David Cronenberg était de retour à Cannes pour dénoncer le système hollywoodien avec Maps to the Stars … ok, ça dénonce mais un peu dans le vent non ?
Il y a deux ans, David Cronenberg nous avait bien déconcerté avec son Cosmopolis qui lui permettait d’aborder le sujet de la crise du point de vue d’un yuppie en limousine. Toujours pas assagi contre le système, cette fois c’est aux dérives d’Hollywood qu’il s’intéresse à travers ce film choral où se croisent une vieille actrice en pleine thérapie, un gourou d’on ne sait pas trop quoi, un fiston-star à la grosse tête et le retour d’une mystérieuse jeune brûlée qui va bouleverser la vie de tout ce petit monde et les mettre face à leurs contradictions.
Pendant un long moment, le film multiplie les scènes de ses personnages névrosés qui oscillent tous entre le détestable et le pathétique. C’est clair, le discours de Cronenberg sur ces habitants un peu spéciaux du Los Angeles du luxe n’est pas complaisant et il va même en dresser le portrait d’une famille consanguine aussi surprenant que rebutant et déconcertant.
Maps to he Stars déclenche ainsi plusieurs sentiments étrange. D’un côté il y a l’ennui provoqué par une mise en scène qui prend son temps, qui laisse traîner les choses, comme pour mieux nous faire mal. D’un autre côté, cette lenteur et ces personnages auxquels on a du mal à s’identifier ont également un aspect fascinant et l’on se demande bien jusqu’où ils pourraient aller pour tenir le rôle qui fera d’eux des stars. C’est clair, le film va diviser et pourtant il se révèle peut-être plus en y repensant une fois qu’on l’a vu, d’autant plus que les deniers instant où Cronenberg va évidemment placer la violence qu’il fallait pour faire bouger les choses.
Le destin du personnage de Julianne Moore, actrice maudite qui souhaite jouer un personnage dans le remake d’un film dont sa mère était la star est donc un étrange miroir de cette famille qui doit faire face aux névroses de son gamin-star surprotégé par une mère qui n’en peu plus de garder ses secrets. Un double portrait malsain qui ne peut que mal se terminer, comme une malédiction qui se réalise, dans dans lequel il y a aussi quelques instants de nostalgie étrange qui rendent le film intéressant.
Evidemment, on peut saluer le talent de ses stars magnétiques qui apportent toute leur étrangeté et malsaine vision de l’espoir dans ce film. Julianne Moore névrosée y est comme très souvent impeccable, à la fois radieuse et particulièrement noire. Après Stoker, Mia Wasikowska commence à apprivoiser les rôles de personnages borderline épaulée par un John Cusack faible comme il se doit alors que le jeune Evan Bird est une belle révélation du film.
Tous sont bien là pour donner un consistance complexe à ce portrait au vitriol d’un Hollywood consanguin. Le portrait d’une malédiction parfois un peu vain mais qui reste tout de même assez fascinant.