Cet été, Le Comoedia vous propose de redécouvrir des classiques du cinéma en copie neuve restaurée. A partir du mercredi 15 juillet, un chef d’oeuvre de Jacques Tati : Play Time
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PlayTime
De Jacques Tati
Avec Jacques Tati, John Abbey, Barbara Dennek
France, 1967, 2h05
Date de reprise, 15 juillet 2014 (copie restaurée)
Synopsis
Un groupe de touristes américaines débarque à Paris pour visiter la capitale. Pendant ce temps, M. Hulot se rend dans les bureaux d’une grande entreprise pour y passer un entretien, mais finit par se perdre dans l’immensité du bâtiment. Au gré de ses déambulations et de ses rencontres, M. Hulot va se trouver embarqué dans ce Paris ultramoderne où sa route croisera immanquablement celle des Américaines…
« Je l’adore absolument. Je crois que c’est peut-être le plus grand cinéaste du monde. PlayTime, c’est gigantesque, le plus grand film qui ait jamais été tourné sur les temps modernes. » Marguerite Duras
A propos du film
Avec ce quatrième long-métrage sorti sur les écrans en 1967, Jacques Tati signe son oeuvre la plus ambitieuse. C’est lors de la tournée de son précédent film, Mon Oncle, que le cinéaste a l’idée de réaliser cette satire joyeuse et incisive dépeignant une société globalisée et superficielle où particularismes culturels et rapports humains se font de plus en plus rares.
La Tativille
Dans l’incapacité de tourner cette histoire d’Une grande ville en décors réels, Tati et son équipe de production décident de faire construire ce que l’on appellera "Tativille" reproduisant du côté de Joinville-le-Pont (Val-de-Marne) une ville à l’architecture ultramoderne avec "des tours à 50% de hauteur".
Les décors se composaient de répliques d’immeubles tout en verre et en acier, de différentes tailles pour jouer sur les effets de perspectives et possédait sa propre mini-centrale électrique, pouvant alimenter l’équivalent d’une petite commune, ainsi que son réseau d’eau et de chauffage dans les immeubles.
La réalisation du projet PlayTime s’avère extrêmement longue, sept années de production en tout, et beaucoup plus coûteuse que prévu, contraignant Tati à hyopthéquer sa maison et les droits de l’ensemble de ses oeuvres.
De multiples versions du film
Echec critique, petit succès public (400 000 entrées à Paris), la durée du film est plusieurs fois modifiée sous la pression de la production. Des 2h33 initiales lors de la première du film (présenté avec entracte, au grand dam de son créateur), le film passe par diverses durées – atteignant un pic de 2h50, se réduisant ensuite à 2h15 (deux copies conservées par les Cinémathèques de Lausanne et Toulouse, en très mauvais état) pour finalement atteindre les 2h05 (durée de la version restaurée).
Aux Etats-Unis, les coupes exigées par les distributeurs sabordent le film qui sort dans l’indifférence générale, alors que Monsieur Hulot est pourtant une star reconnue outre-Atlantique.
Un portrait sans concessions de la France des années 60
Tati trace un portrait sans concessions de la France des années 60, Hulot/Tati s’inquiète 35 ans avant tout le monde de l’uniformisation de l’architecture, de la réification de nos vies, du rôle grandissant de la télévision ou encore de l’influence de la société de consommation sur nos existences…
Les Parisiens de Playtime ont perdu toute fantaisie dans un monde bétonné, leurs vies ont un destin tout tracé (voir les mouvements saccadés et rectilignes de tous les personnages durant la première heure du film). Playtime, quatrième film de Tati, célèbre le bonheur de vivre en communauté, et sacralise le désordre, le contact et la chaleur humaine comme remèdes à des vies trop bien rangées.
Un échec financier
Après le tournage ruineux et l’échec commercial de Playtime, Jacques Tati fit faillite. Ses films furent saisis jusqu’à ce que le réalisateur trouve des partenaires financiers, en 1976. Il leur cèdera la majorité des droits. Suite à ce film, il fut aussi forcer de vendre sa maison de Saint-Germain en Laye pour recouvrir ses nombreuses dettes. Et bien qu’il fut récompensé en festival (à Stockholm, Moscou, Paris et Vienne), il fut impossible à Tati de le rentabiliser : le tournage avait duré près de trois ans et le film fut mal distribué du fait de son format et de sa longueur inhabituel. Après cela, Tati revint un moment au music-hall et à son spectacle "Impressions sportives" avant de retourner derrière la caméra en 1969 avec Trafic.
PlayTime est aujourd’hui considéré comme le grand chef-d’œuvre d’avant-garde du maître du burlesque français, loué tant par l’Américain David Lynch que par le Finlandais Aki Kaurismäki.