Road movie crépusculaire aussi lent que fascinant, the Rover va diviser mais n’en est pas moins percutant. Une chose est certaine, le cinéma australien n’a pas fini de nous retourner !
En 2011, un jeune réalisateur australien faisait parler de lui avec un polar familial de haute volée ! Animal Kingdom révélait ainsi David Michôd et toute la noirceur qu’il souhaitait mettre à l’écran. Mais avant ce premier film, il avait déjà une autre histoire en tête, écrite avec son compère Joël Edgerton qui fait donc l’objet de son second long-métrage, encore et toujours plus noir et violent, nous rappelant ce qu’il y a de plus vil dans la nature humaine. Mais reste-t-il une touche d’espoir ? Difficile à dire.
Le film prend place dans un futur proche où l’Australie a été ravagée. Nous saurons peu de choses sur ce qui est arrivé si ce n’est quelques touches avec une acivité minière qui serait la seule source de travail, le reste étant laissé à l’abandon, les habitants devenus des vagabonds. Il n’y a plus aucune loi et lorsque notre héros se fera voler sa voiture, il fera tout pour la retrouver, même si il doit pour cela supporter le frère attardé du voleur.
Une Australie post-apocalyptique, le désert et des personnes laissées à la violence, un héros mutique et une histoire de voiture … comme cela on pourrait penser à Mad Max … et pourtant David Michôd va rapidement s’en affranchir avec un style très fort, un rythme lent, pesant, et une histoire de road movie faite de noirceur et de violence qui nous fera à la fin réfléchir sur l’humanité. En effet, le réalisateur prend le risque de perdre ses spectateurs en adoptant une ambiance faite de silence, de bruits sourds, de longs mouvement de caméras qui ne captent parfois pas grand chose d’utile.
Mais c’est ce style, rempli parfois de choses anodines, qui donne aussi toute sa force au film, nous faisant alors comprendre le quotidien de cette population désespérée et de cet anti-héros sans nom qui n’a absolument plus rien à perdre sinon ce qui lui reste d’humanité. Révélant petit à petit son passé au contact du frère simplet du cambrioleur qui va finalement le suivre comme un petit chien. Le rythme lent nous met ainsi dans la même perspective que les personnages qui endurent leur voyage sous le soleil brûlant et blessés depuis 10 ans par leurs actes. Alors la violence implacable qui surgit régulièrement n’est pas gratuite mais marque bien les esprits.
Rempli d’un perpétuel désespoir, the Rover est l’un de ces rares films entre le road movie et le western crépusculaire qui montre l’humanité dans tout ce qu’elle a de plus âpre lorsqu’elle veut s’en sortir. Le parcours de cet homme, incarné avec conviction par un Guy Pearce qui n’est jamais meilleurs que dans les films de ses compatriotes, est donc difficile pour retrouver une trace de son passé et faire une croix définitive dessus avant d’essayer d’aller de l’avant dans un monde en recul. On notera aussi un Robert Pattinson qui, après ses participations aux films de Cronenberg, cherche toujours à changer son image dans des films difficile et y réussi plutôt bien.
Le film n’est donc pas à mettre entre toutes les mains mais il confirme bien toute l’identité du cinéma de David Michôd et d’une manière générale, d’un cinéma australien qui est toujours sans concessions et cela change bien de ce que nous avons l’habitude de voir.