Du prologue, on ne dévoilera pas grand chose, si ce n’est qu’il donne le ton général du film : surprenant et férocement drôle.
Le premier sketch se passe dans un restaurant miteux en bord d’autoroute et met aux prises une serveuse fatiguée et une cuisinière bourrue avec un client malotru, pour un menu des plus saignants.
Le second rend hommage au Duel de Spielberg et montre comment une banale incivilité routière peut sérieusement déraper et se transformer en affrontement cartoonesque entre un citadin arrogant et un bouseux teigneux.
Le troisième raconte les déboires d’un brave type confronté aux services de la fourrière, puis à divers services administratifs (service des contraventions, police,…). Il stigmatise une société corrompue où tout est prétexte à soutirer de l’argents aux braves contribuables.
Le quatrième tourne autour d’un accident de voiture meurtrier impliquant un fils de bonne famille, sous l’emprise de stupéfiants au moment des faits. Pour le sortir de ce mauvais pas, son père et l’avocat essaient de négocier un arrangement avec le procureur. après avoir déniché un type prêt à endosser le rôle du coupable à la place du fiston chéri. Mais les choses dérapent quand les intervenants tentent de récupérer une commission ou un pot de vin plus important…
Le dernier sketch raconte un mariage à la mode argentine. Pour le meilleur et surtout pour le pire… A vrai dire, on n’a pas vu une fête de mariage dégénérer de façon aussi radicale depuis [Rec. 3].
Mais si les mariés font la gueule, le spectateur, lui, est à la noce devant ce jeu de massacre jubilatoire, aux répliques cinglantes et aux situations explosives, porté par une belle brochette de comédiens argentins, Ricardo Darin en tête.
On trouvera juste dommage que le cinéaste n’ait pas essayé de relier les séquences entre elles, ou du moins faire se croiser les personnages à la manière d’un Pulp Fiction, afin de ne pas donner l’impression d’une simple suite de sketchs de durées et de teneur disparates. Au moins, ils ont tous été tournés par le même auteur, ce qui assure une certaine continuité dans le type d’humour et le style de mise en scène.
Avec un petit effort supplémentaire dans la structure narrative, et une pointe d’ambition en plus, le film aurait constitué un prétendant solide à la Palme d’Or. A défaut, il constituera probablement une des bouffées d’oxygène de cette sélection officielle, et une parenthèse burlesque bienvenue dans une compétition pas toujours portée sur la franche rigolade.