[Critique] The Face of Love réalisé par Arie Posin

Par Kevin Halgand @CineCinephile

"Nikki est veuve depuis 5 ans. Un jour, elle tombe sur le double parfait de son mari défunt. Envahie par son trouble, elle décide de le séduire."

Projeté pour la première fois en septembre 2013 à l’occasion du Toronto International Film Festival et du Vancouver International Film Festival, The Face of Love est enfin arrivé jusqu’à nos salles françaises le mercredi 16 juillet 2014, soit tout de même dix mois après sa première projection et neuf après sa sortie canadienne comme espagnole. Seconde réalisation d’Arie Posin après l’inconnu Génération Rx qui réunissait tout de même à l’écran Glenn Close, Justin Chatwin et Jamie Bell, on aurait espéré qu’avec ce nouveau film, le réalisateur américain aurait enfin réussi à se faire un nom et par la même occasion, trouvé son public. Malheureusement, les choses semblent très mal engagées, puisque le film a seulement engrangé 300.000 dollars de recettes aux États-Unis en un mois (contre un budget de 4 millions de dollars…) et vient de sortir dans l’indifférence générale en France. Ayant comme concurrence principale un certain Transformers L’Age de L’Extinction, film qui rempli les salles sans gros problèmes, The Face of Love n’avait pas grande chance, que ce soit d’un point de vue promotionnel comme recettes (disponible dans 55 salles en France, même si le public ciblé n’est pas le même, ça joue énormément sur la visibilité du film).

Drame romantique dans la veine du film de François Ozon : Sous le Sable ou plus proche de nous, du film de Michael Sucsy : Je Te Promets (The Vow), The Face of Love raconte l’histoire de Nikki (Annette Bening), qui cinq ans après la mort par noyade de son mari, se retrouve face à son double parfait. "Que faire dans ce cas là ?" "Faut-il tenter de l’approcher ?" et surtout "Est-ce bien une autre personne ?". Contrairement à beaucoup de scénario qui décident de plonger le spectateur dans le doute en leur faisant se questionner au sujet de la réelle identité de l’homme mystérieux (Était t-il vraiment mort ? Qui est-il vraiment ?…), celui de The Face of Love laisse ne cherche pas à aller vers ce côté machiavélique et manichéen, pour tenter de sortir des sentiers battus et offrir aux spectateurs une histoire d’amour entre deux personnes qui commencent à prendre de l’âge et qui ont connus quelques de déboires dans leurs vies amoureuses respectives. C’est seulement pour garnir cette histoire d’amour, qu’Arie Posin (scénariste en plus de réalisateur) utilise le passé amoureux de Nikki et le fait que son premier mari fût le sosie parfait de son nouvel amant. Cette technique est intelligente, car ça permet d’avoir un film qui en plus de sa romance habituelle et finalement convenue, ce permet de poser des questions sur l’envie première de Nikki et sur les dangers de vouloir à tout prix former à nouveau une famille qui n’est plus. Peut-on prendre une nouvelle personne et la faire devenir celle qu’on veut ? La problématique est intéressante et demanderait plus de quatre heures pour réussir à formuler une réponse correcte, mais le scénario manque cruellement d’ambition pour parvenir à répondre à cette question.

Le scénario avance, les personnages évoluent devant les yeux des spectateurs, tout comme leur relation, mais tout cela n’est que poussière dans un nuage de fumée. Loin d’être caricaturaux grâce à de remarquables performances d’acteurs, les personnages sont attachants et on leur souhaite du bonheur (ce qui nous permet de revenir à notre problématique), mais le scénario ne fait qu’effleurer ce bonheur. À aucun moment, le scénariste n’ose prendre parti et ne décide de dire si Nikki a raison de faire ce qu’elle fait ou non. Ça manque d’audace, de panache et qui plus est d’originalité, car en plus d’un scénario frustrant, le film se permet d’avoir une réalisation plate, au cadrage légèrement laborieux et une mise en scène qui ne nous parle pas. Le but de la mise en scène est de faire parler les personnages sans même qu’ils aient à prononcé le moindre dialogue. Arie Posin se contente de faire réciter les dialogues sans essayer d’inculquer une quelconque émotion sans avoir à passer par le dialogue ou les interprétations des acteurs. Néanmoins, le film dispose d’une bande sonore remarquable, qui en plus d’ajouter du dynamisme au récit, incrémente le tout d’émotions positives comme négatives. Marcelo Zarvos, Ed Harris, Annette Bening et Robin Williams. Voici le quatuor qui porte ce film et qui réussit à embarquer le spectateur, non sans mal, au travers de ce récit gentillet, aux problématiques intéressantes, mais aux combien sous-exploitées. The Face of Love est un film qui possède une bonne base, mais qui finalement est ni fait, ni à faire.