La pie voleuse de Emanuele Luzzati, Giulio Gianini

Par Journal Cinéphile Lyonnais @journalcinephil

La pie voleuse
De Emanuele Luzzati, Giulio Gianini
Italie. 1965 – 00h35.
Date de reprise:  02 AVRIL 2014

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Synopsis

Programme de trois court-métrages d’animation. Dès 4 ans. Copie neuve restaurée.

Trois fabuleuses adaptations des opéras de Rossini par Emanuele Luzzati et Giulio Gianini. Une fête pour les yeux et les oreilles !

  • L’ITALIENNE À ALGER : Lindoro et sa fiancée Isabella, naviguant depuis Venise, font naufrage sur les côtes d’Alger. Ils sont faits prisonniers par le pacha Moustafa en quête d’une nouvelle épouse…
  • POLICHINELLE : Dans une petite maison au pied du Vésuve vit un drôle de coquin. Menteur et paresseux, Polichinelle poursuivi par sa femme et par les gendarmes, se réfugie sur le toit et se met alors à rêver de triomphe et de gloire…
  • LA PIE VOLEUSE : A la tête d’un régiment de mille soldats, trois puissants rois se mirent en marche pour faire la guerre aux oiseaux. Mais la pie leur donnera du fil à retordre…

La trilogie Rossini

Ces trois films, que l’on a parfois réunis sous le titre générique de « Rossini pour les enfants », comptent parmi les sommets de l’une des oeuvres majeures du cinéma d’animation. Saluée par deux nominations aux Oscars et de nombreux prix internationaux, cette oeuvre à quatre mains a associé, pendant près de quarante ans, les talents singuliers et complémentaires d’Emanuele Luzzati et de Guilio Gianini.

Luzzati se consacre à la création graphique et à l’histoire, tandis que Gianini anime et photographie. Cette répartition des rôles, « synthèse entre la brillante créativité de coloriste de l’un et le goût et les connaissances techniques de l’autre » restera la même tout au long de leur collaboration. Leur style est posé, reconnaissable entre tous par la qualité tout à fait particulière de la lumière qui semble comme émaner de l’image, à la manière des peintures de Chagall, de Kirchner ou même des vitraux.

Le papier découpé, technique choisie et magnifiée.
Le procédé technique utilisé est celui du papier découpé à la surface duquel Luzzati peint ses personnages et les éléments de son décor. Les figurines articulées, comme des marionnettes à plat, sont ensuite placées sur le banc-titre et animées devant la caméra qui les photographie image par image. Comparé au dessin animé, le procédé a un avantage notoire : Luzzati ne doit pas redessiner ses personnages à chaque image, au prix d’une simplification de son trait. Au contraire, chaque pantin de papier étant peint et découpé « une fois pour toute », il peut se charger des motifs graphiques et des nuances de couleurs les plus subtils. En un mot, l’univers pictural de Luzzati se retrouve intact dans ses films et c’est bien-là leur qualité la plus manifeste.

La singularité de leur démarche tient au choix du théâtre comme espace de référence. Dramaturgie et mise en scène inspirées du spectacle, avec ses jeux de rideaux et de coulisses, personnages empruntés à la comedia dell’arte et au théâtre de marionnettes, sujets et musiques d’opéra composent un univers de la représentation où la connivence du spectateur est recherchée dès les premières images et les premiers sons. Toute la poésie de Gianini et Luzzati se retrouve dans ces films : le théâtre d’une part, le merveilleux de l’autre dans une relation
d’interdépendance qui nous donne à percevoir l’essence de leur cinéma.

« Rossini leur va si bien… »
Cette trilogie dont chaque opus transpose à l’écran l’ouverture d’un opéra de Rossini, L’Italienne à Alger, Le Turc en Italie et enfin La Pie Voleuse. À aucun moment, il ne s’agit pour les réalisateurs de faire preuve d’une virtuosité démonstrative dans l’accompagnement visuel de la musique de Rossini : leur projet cinématographique est à l’opposé. Parce qu’elle procède de la dramaturgie musicale, l’écriture de Luzzati et Gianini est en elle-même chorégraphique. Voilà pourquoi Rossini leur va si bien ! Elle trouve-là sa cohérence finale, sa force d’évidence qui fait que l’oeuvre se livre toute entière au plaisir immédiat des couleurs, des rythmes, des sons, de la peinture presque naïve de paysages avec leurs arbres, leurs rochers, leur ciel bleu, leurs palais et leurs bateaux dansant sur les flots comme sur des lignes mélodiques ondoyantes, au graphisme déjà presque abstrait, proche de Norman McLaren. Mais ici la subversion de l’art s’énonce simplement : que l’on soit une pie voleuse, une italienne à Alger ou Polichinelle, il faut danser pour échapper à ses poursuivants.
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