L’été, la fin des études, le départ vers une nouvelle vie, les soirées, la drague en voiture et les drive-in des années 60. Voilà l’esprit du film culte American Graffiti de George Lucas.
Après THX1138 qui, malgré ses qualités aujourd’hui reconnues, se révéla être un gouffre pour leur société indépendante American Zoetrope, George Lucas et Francis Ford Coppola ne laissent pas tomber leur envie d’indépendance du système hollywoodien. Le réalisateur du Parrain va alors à nouveau produire Lucas qui s’oriente cette fois dans un genre bien différent et beaucoup plus réaliste et positif, celui de la chronique adolescente.
En grande partie autobiographique, American Graffiti replonge donc dans la fin de l’adolescence du début des années 60, alors que l’état d’esprit est toujours positif pour les Etats-Unis qui ne souffrent pas encore de l’assassinat de Kennedy ou de la guerre du Vietnam. Il va suivre trois personnages qui se demandent bien ce qu’ils vont pouvoir faire après leurs vacances : rester en ville, poursuivre leurs études dans une lointaine université et s’éloigner de leurs amis, trouver l’amour… des questions simples qui vont trouver pour chacun une réponse dans cette nuit qui sera racontée.
D’emblée, Lucas nous plonge dans cette époque grâce aux décors des années soixante mais surtout à la bande-son qui nous bercera pendant tout le film. En effet, puisque nous serons presque toujours en voiture, la BO sera celle de l’autoradio qui diffuse donc pléthore de titres de l’époque, de Buddy Holy aux Beach Boys en passant par Chuck Berry. L’ambiance prend donc rapidement, d’autant plus que l’on s’attache facilement à ces 3 personnages qui nous font découvrir en une nuit toutes les petites choses qui font leur vie : les courses de voiture, la drague au drive-in, les serveuse en patins à roulettes, les maladresses des relations amoureuses, les méfaits des blousons noirs ou l’envie de frauder pour avoir un peu d’alcool.
Et pour camper ces ados, Lucas choisi des comédiens débutants qui feront parler d’eux par la suite, en particulier Ron Howard à qui il confiera plus tard la caméra de Willow ou Richard Dreyfuss qui jouera plus tard dans les Dents de la Mer de son ami Spielberg, sans oublier le petit rôle d’un Harrison Ford débutant avant de devenir ensuite la superstar de Lucas avec Star Wars et Indiana Jones. Tous sont au service de cette histoire nostalgique d’une insouciance que l’on ne retrouvera plus ensuite dans la jeunesse américaine qui va perdre ses repère. Et pourtant le film se regarde encore très bien car il évoque toujours des thèmes intemporels sur ce que l’on va faire après le lycée, ce que vont alors devenir les amours et les amitiés qui y sont nés.
En ce sens, American Graffiti est une chronique adolescente qui passe bien les années tout en étant un témoignage intéressant, honnête et sincère de la jeunesse des années 60. Et le public ne s’y est pas trompé en lui faisant un très bel accueil au box-office, lui permettant même de devenir un film générationnel. Un accueil partagé par la presse qui récompensera le jeune réalisateur aux Golden Globes (meilleure comédie). Et c’est grâce à ce beau succès que George Lucas a pu réussir à négocier de réaliser sa saga intersidérale.