La sortie de son nouveau film Jersey Boys est l’occasion de revenir sur l’un des films de l’une des périodes phares de Clint Eastwood. L’un de ses films les plus tendres : Un Monde Parfait.
Star de western puis de la ville de Dirty Harry, Clint Eastwood semblait avoir connu pendant les années 80 un certain déclin. Mais l’acteur-réalisateur a toujours réussi à renaître en abordant de nouveau thèmes à mesure qu’il avance en âge. Au début des années 90, il enchaîne à nouveau les succès publics et critiques avec Impitoyable puis Dans la Ligne de Mire. C’est alors qu’arrive à sa porte le scénario d’Un Monde Parfait écrit par John Lee Hancock (futur réalisateur du larmoyant Dans l’Ombre de Mary) destiné au départ à Steven Spielberg (ce qui n’est pas très surprenant lorsque l’on voit les thèmes développés par le script) qui aurait voulu Eastwood dans le rôle principal. Seulement Spielberg est alors très occupé (Jurassic Park et la Liste de Schindler sont en pleine production) et décline l’offre. Ce bon vieux Clint accepte alors de réaliser le film.
Un Monde Parfait raconte l’histoire d’un évadé de prison qui se retrouve en cavale accompagné d’un jeune garçon qu’il a pris en otage. Très vite les deux deviennent complices, s’influencent l’un l’autre, le môme trouvant un père de substitution alors que fuyard y voit peut-être une rédemption.
Alors que sa carrière vient d’exploser avec Danse avec les Loups, Robin des Bois et Bodyguard, c’est donc Kevin Costner qui est choisi pour interpréter le rôle principal de Butch à la condition qu’Eastwood tienne un rôle dans le film, forçant se dernier à prendre le rôle du flic qui le poursuit et avec qu’il il n’aura pourtant que peu de scènes en commun en dehors du final émouvant. Malgré quelques petites tensions sur le tournage à cause de caractères complètement opposés (Costner étant un perfectionniste alors qu’Eastwood préfère tourner rapidement), le film conserve tout ce qui en fait sa spécificité : son humanisme.
En effet, si certains film d’Eastwood comme les western ou Dirty Harry viennent parler d’auto-justice, ici le réalisateur traite au contraire de la rédemption de criminels auprès de l’innocence d’un enfant. Sans jamais verser dans le pathos ou dans les clichés (le fait de faire du gamin un témoin de Jéhovah est d’ailleurs un parti pris osé qui montre bien que le film se démarque du tout venant) , il trouve toujours de bons moyens de parler de la vie, de tolérance, de pardon et de l’humanité qu’il y a en chacun de nous, chaque personnage réfléchissant d’ailleurs aux frontières entre le bien et le mal.
Le film dégage d’ailleurs d’autres belles images comme cette idée de voiture permettant de voyager dans le temps ou les différentes rencontres du duo. Le road trip devient alors très attachant, d’une tendresse désarmante jusqu’au final. Clint Eastwood, loin de la violence de certains films nous offre donc une oeuvre humaniste toute en retenue avec autant de scènes à suspense ou d’action que de scènes intimistes touchantes. Il faut dire que les acteurs sont tous parfaits pour transmettre leurs émotions et faire de cette fable une vraie réussite.
Cette fibre émotionnelle sera alors un nouveau succès en salles et critique pour Clint Eastwood qui continuera dans la veine romantique avec sur la Route de Madison tandis que Costner ira lui du côté du western avec Wyatt Earp. Mais pour longtemps, Butch et son ami le gentil fantôme resteront en mémoire.