Culte du dimanche : Tesis

Culte du dimanche : Tesis

A l’occasion de sa sortie en bluray 18 ans après avoir fait sensation sur les écrans espagnols, retournons dans l’horreur de la fac de ciné du premier film d’Alejandro Amenabar : Tesis.

Culte du dimanche : TesisAlors qu’aux Etats-Unis Scream renouvelle le slasher en 1996, l’Espagne a aussi droit à sa petite révolution cinématographique quand sort au même moment Tesis. Cela pourrait paraître anecdotique mais avec le recul que l’on a aujourd’hui, on peut se dire que le film était le précurseur de beaucoup de choses pour le genre. Pourtant à l’époque, le jeune Alejandro Amenabar n’était pas le plus studieux des élèves de sa fac de ciné mais il s’est exercé avec soin sur deux courts-métrages avant de s’attaquer avec peut de moyens à son premier long qui poursuit les thèmes de son essai Himenóptero.

Dans Tesis, il plonge une jeune étudiante en cinéma, en pleine thèse sur la violence des images, dans une affaire de snuff movie (des films de torture où tout ce qu’il se passe à l’écran est réel) qui aurait commencé il y a quelques années dans sa fac. Après la mort de son tuteur de thèse, elle va comprendre que, plus elle avance dans l’enquête, plus elle prend des risques.

Culte du dimanche : Tesis

Evidemment, Tesis peut se regarder comme un simple thriller plutôt efficace pour un premier film. Certes il a encore des défauts dans la direction d’acteurs ou la composition de certains cadres, sans oublier une musique maintenant un peu datée (et le réalisateur admet lui-même ces défauts), mais l’histoire forcément influencée par Hitchcock et De Palma est tout de même intéressante à suivre avec un suspense qui ne fait que grandir, des séquences très efficaces (comme ce couloir plongé dans le noir) et le final bourré de coups de théâtre trouve la parfaite conclusion à son histoire macabre.

Culte du dimanche : Tesis

Pourtant, avec Tesis, Alejandro Amenabar aborde, peut-être même inconsciemment d’autres thèmes. Ainsi on y retrouve la figure de la mort qui le poursuivra pendant ses films suivants (que ce soit a mort virtuelle d’Ouvre les Yeux, l’après-mort de Les Autres, la mort proche de Mar Adentro ou encore les questionnements philosophiques de Agora). Mais Tesis permet d’une certaine manière au réalisateur de faire un point sur ses années de fac qu’il venait de vivre tout en critiquant la violence au cinéma ou à l’écran d’une manière générale, notre obsession pour les images insoutenables qu’on ne peut s’empêcher de regarder et proposant alors une nouvelle alternative pour montrer que l’Espagne peut avoir de bons films de genre destiné à un public plutôt large.

Culte du dimanche : Tesis

Et le public espagnol ne s’y est pas trompé, faisant de Tesis un véritable succès dans les salles catalanes puis dans les différents festivals auxquels il participera. Il faut dire que le film réussit à bien poser son ambiance et son mystère tout en s’inscrivant parfaitement dans son époque des 90′s et des questionnements étudiants d’alors. Les critiques seront aussi au rendez-vous et la consécration viendra même des Goyas (les César espagnols) qui récompenseront le film à 7 reprises (dont meilleur film, nouveau réalisateur et scénario original). Des Goyas qui n’hésitent donc jamais à récompenser des films de genre. Alors non content d’avoir révélé Eduardo Noriega, le réalisateur Alejandro Amenabar peut vraiment envisager sereinement sa carrière qui s’exportera même à l’international tout en restant proche de ses origines espagnoles (Les Autres et Mar Adentro seront aussi récompensés au Goyas).

Culte du dimanche : Tesis

Plus qu’une reconnaissance et une incitation personnelle à continuer, le succès de Tesis conjugué à l’éclosion de la carrière de son compatriote Alex de la Iglesia vont permettre de voir quelques années plus tard l’émergence d’une véritable nouvelle vague de réalisateurs talentueux qui vont redonner au cinéma de genre espagnol ses lettre de noblesse, en faisant l’un des plus passionnants à suivre. Ainsi Alejandro Amenabar a tracé le chemin de Juan Antonio Bayona, Jaume Balaguero, Paco Plaza et autres Juan Carlos Fresnadillo … on rêverait bien qu’il se passe la même culture du cinéma de genre grand public et aussi exigent en France.