Avec la sortie de the Amazing Spider-Man 2 et devant les excellentes éditions du concurrent Urban Comics, Panini a eu la bonne idée d’inaugurer une nouvelle collection dédiée aux arcs des grands auteurs sur les héros Marvel avec la première partie du run de JM Straczyski et John Romita Jr sur l’homme-araignée. Une histoire passionnante dans laquelle nous avons plaisir à replonger !
Ainsi, dans la première histoire, Spider-Man fait la connaissance d’Ezekiel qui remet en doute l’origine de ses pouvoirs. Ceux-ci ne seraient pas dus à la radioactivité de l’araignée qui l’avait piqué il y a des années mais à l’araignée elle-même. Il met ainsi en évidence l’identité et l’origine totémique de Spider-Man et de ses ennemis en commençant à poser des questions dont nous aurons les réponses plus tard, distillées tout au long de son run. Car avec Ezechiel, c’est un nouvel ennemi qui apparaît, sorte de vampire qui s’abreuve de l’âme des entité totémiques justement. Le combat qui s’en suit entre Spidey et Morlun est l’un des plus difficile qu’aura à mener notre héros et en quelques épisodes, Straczynski nous aura fait frissonner comme rarement !
En plantant ainsi les graines de la mythologie qu’il va explorer tout au long de son run, le scénariste nous montre tout de suite quelle direction il va prendre et nous embarque adroitement aux côté de Peter. D’autant plus qu‘il révolutionne l’entourage du héros en faisant en sorte que Tante May découvre enfin son secret. Les rapports entre les personnages s’en retrouvent chamboulés et créent une nouvelle dynamique intéressante. May n’est alors plus la vieille femme toujours à l’article de la mort mais une battante qui va aider de son mieux son neveu dans son combat. D’autant plus que Straczynski cherche à rapprocher à nouveau Peter de MJ. Non seulement il va explorer un côté mystique du personnage mais en plus, il va donc s’intéresser à son côté profondément humain et attachant qui a fait son succès depuis ses débuts d’une manière particulièrement touchante qui a souvent été oubliée devant le déluge d’action ou de sentiments de soap artificiels.
Les deux autres histoires du volume portent également toutes deux la patte de l’auteur et des discours qu’il souhaite aborder. Dans la seconde il plonge Peter Parker dans un collège qui a bien besoin d’aide. Il va donc donner un coup de main à des élèves défavorisé qui vivent entre la rue et la drogue. Straczynski aborde ainsi une dimension sociale qui lui tient à coeur comme il a pu le montrer dans Midnight Nation. La 3e est quand à elle l’occasion d’un voyage à Hollywood où Spidey devra reconquérir MJ tout en affrontant le Dr Octopus et un nouveau venu, l’occasion pour l’auteur de distiller quelques piques sur ses expériences infructueuses avec les grands studios.
Et entre toutes ces histoires, il y a le récit culte que Straczynski avait dédié aux attentats du 11 Septembre 2011 en tenant un poignant discours humaniste, remettant alors en perspective le rôle des super-héros avec celui des véritables héros de cette journée, les habitants, forces de l’ordre et des secours. Sans américanisme primaire ou désir de vengeance, il invite ici à l’unité. Une telle preuve de recul alors que l’histoire a été publiée juste un mois après la catastrophe est bien le signe que l’auteur sait écrire et réfléchir avec intelligence.
Si j’ai beaucoup parlé de JM Straczynski, il ne faut pas oublier non plus le travail réalisé par John Romita Jr aux dessins. Loin de ses gros traits assez brouillons d’aujourd’hui, il avait alors un style plus fin avec une vrai sens du storytelling. Grâce à lui, le titre développe encore plus sa personnalité et met bien en avant ses personnages, autant que les scènes d’actions sont prenantes. Il faut dire que le dessinateur bénéficie d’un encrage et de couleurs de premier choix grâce à Scott Hanna et Dan Kemp qui ont parfaitement comprit le sens de ses dessins et les mettent bien en valeur pour achever de nous offrir un récit formidable à suivre et devenu culte, même si Marvel a voulu ensuite effacer tout ce qu’a exposé l’auteur.