Cet été, Le Comoedia vous propose de redécouvrir des classiques du cinéma en copie neuve restaurée. A partir du mercredi 9 juillet, deux films de René Alio seront à l’affiche : La Vieille dame indigne et Rude journée pour la reine.
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La Vieille dame indigne
De René Allio
Avec Sylvie, Malka Ribowska, Jean Bouise.
France. 1965 – 1h34
Date de reprise 9 juillet 2014
Synopsis
À Marseille, Madame Bertini se retrouve seule à la mort de son mari. Tous ses enfants sont mariés et dispersés dans la région, comme Gaston qui a réussi dans les affaires.
Seul le maladroit Albert est resté à Marseille. Entre amour filial et intérêt pour l’héritage, ses deux fils aînés cherchent à accaparer leur mère. Mais elle décline leur invitation. Avec le peu d’argent reçu des ventes de l’imprimerie familiale et des biens qui avaient constitué son quotidien jusqu’alors, elle s’achète une petite voiture et, sous les yeux éberlués de son petit- fils Pierre, part à l’aventure en compagnie d’une jolie serveuse, Rosalie, jeune femme libre, pour laquelle elle s’est prise d’amitié…
« On réunit toute la famille pour [un] enterrement, et René Allio nous en fait un tableau, par petites touches, qui est admirable par sa justesse de ton. D’ailleurs tout le film est plein de finesses, de détails justes où les objets aident à comprendre une âme. Cela se passe près de Marseille, mais n’attendez pas du pittoresque, simplement de la vie toute simple chez des gens simples, avec ses petits drames et ses petites révolutions. » Michel Duran, le 31 mares 1965 pour Le Canard enchaîné
A propos du film
La Vieille dame indigne est le premier long-métrage du réalisateur René Allio. Il avait auparavant réalisé un court-métrage, "La Meule", avec Jean Bouise et Henri Serre, sorti en 1962.
La Vieille Dame indigne modernise à Marseille une nouvelle de Brecht tirée des Histoires d’Almanach. Dans ce film, René Allio compose des personnages complexes, comme Madame
Bertini, qui peut vendre tout son mobilier sans le moindre sentimentalisme pour acquérir une petite deux-chevaux et partir en voyage avec la belle Rosalie (Malka Ribowksa), femme émancipée, qui refuse de se voir assujettie par un monde dominé par les hommes.
La bande originale du film fut écrite par Jean Ferrat. Le morceau du générique, "Loin", lui doit les paroles, la partition mais c’est également lui qui l’interprète dans le film, de même que "On ne voit pas le temps passer". C’est cependant Victor Lanoux qui jouera le troisième morceau "Tu ne m’as jamais quitté".
Extrait d’un entretien de René Allio (source Shellac Distribution)
[…] Vous avez choisi d’adapter Brecht. Est-ce simplement parce que l’histoire vous tentait, ou est-ce en plus une approche de l’auteur et de ses théories ? […]
"Bien sûr, la personnalité de Brecht me séduit beaucoup. J’ai travaillé sur son oeuvre au théâtre, j’ai été très influencé parce qu’il a fait, par ce qu’il a écrit. Disons que je fais partie de ces gens
qu’ on appelle les brechtiens. Mais c’est d’abord que cette histoire m’a séduit, qu’elle a éveillé en moi des souvenirs personnels, familiaux.En la lisant, je me suis dit immédiatement : quel merveilleux film. Je crois le film fidèle à la nouvelle, mais je suis aussi certain d’y avoir mis beaucoup de choses personnelles, sur mon métier, sur mon travail. Je pense évidemment que c’est un film fidèle à l’esprit de Brecht… Cela dit, il existe sans doute une esthétique cinématographique qui pourrait correspondre à ce que Brecht cherchait au théâtre. Mais je ne crois pas qu’elle consiste à transposer tout bêtement au cinéma les formes, les approches, les solutions que Brecht avait trouvées au théâtre… On peut bien sûr imaginer un cinéma avec des songs, des cartons. Mais c’est une idée un peu primaire… Il faudrait plutôt une identité d’approche au niveau de ce qu’on aime, de ce qu’on choisit, mais sans reprendre les solutions. Les formes viendront après, et d’elles-mêmes."
Quand vous avez lu la nouvelle, c’est donc le caractère radical du changement de la vieille dame qui vous a séduit.Oui, et en outre elle a éveillé des résonancessentimentales.
Mes deux grand-mères ont eu des desseins analogues. L’épisode du brocanteur n’est pas dans la nouvelle, il vient de ma grand-mère maternelle qui, après la mort de son mari avait revendu tous ces outils, pour donner une nouvelle physionomie à son intérieur. Le personnage de la vieille dame me plaisait donc autant pour des raisons affectives que pour sa signification.
Fiche technique
- Réalisation de René Allio
- Assistanat de réalisation : Jean Michaud, Nicolas Ribowski
- Scénario et dialogues René Allio avec la collaboration de Gérard Pollicand d’après l’œuvre originale de Bertolt Brecht
- Production SPAC – Société de Participation Artistique et Commerciale
- Distribution d’origine CFDC
- Direction de la production : Maurice Urbain
- Direction de la photo : Denys Clerval
- Son : Antoine Bonfanti, Robert Cambourakis, Jacques Maumont
- Compositeur :, auteur et interprète des chansons originales Jean Ferrat
- Décors : Hubert Monloup
- Montage : Sophie Coussein assistée de Christiane Lack
- Coopération technique : Jean Ravel
- Photos de plateau : Claude Schwartz
Distribution
- Madame Bertini : Sylvie
- Rosalie : Malka Ribowska
- Pierre : Victor Lanoux
- Albert : Étienne Bierry
- Alphonse : Jean Bouise
- Gaston : François Maistre
- Charles : Jean-Louis Lamande
- Simone : Pascale de Boysson
- Ernest : Armand Meffre
- Robert : Robert Bousquet
- Dufour : André Thorrent
- Charlot : Pierre Decazes
- Lucien : André Jourdan
- Rose : Jeanne Hardeyn
- Victoire : Léna Delanne