Les Super-Héros sont parmi nous ! Focus sur X-Men 2

Par Kevin Halgand @CineCinephile

Avant la sortie de Days of Future Past, l’un des plus gros évènements cinéma de l’année, blockbuster très coûteux rassemblant les deux générations de X-Men, celle-ci, qui lança donc la mode des films de super-héros en 2000 et la nouvelle, celle présente dans l’excellent X-Men First Class (sur lequel je reviendrai ultérieurement), arrêtons nous un peu justement sur la première grosse franchise super-héroique (en parallèle des Spiderman de Sam Raimi) qui lança le genre à l’aube du 3e Millénaire.

Après la débâcle artistique et commerciale du Batman et Robin de Joel Schumacher, certainement le pire film de super héros de l’histoire, et la presque faillite de Marvel à la fin des années 90, qui les amena à revendre bon nombre de droits d’adaptation ciné (dont X-Men à la Fox et Spiderman à Sony), beaucoup considérait le genre comme mort. La Fox, détentrice des droits des X-Men, équipe de mutants qu’on ne présente plus, offre donc à Bryan Singer, metteur en scène jusque-là de 3 longs métrages, dont le troublant Un Élève Doué et le très célèbre Usual Suspect, de transposer à l’écran les aventures de cette troupe de mutants.

Disons-le déjà, X-Men fait partie des meilleures sagas super-héroiques de l’histoire. Si les Batman sont pour moi tout en haut (même si elle contient le meilleur et le pire film de super-héros de tous les temps), X-Men suit probablement de près, même si 3 des 6 (bientôt 7) volets sont à jeter. Voilà c’est dit, sur les 6 aventures des X-Men sortie jusqu’à présent (à savoir la première trilogie, les deux spin-offs de Wolverine et First Class), on peut éliminer le troisième volet, ramassis numérique inutile ruinant la mécanique d’équipe et les efforts fais par Bryan Singer pour apporter de la profondeur aux mutants et les deux spin-offs de Wolverine, même si le dernier a un tout petit peu de fond, il reste ennuyant, cliché et n’apporte rien à la saga originale.

Revenons donc rapidement sur le premier. Film d’équipe qui arrivait à équilibrer chaque personnage sans que l’on ait l’impression que certains soient délaissés, manifeste de tolérance envers un prochain différent, bourré d’idées de mise en scène (le combat entre Wolverine et Mystique est énorme) et transpirant d’amour pour les comic-books, le film est une grande réussite. Le second commence donc avec une des intros les plus classe de l’univers, avec l’infiltration de la maison blanche par Diablo, un mutant capable de se téléporter dans une scène hallucinante. Mise en scène exceptionnelle, rythmée, tension, tous les enjeux sont posés dans une des meilleures scènes de Comic Book Movie de tous les temps. Ensuite, le film pars dans pleins de directions, et l’arc principal du film est celui du Colonel Stryker, homme décidé à exterminer tous les mutants à l’aide du Cérébro de Charles-Xavier.

Ce qui frappe dans le film, c’est son nombre d’arcs narratifs et la fluidité qui en découle. Là où des films comme The Amazing SpiderMan 2 ou Avengers sont super mal équilibrés, Singer lui arrive à la perfection à développer assez chaque personnage pour que l’on n’est pas l’impression que certains sont justes des caméos de luxe. Ainsi si des personnages comme Tornade, Mystique ou Cyclope ne sont pas ultras approfondis, ils apparaissent suffisamment pour que leurs rôles soient essentiels et compensent leur absence (relative) de psychologie. Magnéto et Charles-Xavier ayant déjà été développés dans le précédent volet, Singer s’intéresse donc à Iceberg, Pyro, Wolverine, Malicia, Diablo et Stryker, le MacGuffin du film.

Et ce qui est donc impressionnant c’est que, outre le développement de l’histoire, chaque personnage va évoluer, même si au premier abord ils sont complètement délaissés, comme Pyro, qui se retrouvera pourtant face à un choix fondamental dans la deuxième partie du film. Ainsi même si Diablo ne pourra jamais finir de se présenter, on comprend très bien d’où il vient, ce qu’il faisait dans ce fameux cirque d’où il dit provenir et ses motivations. L’histoire d’amour entre Iceberg et Malicia évoluent, et celui-ci va prendre de l’ampleur en tant que personnage, notamment dans une scène géniale, sorte de coming-out mutant où Iceberg se rendra enfin compte de quelle est sa véritable famille. Et finalement, l’histoire de Wolverine, intimement liée à celle de Stryker, va être en partie expliquée dans le film (ce qui me laisse d’ailleurs très dubitatif quant à la pertinence d’un X-Men Origins Woverine. Surtout avec un Deadpool muet). Le film porte également en lui, à l’instar du premier volet, un très beau message de tolérance et d’acceptation de la différence, à travers cette scène chez les parents d’Iceberg notamment, mais également de tout l’arc narratif de Diablo, très émouvant, et de toutes les motivations de Stryker

Mais le plus gros point fort du film, c’est sa mise en scène. Appuyée par une composition musicale excellente, Singer fait éclater son talent à travers nombre de scènes démentes. Ainsi, l’ouverture dont j’ai déjà vanté les mérites est géniale, mais le film ne s’arrête pas là, la scène de l’évasion de Magnéto est un modèle d’inventivité, de dynamisme et de réalisation, l’explosion de colère de Pyro est remarquable (bien que les effets spéciaux ait un peu vieilli), toute la partie "finale" dans Cérébro est super tendue et pleine de rebondissement, le combat entre Wolverine et l’assistante de Stryker est ultra rythmé, et le final avec Jean Grey est très impressionnant et émouvant.

X-Men 2 n’est donc pas seulement un bon film de super-héros, il est également un des meilleurs de son genre, un film d’équipe superbe, et surtout un film sur l’acceptation de l’autre, profond et émouvant. Et à quelques jours de la sortie de Days of Future Past, qui devrait signer le retour en grâce de Singer à la tête des X-Men, les dernières paroles du Colonel Stryker résonnent dans nos têtes, et semblent vouloir nous faire oublier 3 volets catastrophiques. Un jour, quelqu’un finira ce que j’ai commencé disait-il. Ce jour est donc arrivé.