Godzilla, le roi des monstres géants est de retour sur grand écran avec Gareth Edwards aux commandes pour un film catastrophe à échelle humaine mais au scénario au ras des pâquerettes.
En 1998, Roland Emmerich importait Godzilla aux Etats-Unis dans un blockbuster décérébré devenu au fil du temps un véritable nanar sans substance dont on retient un lézard géant, des bébés ressemblant à des raptors sortis de Jurassic Park, Matthew Broderick paumé et Jean Réno plus over ze top que jamais. 16 ans plus tard, ce sont les producteurs de Legendary Pictures (à l’origine des reboot de Dark Knight, Man of Steel mais aussi de Pacific Rim) qui ont réussi à négocier avec la Toho qui a inventé le monstre il y a 60 ans l’opportunité de réaliser un nouveau film avec le roi des monstres. L’approche du studio est radicalement de celle d’Emmerich et le choix du réalisateur démontre bien l’intention qui est la leur.
Car Gareth Edwards a été repéré avec le petit film Monsters qui, malgré le rythme lent, montrait un bon attachement aux humains, une certaine poésie, une proximité avec la nature et surtout, des monstres dont l’apparition était courte mais dont l’approche réaliste était touchante. Le mettre aux commandes d’un blockbuster aussi énorme que cette nouvelle vision de Godzilla est donc un défi pour lui mais cela prend tout son sens pour redonner au monstre ses lettres de noblesse.
Ainsi, le scénario de ce Godzilla nouveau réuni bien les éléments qui ont été installé dans le mythe japonnais à savoir l’idée que la nature aura toujours le dessus sur l’homme, remettant en avant la menace du nucléaire (qui prend encore plus de sens aujourd’hui après le désastre le Fukushima, là où le Godzilla original résultait des retombées d’Hiroshima). Le film choisit de mettre en avant une histoire humaine, celle d’une relation père-fils difficile après une première menace du monstre. En ce sens, la première partie du film bénéficie d’une excellente mise en place avec des personnages fouillés et des enjeux passionnants.
Hélas, la seconde partie sera un véritable ventre mou dans lequel le scénario se révèlera finalement particulièrement plat, où les personnages seront finalement ballottés comme des pantins dans une action qu’ils ne comprennent pas, au milieu de monstres qui vivent leur vie toujours hors écran. Et si l’atmosphère apocalyptique et pesante est particulièrement réussie, elle ne masque pas ses soucis scénaristiques flagrants avec de grosses facilités et incohérences (comme un monstre qui vole tout les déchets nucléaires planqués dans une montagne sous protection militaire sans que personne ne s’en rende compte). La présence de Godzilla se fait alors attendre.
Heureusement, arrive enfin le dernier tiers qui, même si il souffre de problème de scénario trop simpliste, arrive enfin à imposer Godzilla comme un monstre de charisme. Avec une réalisation à hauteur d’homme qui n’est pas sans rappeler la Guerre des Mondes de Spielberg (ce n’est d’ailleurs pas le seul élément que le réalisateur reprend de Spielberg) et qui nous entraine alors dans un spectacle de destruction impressionnant mais aussi avec une dimension tragique, avec des idées aussi brillantes que ce parachutage de soldats vers l’enfer brumeux du combat, Edwards nous plonge dans un conflit visuellement bluffant mais trop court pour être apprécié être apprécié à sa juste valeur. Car si il a bien réussi à restituer cette aura de dieu géant, destructeur et sauveur, qu’est Godzilla, celui-ci s’en va aussi vite qu’il est apparu, sans beaucoup d’explications.
Ce retour de Godzilla navigue donc entre deux eaux, celles du respect du mythe et du spectacle impressionnant à la réalisation travaillée d’un côté, et celles du scénario sans grand intérêt de film catastrophe lisse qui gâche un peu l’ambition qui se cachait pourtant derrière. Mais malgré cette gène, on préférera alors en retenir les qualités pour espérer revoir et profiter du monstre plus longtemps la prochaine fois.