Culte du dimanche : le Jour le plus Long

Par Fredp @FredMyscreens

Avec le 70e anniversaire du débarquement en Normandie, il était bien naturel de consacrer le culte du dimanche à l’un de ses films les plus représentatifs : le Jour le plus Long.

Le producteur Darryl F Zanuck était bien connu pour sa forte personnalité et son coté un peu mégalo. Forcément, une grande histoire comme la Seconde Guerre Mondiale et son épisode le plus valeureux, le Débarquement en Normandie ne pouvait que l’interpeller. Il faudra attendre près de 20 ans pour qu’il se lance dans le projet et livrer ainsi une reconstitution qui resterait dans les mémoires autant qu’un grand hommage aux combattants. L’entreprise est énorme et pour la mener à bien, il s’entoure de 3 réalisateurs (Ken Annakin, Andrew Marton et Bernhard Wicki) pour un tournage de 10 mois avec un budget de 10 millions de dollars réparti sur toute la France (des plages de l’île de Ré et de Corse aux campagnes de Normandie) avec une pléiade de stars américaines, britanniques et françaises.

Comme il se doit, le film début avec l’appel du Général de Gaulle depuis la radio londonienne qui délivre le message tant attendu aux résistants. A partir de ce moment, nous allons alors suivre les états majors des alliés autant que les tentatives de compréhension des gradés allemands. Mais nous allons nous intéresser également au forces qui vont être parachutées et qui vont débarquer sur les plages pour reprendre les premières villes françaises.

Avec un souci du détail permanent (même si aujourd’hui certaines reconstitutions sont avérées erronées), le film multiplie les points de vues pour devenir un véritable témoignage de la grande logistique et des énormes enjeux de cette opération Overlord, depuis les résistants français jusqu’au soldats américains ou anglais débarquant. Tout est abordé et les visages des nombreuses stars incarnant ce qu’elles ont toujours incarné (John Wayne en général américain, Henry Fonda en monsieur tout le monde, Bourvil en français moyen ou encore Sean Connery en écossais au caractère bien trempé mais on retrouve également Robert Mitchum, Richard Burton, Arletty et même le jeune Clint Eastwood) permettent de se repérer facilement entre les différents champs d’action.

Cependant, cette profusion de points de vues et de portraits tient plus du documentaire que du grand film. La psychologie des personnages est ainsi particulièrement sommaire et l’on a du mal à s’identifier à eux malgré tout le talent des acteurs pour nous faire tout de même ressentir la peur, le danger de cette attaque décisive. Passer de l’un à l’autre nous indiffère rapidement pour nous intéresser alors à la reconstitution. Mais là aussi, malgré toute la recherche qui a été faite et les moyens déployés, on ne ressent pas vraiment d’inventivité dans la réalisation. Filmé de manière statique, le film prend de nos jours un aspect « livre d’histoire»  qui a du mal à nous emporter, à l’instar des scènes de parachutage. Heureusement, le Débarquement sera lui bien plus prenant.

On pourra également déplorer avec le Jour le plus Long la légèreté avec laquelle est traitée la guerre. Les allemands semblent facilement battus, les morts peu nombreux. Toute la tension du débarquement et l’horreur qui a suivi pour tous ces soldats n’est pas là et il faudra attendre Il faut sauver le Soldat Ryan de Spielberg pour vraiment ressentir tout cela au plus près. Non, comme l’indique la joyeuse marche musicale du générique de fin, le public n’est pas encore prêt pour tout savoir de l’horreur de la guerre et nous restons dans une œuvre très patriotique et glorifiant (à juste titre tout de même) les soldats qui ont combattu et sacrifié leur vie pour la liberté.

L’ambition du film est donc bien visible mais c’est surtout son aspect reconstitution de l’opération qui sera intéressant pour comprendre comment cette opération décisive s’est déroulée. Les 3 heures seront ainsi un vrai témoignage même si il manque d’humain malgré son casting bourré de stars internationales. Cela n’empêche toutefois pas le film d’être une réussite, un classique vu à l’époque en salles françaises par 11 millions de spectateurs et toujours  un bel hommage aux combattants. Le combat suivant de Zanuck sera quand à lui encore plus difficile avec Cléopâtre.