Une confession amusante qui n’a d’autre vertu que celle de rassembler son audience sous une seule et même religion: celle d’un humour qui ne prête pas à conséquence. (2.5/5)
Qu’est Ce Qu’on A Fait Au Bon Dieu ? (France, 2014). Durée : 1h37. Réalisation : Philippe De Chauveron. Scénario : Philippe De Chauveron, Guy Laurent. Image : Vincent Mathias. Montage : Sandro Lavezzi. Musique : Marc Chouarain. Distribution : Christian Clavier (Claude Verneuil), Chantal Lauby (Marie Verneuil), Pascal N’Zonzi (André Koffi), Salimata Kamate (Madeleine Koffi), Élodie Fontan (Laure Verneuil), Noom Diawara (Charles Koffi), Julia Piaton (Odile Verneuil), Ary Arbittan (David Benichou), Frédérique Bel (Isabelle Verneuil), Médi Sadoun (Rachid Benassem), Frédéric Chau (Chao Ling), Emilie Caen (Ségolène Verneuil)