"A Hollywood, la ville des rêves, se télescopent les étoiles : Benjie, 13 ans et déjà star; son père, Sanford Weiss, auteur à succès et coach des célébrités; sa cliente, la belle Havana Segrand, qu’il aide à se réaliser en tant que femme et actrice.
La capitale du Cinéma promet aussi le bonheur sur pellicule et papier glacé à ceux qui tentent de rejoindre les étoiles: Agatha, une jeune fille devenue, à peine débarquée, l’assistante dP’Havana et le séduisant chauffeur de limousine avec lequel elle se lie, Jerome Fontana, qui aspire à la célébrité.
Mais alors, pourquoi dit-on qu’Hollywood est la ville des vices et des névroses, des incestes et des jalousies ? La ville des rêves fait revivre les fantômes et promet surtout le déchainement des pulsions et l’odeur du sang. "
Il y a deux ans presque jour pour jour, David Cronenberg présentait en compétition officielle au 66e Festival de Cannes le film Cosmopolis. Absolument génial pour certain, ennuyant et sans intérêt pour d’autres, rares sont les films à avoir tant divisé et à continué de diviser. David Cronenberg est un réalisateur imprévisible qui peut aussi bien nous livrer des films psychologiques, des thrillers mafieux ou encore des films dont le but premier est de livrer une critique. Néanmoins, il existe un point commun entre tous ses films : des personnages psychologiquement fragiles et au bord de l’implosion. La Mouche décryptait la psychologie d’un scientifique prêt à se sacrifier pour mettre en lumière sa science, Spider revenait sur le passé d’un homme sortant tout juste d’un hôpital psychiatrique et Cosmopolis suivait de près un golden boy dont la vie était régie par le monde de la finance. Le film où cet exemple est le plus flagrant se nomme A Dangerous Method, film où le cinéaste met à mal les psychanalystes Carl Jung et Sigmund Freud. David Cronenberg aime les personnages complexes et troublants, mais depuis Cosmopolis, il aime par-dessus tout critiquer notre société en passant par des milieux sociaux bien spécifiques.
Après s’être attaqué au monde de la finance, David Cronenberg embrase Hollywood et lance un regard satirique sur ce qui est en quelque sorte son monde : celui du cinéma et plus précisément sur le mythe hollywoodien. Avec Maps to the Stars, le spectateur met les deux pieds dans un monde qui devrait le faire rêver, mais qui au final a tout pour lui faire peur. Sombre et glauque à souhait, Hollywood tel qu’il nous l’est décrit dans ce film, est un univers qui ne nous correspond pas et auquel on ne souhaite pas correspondre. Entouré par la drogue, le sexe et les pensées malsaines, les personnages vivants dans ce monde sont instables, parfois détestables, sensibles et faibles, car pouvant imploser d’un moment à l’autre. Au travers de six personnages, nous allons découvrir six personnalités totalement différentes, mais disposants d’un point commun, qui n’est autre que l’envie d’en avoir toujours plus. Le monde hollywoodien nous est décrit comme un monde cruel dans lequel on s’envenime dès qu’on y met un orteil. Un monde qui est régi par la drogue, le sexe et l’appât du gain. Alors que certains vont se révéler être de bons manipulateurs afin d’arrivé à leurs fins, d’autres vont se faire manipuler ou vont tenter d’y résister, mais ces derniers vont vite se rendre compte qu’on ne peut pas survivre à Hollywood s’en avoir à faire du mal ou à se faire du mal. Le film insiste sur la psychologie humaine et plus particulièrement sur des personnages avides de reconnaissance et de pouvoir. Cruelle, cette vision du monde hollywoodien s’avère être perspicace et tendancieuse. David Cronenberg souhaite mettre en abime un monde qu’il n’apprécie guère, mais astucieusement, il préfère garder un œil léger pour ne pas avoir à paraître comme quelqu’un de négatif et méchant.
Lors de la conférence de presse donnée à Cannes en l’honneur de la présentation du film, David Cronenberg a déclaré avoir réalisé une comédie, un film drôle. Difficile de le croire telle sa filmographie est sombre et les thèmes abordés dans son film sont malsains, mais il se pourrait bien qu’il ait raison, car Maps to the Stars est un film sombre, malsain, difficile d’accès et brutal, mais également drôle. Grâce à un regard satirique porté sur Hollywood et ses nombreux moutons, il arrive à faire rire alors que le moment ou les dialogues ne s’y prêtent pas. Il est possible de rire de tout et le cinéaste nous le prouve ici. David Cronenberg ose et va au bout de ses idées en utilisant ce qui se fait de plus difficile (folie, paranoïa, inceste…) afin de rendre le film satirique et non pas sérieux. Il pousse ses personnages dans leurs derniers retranchements et leurs permets de devenir touchants malgré leurs folies et leurs personnalités extravagantes. Porté par un casting de choix duquel on retiendra une Julianne Moore follement surexcitée, une Mia Wasikowska fascinante et dérangeante, ainsi qu’un Evan Bird fascinant, Maps to the Stars est un film où la folie est contagieuse, dont le seul à resté indemne est son metteur en scène.
Avec Cosmopolis et Maps to the Stars, David Cronenberg pourrait se constituer un diptyque puisque similaires dans leurs traitement que l’on parle du fond ou de la forme. Tel un psychanalyste qui a besoin de mettre les personnages en confiance afin de leur soutirer les meilleures informations, nous retrouvons ici des scènes clefs qui se déroulent dans des intérieurs et plus précisément dans les maisons des stars (rapprochement avec les deux décors clefs de Cosmopolis, la limousine et l’appartement de Benno Levin). De plus, Maps to the Stars possède la même nonchalance que pouvait posséder Cosmopolis ou Spider, à la fois dans le montage ou la narration. Très lent et souvent contemplatif via à vis de ses personnages, David Cronenberg se sert de cette lenteur pour extraire des personnages des informations essentielles qu’il obtient grâce à sa mise en scène habituelle. Un film que je ne peux conseiller à n’importe qui, mais les fans du réalisateur apprécieront et qui sait, ceux qui avaient été déçu par Cosmopolis apprécieront peut-être cette nouvelle histoire où les personnages sont cloitrés dans un monde duquel il ne souhaite qu’une chose : retrouver leur Liberté.