X-Men Days of Future Past [Critique]

Par Kevin Halgand @CineCinephile

"Les X-Men envoient Wolverine dans le passé pour changer un événement historique majeur, qui pourrait impacter mondialement humains et mutants."

Douze ans. Il aura fallut douze ans pour que le maître revienne au bercail, que le fils prodigue des films de super-héros du 3eme millénaire retourne là où il devait être. Douze ans que X-Men 2, l’un des meilleurs ComicBookMovie du monde est sortit. Entre purge (X-men 3, X-men Origins : Wolverine), films bancal (The Wolverine) et très bonne surprise (First Class), la saga est passée par de nombreux stades qualitatifs, la faute à une production qui a confié la réalisation à des réalisateurs médiocres ou l’écriture des scénarios à des incapables. Mais tout cela est finit douze ans après X-Men 2, Brayn Singer revient nous livrer (encore) un des meilleurs CBM du monde.

Le film commence donc dans le futur, en 2032. Les derniers mutants vivant (parmi lesquels Blink et Bishop, les nouveaux venus, mais aussi Magneto, harles Xavier, Wolverine, Kitty Pride et Iceberg) se cachent des sentinelles, robots géants ayant la capacité de traquer les mutants et d’absorber leurs pouvoirs. Leur création remonte à un évènement situé dans le passé qui, s’il est changé, modifierait le cours de l’Histoire. La conscience de Wolverine va donc être envoyée dans son corps de 1973, où il devra réunir les Charles Xavier et Magnéto de l’époque pour changer cet évènement.

Dans le comics, c’est la conscience de Kitty Pride qui est envoyée dans le passé. On peut ronchonner sur l’aspect commercial du fait d’envoyer Wolverine dans le passé mais au final, ce n’est pas dérangeant tant l’explication de l’envoi de Wolverine dans le passé est plausible et que le film n’est pas un film sur Wolverine, mais bien sur le trio Charles/Magneto/Mystique (alors appelée Raven). En effet, en 1973, une dizaine d’année après les évènements de First Class, les 3 anciens amis sont séparés, l’un est reclus dans son école, affaibli, l’autre dans la prison la mieux gardée du monde et la troisième est…un peu partout.

Ce qui frappe dans Days of Future Past, et qui frappait déjà dans First Class, c’est la capacité qu’à Bryan Singer (même s’il n’officiait pas sur le précédent volet) de donner à son scénario de la profondeur et du réalisme en le situant dans l’Histoire. Exit les héros sombres, filmés de dos avec un milliard de traumas (je t’aime quand même Chris), ici les personnages en ont des traumas, mais Singer préfère les faire interagir avec l’Histoire, ici les accords de Paris signifiant la capitulation américaine après la guerre du Vietnam. Les grandes lignes du film toucheront donc la grande histoire, et le scénario repose sur la dystopie mise en place (bien meilleure que dans un Watchmen par exemple).

Mais Singer n’oublie pas ses personnages. Ainsi, chacun porte un bagage lourd, très lourd. Charles Xavier est en proie au doute et à la déprime, Hank McCoy ne sait comment le suppléer, Magneto est en prison et Raven cherche à venger les persécutions menées contre son peuple par l’industriel Bolivar Trask, à l’origine du programme Sentinelle et Wolverine porte le futur sur ses épaules. Et s’il réussit, il sera le seul à se souvenir de ce qui s’est passé. C’est donc dans un contexte fort dramatique que vont s’enchaîner les évènements, avec une fluidité parfaite.

Car, bien que le film soit extrêmement bien scénarisé (excepté un final prévisible, mais on ne peut pas tout avoir), sa plus grande force est encore une fois sa mise en scène. Singer est un génie, son amour des comics se ressent à l’écran, et sa mise en scène est ultra inventive. Exit le dynamisme de l’ouverture de X2, le plan avec le mur de glace ou autre, place à beaucoup plus lourd. Les scènes du futur son très belles, et les combats superbes, grâce à des mutants inédits dont les pouvoirs sont suffisamment bien exploités de manière cinématographique pour que l’on ait pas l’impression que ce soit juste du fan service (hein Ratner). Le climax final est remarquable, il y a une montée en tension exemplaire dans la dernière demi-heure, qui démarre (environ) avec un plan sublime, où Magneto récupère son casque. De plus, le climax est d’autant plus réussi qu’il met en scène des personnages au top de leur forme. Magnéto n’est pas un gamin qui découvre ses pouvoirs ou un vieillard sur le déclin, il est un homme d’âge mûr, qui contrôle totalement ses pouvoirs, et va s’en servir dans une des scènes les plus impressionnantes depuis longtemps.

Car il ne suffit pas simplement d’aller dans la surenchère d’action vide de sens, comme ont pu le faire Whedon ou Snyder (bien que j’ai beaucoup aimé leurs films respectifs), mais de montrer une scène impressionnante et épique qui pourrait être toute droite sortie d’un comics. Ainsi, les cadres et le découpage collent merveilleusement bien à l’ambition de cette scène, qui, comme plein d’autres, montre l’amour que porte Singer aux comics.

Et puis Quicksilver. Bien que j’ai souvent lu que le personnage ne colle pas du tout à celui des comics, en faisant abstraction de ça, et en restant spectateur de cinéma, amateur des X-Men en comics bien que pas un spécialiste, j’ai été soufflé. Sa scène est monstrueuse. Je pense que le terme a été beaucoup galvaudé ces derniers temps (comme celui de chef-d’œuvre, donné à un film sur deux), mais la scène est parfaite. Non seulement elle est drôle, et apporte encore plus de fraîcheur à l’univers déjà bien cool du film, mais elle est parfaitement mise en scène. Donner l’impression qu’un personnage va vite n’est pas donner à tout le monde. Il ne suffit pas de faire un trait de lumière qui se déplace vite (coucou Flash. Et beurk en fait) ou de filmer un personnage qui va vite d’un point à un autre. Non c’est la sensation qu’il faut capter, c’est dur, mais c’est possible. Et Singer le fait, et à merveille. Chaque plan de sa scène est un régal (en plus de la musique). C’est inventif, drôle, les cadres et la réalisation sont ultra dynamiques, chaque plan pourrait être une vignette de comics, Whedon doit être incroyablement triste d’intégrer Quicksilver à Avengers 2 et en plus, Peter Maximoff a un tee-shirt Pink Floyd. Si ce n’est pas la cerise sur le gâteau ça.

Inventif, rythmé, émouvant parfois, soutenu par un thème musical royal, des acteurs tous meilleurs les uns que les autres (Fassbender et Dinklage sont dingues), un scénario béton malgré quelques petites incohérences et avec la meilleure scène de CBM du monde (oui oui celle de Quicksilver), Days of Future Past est un très grand film. De super héros, d’équipe, mais aussi un grand film tout court. Le meilleur de la saga. Adieu Marvel, adieu Sony, Bonne chance DC.