"FASTLIFE : aller toujours plus loin, plus vite, pour briller aux yeux des autres : telle est la devise de Franklin. Franklin est un trentenaire mégalomane obnubilé par l’envie de briller à n’importe quel prix. Il devra choisir entre devenir un homme ou continuer à vivre la Fastlife."
Acteur, co-scénariste, co-réalisateur du film Case Départ en 2010, acteur et co-scénariste du film Le Crocodile du Botswanga en 2012 et maintenant acteur, réalisateur, scénariste et dialoguiste du film FastLife, si ce n’est pas vivre la vie rapidement, je ne sais pas ce que c’est. Pour son premier film sans son compère Fabrice Éboué, Thomas Ngijol a choisi de parler d’un phénomène de société auquel on fait face chaque jour grâce ou à cause des médias. Certains acteurs, chanteurs ou sportifs sont des personnalités qui vivent la FastLife. Ils ont une mauvaise image auprès de certains, alors que d’autres les idolâtres alors que finalement ils n’ont réalisé qu’un simple exploit dans leur vie, exploit qui leur est monté à la tête au point qu’ils arrivent à penser qu’ils ont tous les droits et aucun devoir. Ce genre de personnalité n’est qu’une image à nos yeux, image qui très souvent provient des médias qui prennent un malin plaisir à jouer avec leurs marionnettes télévisuelles. On ne le voit pas au premier abord, mais le plus grave dans tout cela réside dans le fait de savoir si eux-mêmes se rendent compte de cette image négative qu’ils peuvent donner.
FastLife est un film au propos de base intéressant puisqu’il se doit d’utiliser cette image que l’on a de certaines personnalités et l’on pourrait aisément qualifiée de "clichée", dans le but de la démonter, d’en rire et de dire qu’au fond il ne s’agit ni plus, ni moins que de personnes comme vous et moi, auxquels un évènement à fait que leur égo est devenu surdimensionné. C’est finalement assez simple et sur le papier ça semble faisable, surtout pour un humoriste qui baigne dans ce milieu, mais malheureusement, Thomas Ngijol c’est fait dépassé par son scénario à partir du moment où il a fait de son FastLife, un film média (plus de placements de produits que chez Michael Bay) à travers lequel il ne fait qu’amplifier l’avis du spectateur sur ces personnalités tant décriées. Franklin (Thomas Ngijol) est un coureur qui a réussi à se qualifier pour les Jeux Olympiques une fois dans sa vie et qui durant cette période, fut porté tel un emblème national pour la France, par les médias. On en revient toujours à la même chose : les médias. Ce sont eux qui dictent leur image et qui réussissent ou non à faire en sorte que leurs vies respectives deviennent petit à petit cette image s’ils ne s’y sont pas préparés psychologiquement. Jeune, Franklin aime que l’on parle de lui en bien et en profite de cette image jusqu’à ce qu’elle lui explose au visage. La montée est facile, mais plus elle est rapide, plus la chute est douloureuse. Franklin va s’en rendre compte à ses dépens et même si le spectateur ressent tout cela durant le film, le scénario n’ose jamais développer son sujet et en faire un sujet sociétal. Ne dépassant jamais le stade de la simple comédie de potes, FastLife ne gagne jamais en profondeur, même lorsque le personnage principal tombe plus bas que terre. Au lieu de le soulever, il continue de l’enterrer en cherchant sans cesse un ton comique, qu’il trouve de moins en moins au fur et à mesure de l’avancement du film, contrairement à certains réalisateur qui avaient compris qu’il fallait faire naître de l’empathie et lier le personnage au public avec une prise de conscience non pas instantané, mais sur la durée (cf : Paris à Tout Prix réalisé par Reem Kherici).
Débutant de très belle manière, le film propose quelques répliques savoureuses, disséminées ici et là dans le but de montrer au spectateur que Franklin n’est rien de plus qu’un athlète qui a eu son heure de gloire, mais qu’il doit raccrocher les crampons. C’est une bonne chose et c’est surtout bien écrit puisqu’on en rigole, mais à partir du moment où le spectateur se rend compte que Franklin ne prend pas conscience de ce mal-être qui lui fait face à chaque instant, le scénario devient maladroit et le spectateur est clairement mal à l’aise. On en viendrait, presque à avoir pitié de cet homme qui se croit, être supérieur à tous, mais qui au final n’est plus rien. Sans la touche Fabrice Éboué au scénario (ou même à la réalisation et à la mise en scène qui sont ici simplistes et aseptisées), Thomas Ngijol n’est plus grand-chose, et ce, malgré une envie de bien faire qui se ressent très clairement, même chez les acteurs qui essayent d’ajouter de la folie à leurs personnages (Olivier Marchal est détonant en éleveur de poulet fan de Dick Rivers). Une envie de bien faire qui finalement ne donne rien de plus qu’un propos initial gâché, mais néanmoins bien utilisé à des fins humoristiques dans une première partie qui ne tourne pas à vide et propose quelques piques de rire, avant de sombrer dans une seconde, puis troisième partie (le retour aux sources) prévisible, inintéressante et maladroite. Il est dommage de voir qu’un humoriste de qualité (pour celui qui aime son humour bien entendu) comme Thomas Ngijol, s’ensevelisse sous un surplus de projets qui finalement ne devrait pas tous voir le jour. Il souhaite dénoncer la FastLife, mais fait tout le contraire en prouvant qu’il est lui-même tenu par cette envie d’aller toujours plus vite, pour en faire toujours plus et rester sur la devanture des cinémas et dans la tête des spectateurs.