"Maléfique est une belle jeune femme au cœur pur qui mène une vie idyllique au sein d’une paisible forêt dans un royaume où règnent le bonheur et l’harmonie. Un jour, une armée d’envahisseurs menace les frontières du pays et Maléfique, n’écoutant que son courage, s’élève en féroce protectrice de cette terre. Dans cette lutte acharnée, une personne en qui elle avait foi va la trahir, déclenchant en elle une souffrance à nulle autre pareille qui va petit à petit transformer son cœur pur en un cœur de pierre. Bien décidée à se venger, elle s’engage dans une bataille épique avec le successeur du roi, jetant une terrible malédiction sur sa fille qui vient de naître, Aurore. Mais lorsque l’enfant grandit, Maléfique se rend compte que la petite princesse détient la clé de la paix du royaume, et peut-être aussi celle de sa propre rédemption…"
Le cinéma est un monde où l’on en trouve pour tous les goûts. Les reboots et remakes (puisqu’il en va de même pour celui-ci) sont presque devenus des genres de films à part entière et qui se démocratisent de plus en plus, puisqu’ils ne nécessitent pas un gros travail sur le fond grâce à une base déjà posée et la licence en question, déjà connue du public. Après Blanche Neige qui connue un retour en force en 2012 avec pas moins de deux films : Blanche Neige et Blanche Neige et Le Chasseur, puis le Magicien d’Oz avec Le Monde Fantastique d’Oz et en attendant l’adaptation live de Cendrillon réalisé par Kenneth Branagh et prévu pour 2015, voici le retour au cinéma de La Belle aux Bois Dormant. Ne provoquant qu’ennuis et indifférence sur le papier, ce film s’avérait tout de même intrigant puisqu’il ne s’agit pas d’une adaptation du dessin animé éponyme paru en 1959 sous la houlette de Disney, mais bien d’une relecture du conte. Le conte et par conséquent le dessin animé, La Belle au Bois Dormant racontent l’histoire d’une princesse qui se voit plongée dans un sommeil éternel le jour de ses 16 ans après s’être piqué le doigt avec un fuseau, à cause d’un sort qui lui fut jeté par une vieille fée, le jour de son baptême. Avec Maléfique, le personnage central n’est pas la princesse Aurore, mais bien la vieille fée qui se voit nommée Maléfique. Contrairement au conte initial qui nous dévoilait une histoire d’amour en terme d’arc narratif principal, ici cet arc narratif se voit remplacé par l’histoire de la fée Maléfique. Comment est-elle devenue aussi méchante ? Pourquoi a-t-elle décidé de jeter un sort à cet enfant et non pas au roi lui-même ou même à sa reine ?
Ce long-métrage souhaite offrir aux spectateurs une relecture du conte de Charles Perrault, ce qui s’avère être assez intelligent puisqu’il utilise donc les bases du conte, une licence connue, tout en promettant des informations complémentaires au conte initial dont l’histoire est mondialement connue. Il est intéressant de voir la vision que peuvent posséder les scénaristes américains sur les origines d’une vieille fée qui a terrifié des milliers d’enfants, mais il est finalement déstabilisant de voir qu’un tel personnage a pu devenir "méchante" à cause d’une peine de cœur. Peu original dans le fond, Maléfique nous dévoile la part d’humanité qui réside chez cette fée terrifiante. Le pari proposé est audacieux puisque le film permet aux spectateurs d’entrer en empathie avec un personnage qui au préalable n’a rien de sympathique ou de touchant. Le personnage est bien écrit et plus important, le spectateur croit à cette nouvelle histoire, malgré un sentiment de déjà vu qui s’installe trop rapidement à cause de rebondissements inintéressants, car déjà utilisés dans diverses romances ou drames, dans lesquels une femme se voyait brisée à cause de la cupidité et l’avarice de l’homme. Loin d’être un film féministe ou misanthropique, Maléfique est surtout avant tout un film dont le seul arc narratif intéressant est celui qui nous développe les sentiments ressentis par le personnage principal. Contrairement au protagoniste Maléfique qui bénéficie d’une écriture juste et remplie d’émotion, les personnages secondaires ne disposent ni de charisme, ni de sentiments à partager.
Maladroitement écrits, ces derniers sont inintéressants au possible et n’ajoutent aucun charme au film ou ne développent de thématiques intéressantes. Il réside malgré tout un thème qui était également au cœur du conte écrit par Charles Perrault et qui fait un retour timide au sein de la narration de cette relecture, qui est celui de la famille. Alors que l’image du père n’a plus rien à voir puisqu’ici il n’est plus que l’ombre de lui-même et ne fait même plus attention à la princesse Aurore, ne pense plu qu’à la vengeance, c’est l’image de la mère qui prend une place considérable dans ce nouveau récit. Un enfant ne peut pas évoluer correctement sans une mère protectrice, un parent proche qui puisse lui apporter l’amour dont il a besoin. C’est ce que nous fait sous-entendre le scénario de ce Maléfique et ce n’est pas une mauvaise idée puisqu’en plus de s’éloigner toujours plus du récit initial, ça lui permet également d’amplifier l’empathie que ressent le spectateur envers la fée Maléfique. Néanmoins, en passant outre ces défauts d’écriture concernant les personnages secondaires ce malencontreux sentiment de déjà vu qui revient à chaque rebondissement ou changement d’état psychologique du protagoniste, il en reste une relecture intéressante à suivre grâce à un personnage principal touchant et attachant, car incroyablement interprété par une Angelina Jolie totalement habitée par l’âme de la fée Maléfique.
Terrifiante, touchante, naturelle, drôle, Angelina Jolie nous tétanise et nous émerveille à chaque instant et le réalisateur ne s’en prive pas, puisqu’elle est au centre de chaque plan et il la magnifie sur chaque nouveau plan. Sobre, sans être néfaste au film, la mise en scène de Robert Stromberg manque tout de même de personnalité et ne se détache pas suffisamment de l’idée que l’on peut se faire d’un conte via les écrits ou dessins animés. Il en est de même pour la réalisation, qui malgré quelques beaux plans, une belle gestion de la lumière et une esthétique fabuleuse (effets spéciaux pas toujours au point, textures qui manquent de finesse et quelques arrières-plans flous), en parfaite corrélation avec l’état d’esprit du protagoniste, manque d’originalité et d’audace. Centrée sur le personnage principal de la scène, il n’arrive pas à se détacher des personnages, ce qui ne permet pas à ce Maléfique de se détacher de films auxquels on pourrait le comparer en bien comme en mal. Parfois bon, parfois mauvais, Maléfique allie bonnes et mauvaises choses que ce soit sur le plan narratif comme visuel ou technique. Si on devait seulement retenir une chose de ce film, ce serait tout simplement Angelina Jolie qui à elle seule porte le film et toutes les émotions qui s’en dégagent, sur ses seules épaules.