Résumé : Après qu’un site de jeu en ligne ait dilapidé son compte en banque, Richie Furst, étudiant à Princeton, se rend au Costa Rica afin de rencontrer Ivan Block, le patron du site.
Après le coup de poker remporté avec sa solide Défense Lincoln, le réalisateur Brad Furman part tenter sa chance sous le soleil du Costa Rica, réputé pour ses liqueurs, ses épaisses forêts vierges et ses filles qui le sont beaucoup moins. Players abat très rapidement ses cartes, en nous présentant le monde du poker en ligne tel que se le figure le citoyen lambda drogués aux enquête exclusives de ce trublion de Bernard De La Villardière : une zone grise où règne manipulation et corruption, les deux plus grands fléaux de notre siècle derrière Daniela Lumbroso et les ouvertures faciles des sachets de gruyère râpé. Ainsi, après avoir perdu, de manière obscure, sa mise sur un site de jeu en ligne pas très net, Richie Furst va débarquer dans cet univers interlope afin de régler ses comptes avec le fameux Ivan Block, le patron hyper sulfureux du site web. Ce dernier lui propose d’achèter son silence en lui proposant d’intégrer son business. À ce moment là, on découvre que le réalisateur possède une très mauvaise main. En effet, le scénario de ce "heist movie" sous tranxène pas crédible pour un sou témoigne de son époque, celle de ces traders victimes et acteurs d’un système nocif avec lequel il roule plus ou moins tant que celui-ci peut lui offrir la gloire, la beauté et des stabilo move easy. Cet étudiant idéal, ancien boursicoteur sacrifié sur l’autel de la crise au physique de chanteur de pop américaine, est un pur produit de ce milieu, même si son retour sur les bancs de l’école tente de nous vendre une innocence retrouvée. Il connait donc très bien les ruses et astuces employés par Ivan le Terrible, dont il cautionne indirectement les actes en prenant part active à son entreprise. Conscient de cet état de fait, le réalisateur tente de nous rendre acceptable, par le biais d’une voix-off d’un conformisme soporifique, cet opportunisme de circonstance qu’exprime le jeune homme. Finalement, c’est dans l’indifférence générale que le grand bluff organisé par Brad Furman, avec la complicité du tandem Brian Koppelman/David Levien (Le Maitre Du Jeu, Ocean’s 13, Les Joueurs), échoue dans le bleu turquoise bordant cette aberrante et abracadabrante escroquerie cinématographique qui, comme le dirais l’eunuque, m’en touche donc une sans faire bouger l’autre. Une donne qui ne semble d’ailleurs pas déchainer les ardeurs d’un casting excessivement mollasson, tout juste illuminé par la féline Gemma Arterton malheureusement à la tête d’un rôle de potiche juste bon à appeler du pied les pulsions sexuelles d’un Justin Timberlake totalement éteint. Le réalisateur ne se donne même pas la peine de se refaire, offrant une mise en scène au mieux transparente, au pire terriblement quelconque. Ainsi, Brad Furman a mené sa partie comme il le pouvait, mais s’est brûlé les ailes (avec un échec public retentissant à la clé) en nous faisant croire qu’il avait en main une magnifique Quinte alors qu’il ne possédait, dans son jeu, qu’une ridicule carte haute. (1/5)
Runner Runner (États-Unis, 2013). Durée : 1h32. Réalisation : Brad Furman. Scénario : Brian Koppelman, David Levien. Image : Mauro Fiore. Montage : Jeff McEvoy. Musique : Christophe Beck. Distribution : Justin Timberlake (Richie Furst), Ben Affleck (Ivan Block), Gemma Arterton (Rebecca Shafran), Anthony Mackie (l’agent Shavers), Yul Vazquez (le délégué Herrera), John Heard (Harry Furst).