Du 11 au 17 juin s’est donc tenu pour la 3e année le Champs-Elysées Film Festival, pour célébrer le cinéma sur la plus belle avenue du monde. Une sélection regroupant film américains indépendants en compétition, des avant-premières et rencontre, voilà le résumé de ce que nous avons pu voir mais aussi le palmarès auquel nous avons participé en tant que membre du jury.
Mettons tout de suite fin au suspense et découvrons donc le palmarès et ses 5 prix avant de revenir ensuite un peu plus en détails sur les films en compétition :
- Prix du Public pour le Meilleur Court-Métrage Américain: The Coin de Fabien Martorell
- Prix du Public pour le Meilleur Court-Métrage Français La Curée de Emmanuel Fricero
- Prix du Jury Étudiant dans la section Les Incontournables TCM Cinéma, remis par par le président du Festival Bertrand Tavernier à L’Incident de Larry Peerce
- Prix du Jury Blogueur (dont nous faisions donc partie) : American Promise de Michèle Stephenson et Joe Brewster
- Prix du Public du Meilleur Long-Métrage Indépendant Américain par le public : Fort Bliss de Claudia Myers, remis par la présidente Jacqueline Bisset
La sélection des 9 films en compétition était assez éclectique cette année avec autant de drames que de comédies, des documentaires et un petit film d’horreur. Ainsi, nous avons du subir le désespérément bavard et peu horrifique Summer of Blood, l’insupportable hystérie de See You Next Tuesday et l’obscure non direction de the Magic City.
Mais le festival nous a fait découvrir aussi des plus plus intéressants comme le documentaire Rich Hill revenant sur certaines difficultés de la jeunesse américaine (déjà vues) avec une belle photographie et quelques personnages touchants, Sun Belt Express et son approche humaine touchante
et son recul avec humour sur l’immigration clandestine mexicaine,ou la sympathique comédie romantique traitant aussi d’avortement Obvious Child.
Toutefois, 3 films se détachaient nettement du lot. Le premier d’entre eux, 1982, plongeait avec beaucoup de pudeur dans le quotidien d’une famille détruite par la drogue. Une ambiance d’époque, des acteurs pas parfaits mais investis, un thème bien exploré. Avec plus de moyens et d’expérience,le réalisateur Tommy Oliver pourrait donc faire de belles choses à l’avenir.
Le second, American Promise est un long documentaire d’une mère sur 13 ans de la vie de son fils et de son ami pour montrer alors les difficultés de l’éducation, à la fois pour des afro-américains dans un environnement scolaire habitué aux wasps mais aussi la pression scolaire et des parents. Le film fait maintenant le tour du système éducatif américain et, même si il n’est pas neutre, se révèle assez original et intéressant pour être mis en avant, c’est pourquoi, au jury blogueur, nous l’avons récompensé.
Et puis il y avait Fort Bliss de Claudia Myers. Une réalisation et un thème proche de Kathryn Bigelow pour raconter le retour au foyer d’une femme médecin militaire qui doit réapprendre à vivre avec son fils tout en devant refréner ses automatismes de l’armée. Avec un scénario intense, des personnages fouillés, il s’agissait clairement du film le plus abouti et émouvant de la compétition et on espère qu’il trouvera un distributeur.
A côté de ces 9 films en compétition on a tout de même pu regarder quelques autres films américains en avant-première. Ainsi était présenté Locke avec Tom Hardy bloqué au téléphone dans sa voiture pendant la nuit la plus longue de sa vie. Le film-concept dure 1h25 mais sa réalisation a du mal à décoller. On ne peut alors se reposer que sur la performance de son acteur pour palier l’histoire au fond assez peu intéressante et son absence de rythme. Dommage car sur le papier, c’était plus prometteur.
On a également pu découvrir le nostalgique Ping Pong Summer qui replongeait de manière touchante dans l’adolescence en vacances des années 80. Rempli d’innocence et avec Susan Sarandon en mentor, c’était plutôt plaisant à suivre, même on ne lui prédit guère plus qu’une carrière en vidéo.
Dans le cadre des séances dédiées aux enfants, nous avons aussi découvert la suite très attendue de Dragons. Nous y reviendrons plus en détails dans une critique dédiée mais vous pouvez déjà savoir que le film est simplement fantastique, à la fois épique et émouvant, un véritable récit d’aventures prenant, une grande réussite.
C’était aussi l’occasion de découvrir le nouveau film de Clint Eastwood qui adaptait le musical Jersey Boys lui-même inspiré de la vie de Frankie Valli et des Four Seasons. Si le film est évidemment un parallèle avec la vie du réalisateur qui s’approprie donc le sujet pour en faire un film bien plus personnel qu’un simple biopic musical, il est toutefois empâté par une réalisation très statique et un rythme qui ne prend jamais, un essai de style scorsesien mal amené, un flashback inutile et d’autres défauts qui font penser que le respectable papy Eastwood devrait maintenant penser à raccrocher la caméra (et ce, depuis son dernier grand film, Gran Torino). Le film est intéressant mais ne nous emporte jamais, à part lors de son générique final. Et puis un film musical avec Christopher Walken sans voir le comédien danser, c’est toujours dommage.
Enfin, en clôture, il y avait le Procès de Viviane Amsalem de Ronit et Shlomi Elkabetz revenant dans un huis clos sur les difficulté du divorce en Israel pour les femmes juives puisque seul le mari peut l’autoriser. Nous voilà donc isolé dans un tribunal avec ces personnages qui se retrouvent de multiples fois au long des 5 années sans qu’une décision ne puisse être prise, poussant Viviane à bout … et le public également. Car si le jeu des acteurs est prenant, le principe du film est assez usant et la répétition commence rapidement à nous irriter. C’est certes le but recherché pour nous faire comprendre la situation dans laquelle se retrouve cette femme, entre grotesque et révolte mais son abus devient au bout d’un moment assez ridicule. Une expérience radicale pour terminer le Festival qui nous aura donc proposé de belles découvertes cinématographiques.