A Cannes, aujourd’hui, c’était la journée des “merveilles”.
C’est en effet aujourd’hui que l’équipe d’Alice Rohrwacher a monté les marches, pour présenter, en compétition officielle, Les Merveilles. L’histoire d’une famille d’apiculteurs toscans vivant à l’écart de la ville et du monde moderne, qui voit son univers menacé par les exigences de mise aux normes de ses installations et l’irruption d’une équipe de télévision venue organiser un jeu autour des produits du terroir.
Tout le monde n’a pas été sensible aux qualités de cette fable écologique et sociale, peut-être un peu trop tendre, trop “artisanal”, justement, par rapport à certains grands films de la compétition. Mais, alors que beaucoup reprochent au festival de sélectionner toujours les mêmes auteurs, on ne va pas s’offusquer de voir débarquer une cinéaste comme Alice Rohrwacher, qui possède un style et un univers très personnels. Après, on peut aimer ou pas…
De notre côté, nous avons trouvé le film intéressant, même si maladroit et inabouti. Mais une bonne partie de la presse l’a boudé.
La vraie “merveille” du jour était peut-être plus The Homesman, de Tommy Lee Jones, un western en apparence classique, respectant à la lettre les codes du genre, mais qui s’avère, au fil des minutes, bien plus riche et bien plus surprenant.
Le public a été séduit par le jeu d’Hilary Swank, touchante héroïne essayant de trouver sa place dans un monde en pleine mutation, et de Tommy Lee Jones, parfait en vieil ours soudain touché par la grâce, mais a aussi apprécié l’ambiance, crépusculaire et pessimiste de l’oeuvre, et la mise en scène élégante du cinéaste.
Une belle surprise…
Nous n’avons pas pu voir Turist, le film suédois présenté dans la section “Un Certain Regard”. Séance complète… Il est vrai que, le weekend aidant, l’affluence est sensiblement en hausse dans les salles du palais. A la place, nous avons joué les touristes et repris des forces pour nous attaquer à deux gros morceaux Art & Essai, dans la même section : La Belle Jeunesse, de Jaime Rosales et Jauja de Lisandro Alonso.
Le premier est composée de moments de la vie d’un jeune couple espagnol confronté à la crise économique. Jaime Rosales y capte parfaitement l’air du temps, montrant les préoccupations de la jeunesse, le poids d’un système économique mondialisé tuant l’innocence et étouffant les rêves.
Certains trouveront sûrement le contenu et le propos assez banals, mais le film est néanmoins porté par de belles trouvailles, comme ces accélérations du récit reposant sur la lecture de la galerie photo d’un smartphone et les réactualisation d’un profil Facebook.
Le second est une oeuvre austère, reposant plus sur des partis pris esthétiques – image carrée, travail sur la composition des plans, la profondeur de champ et les effets de lumière – que sur une intrigue à proprement parler. Pendant plus d’une heure, on y voit un conquistador danois (Viggo Mortensen) déambuler dans les herbes folles ou crapahuter dans les rochers, cherchant en vain sa fille disparue. Inutile de préciser qu’on s’y ennuie assez rapidement, et que le véritable propos – une réflexion sur le sens de la vie et le côté dérisoire de l’homme face au temps et à l’espace, n’apparaîtra qu’aux plus patients – et aux moins ensommeillés – des spectateurs.
Faute d’emploi du temps chargé et de choix à effectuer, nous ne sommes toujours pas allés à la Quinzaine des Réalisateurs, qui propose pourtant une programmation de qualité. Bon, peut-être pas les deux oeuvres présentées aujourd’hui, qui n’ont suscité qu’un enthousiasme limité. Refugiado de Diego Lerman a semble-t-il déçu malgré un début prometteur, et le film sud-coréen A hard day est finalement un polar se série B assez anecdotique, loin des réussites majeures que pouvaient constituer des titres comme Old boy ou The Chaser.
Pour finir, la Semaine de la Critique a proposé un film colombien Gente de bien dont nous n’avons pour le moment pas eu de retours positifs ou négatifs.
Bilan assez mitigé, donc pour cette cinquième journée de projections, avec le seul The Homesman comme franche et entière source de satisfaction. Mais demain, David Cronenberg entre en piste et nous promet le firmament avec son Maps to the stars…